chapitre 4

71 8 10
                                    


Je passe la journée à tout préparer, et il y a de quoi faire. J'ai déjà tout soigneusement planifié, mais je vérifie plusieurs fois que rien ne pourrait entraver mon départ.. La partie que j'aime le moins doit se dérouler ce soir au repas. Avant d'aller manger je prends une longue douche brûlante, consciente que la prochaine sera probablement dans ce qui me semble actuellement une éternité.

Depuis notre dispute d'hier soir je n'ai pas reparlé à mon père, nous nous sommes soigneusement évités toute la journée. Pour le dîner il a mit le paquet avec des beignets de légumes et différentes salades de toutes les couleurs. Il tient vraiment à ce que l'on se réconcilie ce soir, ça ne va pas me faciliter la tâche.

J'ai beau avoir l'habitude de manipuler les gens ce n'en est pas moins difficile devant quelqu'un qui me parait aussi inoffensif et faible que mon père. Et j'ai aussi peur, bien que je peine à l'avouer, qu'il me connaisse suffisamment pour flairer quelque chose de louche. Je respire donc profondément et rentre dans la cuisine pour aller directement m'asseoir à table.

Il me rejoint presque aussitôt avec le plat et j'ai un peu mal au cœur à l'idée du temps qu'il a du passer à tout préparer. Je me sers plusieurs beignets et croque nonchalamment dans l'un. C'est délicieux. Je modèle une expression de dégoût sur mon visage et déglutit comme si j'avais avalé quelque chose d'amer.

Bien sûr il n'a rien manqué de ce spectacle et sans avoir eu besoin de dire un mot je l'ai déjà blessé. J'attends qu'il lance la conversation, je ne voudrais pas avoir l'air suspecte en le faisant.

- Ta journée s'est bien passée ?

Je vois que chaque mot lui coûte. Il a peur de se faire remballer. Et il a raison.

- Non. C'était atroce.

- Ah.

Il marque une pause, que répondre à une déclaration pareille ?

- Tu veux en parler ?

- Si tu es prêt à ne plus faire l'autruche pourquoi pas.

J'ai prononcé cela froidement, en me forçant à le regarder droit dans les yeux, instillant du mépris dans chacune de mes syllabes.

Il entrouvre la bouche pour répondre avant de la refermer et de la rouvrir. Dur de savoir comment me gérer.

- Je t'écoute.

- Maman me manque.

Celle là il ne s'y attendait pas. Il marque un mouvement de recul presque imperceptible avant de se reprendre.

- C'est normal ma chérie. Tu avais un lien tellement fort avec elle.

Il se débrouille vraiment bien, je vais devoir monter davantage la difficulté.

- J'ai. J'ai un lien tellement fort avec elle.

- Elle est morte Aurora.

- Et ?

- Et il est temps que tu l'acceptes.

Nous y voilà.

- Bien sûr, et après je n'aurais plus qu'à devenir l'adorable fille que tu souhaites tant ! Il n'y a que sa mémoire qui m'en empêche ! Mais tu te leurres, même si tu es le dernier parent qu'il me reste, je ne veux de toi pour rien au monde !

- Aurora je ne te permet pas ! Je me donne un mal terrible pour toi ! Et pas par égoïsme dans le but de me faire aimer, mais pour que tu ailles bien, c'est tout ce que je veux pour toi.

Il a commencé à hausser la voix, mais son agacement semble déjà être sous contrôle.

- Contrairement à maman c'est ça ? Parce que maman n'a jamais voulu mon bien ! C'est ce que tu insinue ?

le royaume des elfes 2-AuroraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant