le royaume des elfes 2-Aurora

chapitre 13

Je suis assise à table. Ma mère est à ma droite, en face d'elle se trouve ma tante, en face de moi mon père et en bout de table mon oncle. Je dois avoir entre sept et huit ans. Même si je sais que ça ne gêne pas mon oncle et ma tante, ma mère m'a dit de ne pas parler pendant le repas. Je m'ennuie. Je joue avec la nourriture, sans vraiment prêter attention aux discussions qui se déroulent autour de moi. Finalement le dessert arrive comme une délivrance, et je l'avale à toute vitesse afin d'être autorisée à sortir de table. Ma mère me jette un regard désapprobateur quand je quitte la pièce, j'ai dû manger avec trop d'empressement. Tant pis, maintenant j'ai toute l'aprèm pour moi ! J'ai fait tous mes devoirs ce matin, avec beaucoup d'application, parce que si je n'ai pas les meilleures notes en classe, je risque de finir enfermée dans le placard. Qu'est-ce que c'est chouette de pouvoir faire ce que je veux ! Je retourne dans ma chambre et décide que je vais faire de la peinture. Mon père m'a offert une palette et un carnet pour mon anniversaire. J'ai déjà fait son portrait, mais ça ne ressemble pas beaucoup. Aujourd'hui, je me dessine dans une grande robe de princesse. C'est amusant, mais après ça commence à m'ennuyer. Je vais plutôt aller me balader dans les jardins !

Une fois dehors, je marche sans trop savoir où je vais. Je crois avoir entendu ma tante dire qu'elle allait faire une balade à pégases, ça, ça me plairait bien ! Je cours aux écuries en espérant qu'il ne sera pas trop tard. Heureusement quand j'arrive, elle est toujours en train de seller son pégase.

- Tati !

Ma tante se retourne vers moi avec un sourire.

- Oui Aurora ?

Je sais que ça va être facile de la convaincre de m'emmener, beaucoup plus qu'avec ma mère.

- Je peux venir avec toi s'il te plaiiiiiiiit ?

Je lui fais des yeux suppliants, je sais que les adultes y sont très sensibles.

- Moi, je n'ai rien contre, mais tu as l'autorisation de voler seule sur un pégase ?

- À l'école, ils ont dit que je me débrouillais très bien.

Je ne précise pas que c'était seulement pendant une balade au sol qu'ils ont dit ça. Ma tante ne semble pas dupe.

- Tu peux monter avec moi sur Comète si tu veux, il est assez robuste pour nous deux.

- Oui !

J'espère que mon excitation ne va pas la faire changer d'avis, comme ma mère fait parfois pour m'apprendre à me contrôler.

- Ta maman ne va pas s'inquiéter de ne pas te voir ?

- Non, elle est trop occupée pour ça.

Encore une fois, ma tante parais hésiter, mais finit par me tendre la main.

Nous sortons de l'écurie et elle me hisse sur Comète, avant de s'installer derrière moi. Je me laisse aller contre elle, j'aime bien son odeur, elle sent les fleurs et l'herbe fraîchement coupée. Ma tante me donne une pastille de lévitation, puisque je ne suis pas assez expérimentée pour me servir de mes pouvoirs en cas de chute. Nous décollons enfin, et c'est l'une des meilleures sensations de ma vie. Je cri, ce qui fait rire ma tante, qui finit par crier avec moi, en riant par intermittence.

Je ne sais pas combien de temps nous volons, mais je me laisse complètement porter, je me sens très détendue. Je sors brusquement de ma somnolence, en sentant les bras de ma tante relâcher les reines. Je les retiens d'une main, de l'autre j'attrape le bras de ma tante.

- Tati ! Ça va ?

Un baragouinement incompréhensible me parvient en réponse. Je pivote ma tête autant que je peux, et je me rends compte que ses yeux sont vitreux. Aussitôt, j'essaie de me rappeler ce qu'on nous a appris en cours théorique pour faire atterrir un pégase. Ma tante s'affaisse contre moi et j'essaie de la retenir en enroulant ses bras autour de moi. Nous nous rapprochons du sol, mais j'ai de plus en plus de mal à maintenir ma tante. Sa tête dodeline à côté de mon épaule.