Depuis près de dix jours, Auriane et moi sommes quasiment inséparables. Sorties au musée, chez le disquaire, dans une librairie, dîners en tête-à-tête, je ne m'en lasse pas. On a toujours un sujet de discussion, qu'il soit sérieux ou simplement amusant et quand ce n'est pas le cas, c'est parce que nos bouches sont occupées à faire autre chose de tout aussi intéressant...
Quand elle m'a parlé de sa relation particulière avec son frère aîné, je me suis senti heureux. Non pas qu'elle ait des soucis familiaux mais qu'elle commence tout doucement à me faire confiance, à baisser ses défenses. Lors de cette discussion, j'ai compris des choses sur Auriane.
La première, c'est qu'elle adore sa famille plus que quiconque. Si ce n'était pas le cas, certains comportements ne la toucheraient pas autant. J'avais déjà compris qu'elle vouait une adoration à son père mais je ne m'étais pas rendue compte que ça s'étendait à toute la famille. Peut-être d'une manière différente mais son amour pour eux est indéniable.
La deuxième chose que j'ai apprise, c'est que la peur du rejet l'empêche de se dévoiler. Et celle-ci m'a fait un choc, moi qui étais sûr qu'elle n'avait peur de rien avec ses manières froides et distantes. C'est tout le contraire. Dans cette Auriane du présent se cache la petite Auriane du passé, adoptée et pas sûre de l'amour qu'on lui porte. Sa manie de se barricader derrière sa carapace vient de cette peur. Celle de ne pas être assez, de ne pas être à la hauteur, d'être une étrangère dans cette famille qui est pourtant la sienne depuis des années maintenant.
Et la troisième et dernière chose, c'est qu'elle a besoin de mettre des choses au clair avec sa mère et son frère. Je la crois quand elle dit que ses démons sont derrière elle, ceux qu'elle a ramené dans ses bagages de Bolivie mais certains d'entre eux sont nés ici, en Australie et ceux-là, elle n'a pas encore trouvé le courage de les combattre, de leur faire face.
Le plus incroyable dans tout ça, c'est que j'ai aussi appris une chose sur moi : je ne sais pas si je serais à la hauteur. Auriane et moi n'avons jamais abordé ses traumatismes et j'avoue avoir peur d'aborder le sujet. Je sais qu'elle a vécu des choses compliquées et je pense en avoir deviné la nature. Si mes doutes se concrétisent, je crains de ne pas avoir les épaules assez solides pour porter une partie de son fardeau sur moi. Pour la première fois de ma vie d'adulte, je doute de moi. Je ne pensais jamais dire une chose pareille, douter de ma capacité à soutenir qui que ce soit mais je ne pensais pas non plus tomber sur une femme comme Auriane, aussi complexe et résistante à l'amour. Et commencer à en tomber amoureux, qui plus est.
Aveu que je ne lui ferai évidemment pas. Pas dans l'immédiat en tout cas. Je ne pense pas qu'elle ait développé des sentiments aussi forts de son côté. Quoiqu'avec elle, on ne sait jamais vraiment...
La sonnette de mon appartement retentit. Je souris et pose ma cuillère en bois pour aller lui ouvrir. Je découvre ma déesse avec un grand sourire qui étire ses lèvres peintes en rouge framboise, habillée d'un jean qui moule ses formes sans trop en faire, un haut col bardot noir et ses foutus escarpins rouges qui font toujours monter la même envie en moi : la prendre contre n'importe quel mur, n'importe quelle surface et me perdre en elle. Doux fantasme...
Son petit geste maladroit de la main pour me saluer me fait rire. Certes, elle est plus à l'aise avec moi mais pas totalement encore.
- T'as l'air d'un vrai chez cuistot comme ça, dit-elle, amusée en faisant un signe du menton vers l'essui de cuisine qui pend négligemment sur mon épaule.
Un sourire de sale gosse sur le visage, je m'approche d'elle, lui prend son sac des mains pour le jeter négligemment dans le couloir et je la colle brusquement à moi. Elle émet un petit couinement adorable et m'observe avec ses grands yeux caramel, légèrement écarquillés.
- Toi, tu as l'air d'une déesse directement descendue du ciel, je susurre.
C'est nul comme compliment, surtout que je lui fais toujours le même mais je le fais seulement pour qu'elle fasse... exactement ce qu'elle vient de faire : lever les yeux au ciel. Au départ, ça m'agaçait mais maintenant, je trouve ça drôle.
- T'es fatigant.
Son air blasé serait joué à la perfection si ses pupilles ne voyageaient pas de ma bouche à mes yeux, sans cesse. Sans attendre et parce que j'en meurs d'envie autant qu'elle, je me rue sur ses lèvres sans aucune douceur.
Je l'entraîne dans mon entrée, sans me décoller d'elle et de son goût de menthe et ferme la porte avant de la plaquer dessus sans ménagement. Elle sourit contre mes lèvres et un grognement de satisfaction remonte dans ma gorge.
Ca aussi, c'est une chose qui a évolué entre nous. Le désir, l'envie de l'autre ont toujours été là mais de façon timide au départ. Je ne voulais en aucun cas la brusquer. Mais plus les jours passent et plus je me débarrasse de ce frein. Plus je l'embrasse, plus je la touche et plus je deviens complétement accro. Et Auriane ne me facilite pas la tâche, elle semble en vouloir toujours plus, elle aussi.
Ses mains douces remontent le long de mes bras, nus grâce à mon t-shirt et ses ongles me griffent gentiment en redescendant par le même chemin. Ma peau frissonne, titillée par cette caresse tendre et animal à la fois. Mes lèvres lâchent les siennes pour aller à la rencontre de son cou et de son odeur entêtante qui ne me quitte plus même lorsqu'elle n'est pas avec moi. Je lèche, mordille, embrasse, hume sa peau tandis que, docile, elle se laisse faire avec délectation en poussant de lourds soupirs.
Quand, audacieuse, elle lève une jambe pour l'enrouler autour de mon bassin, emboîtant ainsi parfaitement nos parties intimes, je manque jouir tellement sa position est érotique. Qui plus est avec ses escarpins rouges ultra sexy. Si on n'arrête pas ce petit jeu tout de suite, je ne sais pas si je vais pouvoir m'arrêter. Je relève les yeux vers les siens et je constate qu'elle est dans le même état. Sa bouche est gonflée, ses cheveux épais en bataille et ses yeux assombris par notre provocation mutuelle.
- Ton rouge à lèvres est d'une qualité incroyable, je dis en riant, tout en soutenant sa jambe autour de moi, faisant ainsi tout le contraire de ce que je devrais.
Elle se passe la langue sur les lèvres, par réflexe ou pour m'attiser, je ne saurais dire.
- C'est tout ce que tu trouves à dire ? se moque-t-elle, les sourcils relevés en baissant son regard vers notre position indécente.
A mon tour de lever un sourcil devant son air ironique. Et de lui donner une petite leçon sur qui mène la danse. Sans prévenir, je donne un coup de hanche qui frotte mon sexe contre le sien. Ca nous coupe le souffle à tous les deux et je dois serrer les dents pour me contrôler, absolument grisé par de telles sensations. Tel est pris qui croyait prendre...
Après avoir récupérer son souffle, immobile, Auriane rapproche ses lèvres des miennes. Je l'arrête d'un simple murmure.
- Ca peut très mal se finir...
- Me prendre contre cette porte serait une mauvaise fin ? J'aurais cru, au contraire, que ce serait... jouissif.
Son ton est innocent et elle se permet même de sourire à sa petite blague. Je ne peux m'empêcher de l'observer. Ca aussi, c'est nouveau depuis quelque temps. Elle a l'air d'être plus pressée que moi pour le sexe. Ca ne me déplaît pas, loin de là, mais ça me déstabilise.
- Notre première fois ne sera pas contre une vulgaire porte, je dis doucement en posant sa jambe à terre, de peur de ne pas résister.
- Et la deuxième ? demande-t-elle, l'air naïve.
J'explose de rire, lui colle un baiser sur la joue et m'éloigne vers la cuisine avant que mon dîner ne finisse en désastre.
- Au fait, ton cul est fabuleux dans ce jean !
Je ne la vois plus puisqu'elle est toujours dans l'entrée mais j'imagine très bien ses expressions. Là, elle doit lever un sourcil avant de demander.
- Comment tu le sais ? Tu ne m'as pas vu de dos.
- Pas la peine, je lui crie.
Et là, je me marre tout seul parce que je sais qu'elle vient de lever les yeux au ciel, un petit sourire sur le coin de sa bouche pulpeuse.
VOUS LISEZ
A Taste Of Eternity
RomanceUne soirée. Voilà ce qu'il aura fallu à Ethan pour être intrigué par sa nouvelle conquête, cette femme aux yeux caramel et à la moue séductrice. Certain de ne plus jamais la revoir dans la grande ville qu'est Sydney, il se contente de cet unique sou...