A Taste Of Eternity

Chapitre 38 : Ethan

— Vous êtes pile à l'heure ! s'exclame Anne avec un sourire lorsqu'elle aperçoit Auriane sur le trottoir.

Cette dernière lui sourit légèrement en lui tendant la main avant de venir vers moi et de me poser un baiser sur la joue. Ok, donc, même devant un agent immobilier qui ne nous fréquente pas en-dehors des visites, on ne peut pas exposer notre relation. Dire que la frustration me gagne à chaque fois qu'Auriane et moi devons nous cacher est un doux euphémisme. Je ne dis, pourtant rien, encore une fois pour ne pas la brusquer.

Nous marchons côte à côte, derrière Anne, qui semble très excitée et sûre d'avoir trouvé la perle rare qui conviendrait à Auriane. Pourtant, je vois bien que ma déesse ne prête qu'une oreille distraite à la femme qui nous précède. Son regard paraît être perdu dans le vague, loin de la réalité. La ride de contrariété qui barre son front me pousse à enfin lui adresser la parole.

— Tu vas bien ? je chuchote.

Auriane tourne ses yeux caramel vers moi et cille plusieurs fois, comme si elle se rendait tout juste compte que je marchais à ses côtés. Je hausse les sourcils, attendant sa réponse. A la place, son regard me balaie comme si elle essayait de déterminer, de comprendre quelque chose qui m'échappe. Ses pupilles commencent par scruter mon visage dans ses moindres recoins, pour ensuite descendre sur ma veste en cuir et passer rapidement sur mes mains enfoncées dans mon jean brut avant de revenir une nouvelle fois sur mon visage. Je suis incapable de comprendre ce qu'elle fait, son visage reste impassible pourtant je vois bien que cet examen n'est pas anodin. Quelque chose la tracasse et ça a un rapport avec moi. Alors que je m'apprête à revenir à la charge pour savoir ce qui lui arrive, Auriane trébuche sur le trottoir et j'ai juste le temps de me jeter sur elle pour la rattraper de mes bras, avant qu'elle ne se fracasse le visage sur les dalles de pierre. Son cri de stupeur alerte Anne qui continue d'avancer devant nous.

— Vous allez bien ? demande-t-elle en s'approchant.

Auriane se contente d'hocher la tête, essoufflée à cause de l'adrénaline.

— Elle va bien, Anne. Plus de peur que de mal. On vous suit.

Anne hoche la tête, nous dévisage curieusement avant de se remettre en route.

— C'est moi qui te mets dans un tel état ? je murmure à Auriane, toujours entre mes bras.

Elle fronce ses sourcils parfaits, me lance un regard noir mais rougit légèrement. Mes lèvres esquissent un sourire en coin sans que je puisse les en empêcher.

— Tu n'es pas le centre de mon monde, Ethan, me répond-t-elle sèchement en se dégageant de ma prise.

Surpris par son agacement, je la lâche en levant les mains, en signe de paix. Je ne sais pas ce qui lui arrive mais on réglera cette histoire après la visite. Je me constitue un visage impassible, bien que des milliers de questions me traversent, et rejoins Anne qui s'est arrêté devant une grille immense en fer forgé noir.

— C'est ici, dit-elle avec un large sourire.

Bien qu'on ait assez peu marché, l'endroit est plutôt isolé du centre-ville sans en être trop loin. Un emplacement idéal. Je vois qu'Auriane pense la même chose car ses yeux commencent à pétiller et elle s'intéresse enfin à cette visite, laissant ses soucis de côté.

Anne tape un code et la grille s'ouvre lentement devant nous, nous permettant ainsi de longer une longue allée de laquelle on ne voit même pas la maison. Je comprends tout de suite que plus qu'une habitation, c'est un domaine qu'elle nous fait visiter.

— On aurait pu faire ce petit trajet en voiture, mais je trouvais qu'à pied ça avait plus de charme. Et ça vous permettra de vous imprégner des lieux, de profiter de la nature autour de vous.