- Comment s'est passé ta réunion avec Charles ? me demande distraitement mon père.
Il est, en homme d'affaires qui se respecte, assis derrière son immense bureau en acacia, son attention fixée sur les documents posés sur le bois sombre.
- Très bien, je dis en tirant une des chaises d'en face pour m'y installer. Tu avais un doute là-dessus ?
- Aucun. Je savais que ce ne serait qu'une formalité.
J'esquisse un sourire qu'il ne voit pas, toujours absorbé par ses papiers et j'en profite pour couler un regard vers les larges baies vitrées, derrière lesquelles s'étend un sublime jardin à la pelouse d'un vert éclatant.
Depuis combien de temps ne suis-je pas venu ici ? Dans cette ville ? Mon pays ? Je fais un rapide calcul mental. Sept ans. Sept longues années que je n'ai pas remis les pieds en Australie et je n'avais même pas conscience à quel point mon pays m'avait manqué avant d'y revenir, il y a quelques semaines de cela.
- Comment va ta mère ? me lance mon père, en levant rapidement ses yeux, identiques aux miens, par-dessus ses lunettes de vue.
Mes parents ont divorcé depuis près de vingt ans mais William Dobson demande toujours des nouvelles d'Olivia, son ex-femme. C'est étrange et en même temps réconfortant de savoir que même après une séparation, on peut garder de bons rapports. Mes géniteurs en sont l'exemple parfait. Ma mère a même invité mon père à son mariage avec mon beau-père ! Je trouvais qu'elle allait loin, à l'époque, mais mon paternel n'avait pas semblé plus troublé que cela lors de la cérémonie. Il riait, dansait, discutait, comme si celle qui se mariait était une vieille amie et non pas la femme qu'il avait aimé pendant près de quinze ans.
Personnellement, c'est une chose que je ne m'imagine pas pouvoir faire. Si la femme avec qui j'avais été marié, avec qui j'avais eu un enfant, se remariait, je n'irai certainement pas y assister. D'ailleurs, si elle m'invitait, je prendrai ça pour un affront ! Mais bon, qu'en sais-je après tout ? Que sais-je de l'amour, des relations, du mariage ? Pas grand-chose, pour être honnête. Et je ne suis absolument pas pressé de me faire passer la corde au cou ! La femme que j'épouserai, un jour (lointain), devra être exceptionnelle pour que j'en arrive là. Vraiment.
- Maman va très bien. Toujours de réunions en réunions.
- Mmmh, j'imagine.
Il retourne à sa paperasse et je soupire.
- Papa ? Tu m'as demandé de venir, juste pour savoir comment mon entretien s'était passé ? je demande en croisant les jambes, m'impatientant.
- Non, bien sûr que non. J'étais certain que tu aurais le poste. Tu es peut-être un petit queutard mais tu es un grand publiciste.
- Merci, j'imagine, j'ironise.
Mon père chasse ma remarque comme s'il chassait une mouche et se concentre enfin sur moi, retirant ses lunettes.
- Tu n'as pas oublié pour ce soir, n'est-ce pas ?
- L'évènement de charité ? Non, je n'ai pas oublié.
- Bien. Charles sera là, précise-t-il, avec sa femme et ses enfants. Ou au moins l'un des trois.
- Et donc ? je demande sans comprendre pourquoi il me donne ce genre d'informations.
- Rien, je te dis juste ça comme ça.
J'arbore un sourire sarcastique. Mon père ne dit jamais rien "comme ça". Il y a toujours une raison.
- Ce sera sûrement sa fille qui sera présente, d'ailleurs. Tu te rappelles d'elle, non ? me demande-t-il en me fixant, les yeux plissés.
Il n'a même pas besoin d'articuler sa prochaine phrase que je sais déjà ce qu'il veut.
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A Taste Of Eternity
RomansaUne soirée. Voilà ce qu'il aura fallu à Ethan pour être intrigué par sa nouvelle conquête, cette femme aux yeux caramel et à la moue séductrice. Certain de ne plus jamais la revoir dans la grande ville qu'est Sydney, il se contente de cet unique sou...