Chapitre 23

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C'est dans la poche. Quand je sors du cybercafé avec le baron, j'ai déjà assez d'informations pour le faire arrêter. Maintenant, il ne reste plus qu'à m'infiltrer dans l'entre du loup, et faire tomber tous ses complices. Un jeu d'enfant.

Une voiture nous attend, et le baron m'ouvre la portière arrière. C'est la première fois que je monte là-dedans. Même si ma mère m'en a déjà parlé. Technologie humaine.

Au bout de cinq minutes, j'ai envie de vomir. Cet engin est infernal. Ça secoue dans tous les sens et ça tourne trop vite. Décidément, les humains ont des goûts bien étranges ! Le baron ne me dit rien, et je fais de même. Moins je parle, moins j'ai de chances de me trahir, pas vrai ? Non, en fait, c'est une très mauvaise tactique. J'ai décidé d'opter pour une stratégie bien particulière, paraître psychopathe et un tantinet folle. Ce sont les gens imprévisibles qui font le plus peur. Le trajet est interminable... Et bien que les secousses régulières finissent par me bercer, je ne peux pas me permettre de m'endormir devant le baron. Je ne sais pas combien de temps nous roulons, mais au moins cinq heures. Quand nous nous arrêtons, la nuit est déjà bien installée.

- Nous ne sommes pas en ville. Je constate en descendant de la voiture.

- Nous sommes à environ une heure. Mais nous allons faire escale ici pour la nuit.

- Pourquoi ?

- Parce que je compte m'assurer de votre bonne volonté et de votre sincérité avant de vous emmener dans notre planque principale.

Oula, ça ne me dit vraiment rien de bon.

- C'est très aimable de votre part, mais je crois que c'est inutile.

- Ce n'est qu'une formalité à passer. Ne vous en faites pas, c'est indolore.

Je ne peux pas refuser sans risquer d'attirer les soupçons. Pourvu que je m'en sorte. Ce serait réellement trop stupide que le plan capote si vite, après le temps de préparation qu'il a nécessité. Surtout que je suis au milieu de nulle part, et que je vois mal comment je pourrais m'enfuir. Bien sûr, je ne laisse pas mon angoisse transparaître et adresse un sourire au baron en entrant dans le bâtiment principal. Il s'agit d'un corps de ferme, devenu assez rare, puisque la majorité des humains vivent et travaillent en ville. Un homme portant un loup, un masque qui ne lui couvre que le contour des yeux, nous escorte jusqu'à une salle à manger, ou le repas est déjà servi.

Nous nous installons en silence, avec notre chauffeur et notre hôte, bientôt rejoint par sa femme et une petite fille à laquelle je ne donne pas six ans. Ni le mari ni la femme ne semblent très rassurés, et je m'interroge sur leur rôle dans l'organisation. On sert les assiettes devant nous, ce qui limite les risques d'empoisonnement, et comme de toute manière, je n'ai pas le choix, je mange. Le baron prend quelques nouvelles sans intérêt auprès de nos hôtes, mais j'écoute avec attention, on ne sait jamais. Tous les trois étant masqués, la situation est assez étrange. La lumière de la pièce est tamisée, presque chaleureuse, il fait bon, un feu crépite dans la cheminée, mais la tension est palpable. Depuis notre départ de la capitale, j'ai fait en sorte de filmer la route que nous avons prise, et j'espère que le micro qui est aussi censé donner ma localisation fonctionne bien. Le repas finit, le baron se tourne vers moi avec un sourire. Je rêve du jour proche où je serai autorisée à lui mettre un poing dans la figure.

- Nous allons pouvoir passer à la suite, ma partie préférée qui plus est : Le détecteur de mensonges.

Je fais de gros efforts pour ne pas laisser mon visage se décomposer. C'est quoi ce bordel ?

- De quoi s'agit-il exactement ?

Garder une voix polie et posée, se détendre en imaginant en boucle ce mec se faire piétiner par une horde de pégases.

le royaume des elfes 2-AuroraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant