A Taste Of Eternity

Chapitre 45 : Auriane

— Tu es sûr, papa ? Parce que je peux revenir si tu as besoin de moi.

— Ne t'en fais pas, je gère très bien. Je veux que tu te reposes et que tu reviennes quand toi, tu le voudras.

— Ok, mais promets-moi que si tu as besoin, tu m'appelleras, j'insiste.

— Evidemment, me répond mon père. Maintenant je te laisse, j'ai une réunion qui commence dans quelques minutes. Je t'aime, ma puce.

— Moi aussi, papa.

Je raccroche et pousse un profond soupir. Je devrais rentrer, je le sais mais je n'arrive pas à m'y résoudre. A Sydney se trouve tous les soucis que j'ai cherché à fuir en venant en Italie. Je suis une lâche, j'en ai parfaitement conscience mais je ne me sens pas prête à affronter ce qui doit l'être. J'aimerais ne plus jamais parler avec Madeleine, ne pas avoir à me remettre en question et surtout j'aimerais qu'Ethan arrête d'occuper mes pensées. Son souvenir ne me laisse aucun répit.

— Encore en pyjama ? me questionne Rosie en sortant de sa chambre, habillée pour assister à ses cours de l'après-midi.

— Je ne pense pas sortir aujourd'hui, alors..., j'explique en haussant une épaule.

Ma meilleure amie me lance un regard courroucé en se dirigeant vers la cuisine. J'ai eu droit à plusieurs œillades de ce genre ces derniers temps et je commence à en avoir assez.

— C'est quoi le soucis, Rosie ?

Mon amie arrête de sucrer son thé pour poser ses pupilles sur moi, l'air faussement étonné. Son appartement n'étant pas très grand, elle a une vue direct sur son canapé et donc sur moi. Je la connais et son expression ne me dit rien qui vaille.

— Mais il n'y a aucun souci ! s'exclame-t-elle, ironiquement, en posant ses paumes sur le bar de sa petite cuisine. Quel problème pourrait-il y avoir alors que ça fait un mois que tu ne bouges pas de ce foutu canapé ?!

— Tu veux que je m'en aille ? je demande, blessée.

— Non, Auriane, je ne veux pas que tu t'en ailles. Tu es la bienvenue ici aussi longtemps que tu voudras mais j'en ai assez de te voir prostrée comme ça. Si tu ne veux pas rentrer en Australie, très bien, mais bouge-toi, fais quelque chose, visite Milan !

— Je n'en ai pas envie.

— Ce n'est pas une question d'envie mais de volonté, Auriane, rétorque-t-elle en haussant ses sourcils.

Je serre les dents. Je la trouve injuste et dure envers moi.

— J'ai juste besoin de temps, je me justifie comme si mon attitude n'avait rien d'anormal. Et tu ne sais pas ce que je vis alors tu n'as aucun droit de me juger.

— Je ne te juge pas et tu le sais. Je ne l'ai jamais fait et ça ne va pas commencer aujourd'hui, mais ce n'est pas pour ça que je ne vais pas te dire le fond de ma pensée. Tu as eu un mois pour réfléchir, pour digérer ce qui s'est passé à Sydney et pourtant rien n'a changé. Cette attitude ne te ressemble pas.

— Tu ne me connais peut-être plus aussi bien que tu le crois.

Le menton levé, je la défie comme la gamine immature que je peux être, parfois. Rosie secoue la tête, un sourire moqueur sur ses lèvres avant d'attraper sa tasse de thé. Alors que je pense qu'elle va retourner finir sa boisson dans sa chambre, exaspérée par ma réaction puérile, elle s'approche du canapé y s'y installe en me regardant.

— Ecoute, me dit-elle calmement en plongeant ses yeux dans les miens, je vais te parler franchement et j'espère que tu ne le prendras pas mal.

Elle continue de me fixer, attendant mon accord pour continuer mais je ne suis pas sûre de vouloir écouter quoi que ce soit. Je hoche pourtant la tête en croisant les bras sur ma poitrine.