Chapitre 36

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Le troisième jour, nous arrivons enfin en vue du village où habite ma grand-mère. Ma tante nous montre sa maison par la fenêtre, et je suis étonnée de sa ressemblance avec le pavillon dans lequel nous avons vécu avec mon père.

- Ma mère voulait changer d'environnement, mais pas trop quand même. Elle a fait bâtir cette maison sur les mêmes plans que l'ancienne. M'explique Ésperanza.

Nous atterrissons sur la place principale, et si les villages précédents étaient paisibles, celui-ci doit battre des records. À peine sorties du carrosse, Plume piaille et s'envole, fatiguée par l'immobilité de ces dernières heures. La légère brise du vent frais du matin, achève de me réveiller. Je m'étire et secoue mes jambes, engourdies, puis regarde autour de moi. Les pierres blanches et le grès sont décorés de lierre et de fleurs, qui doivent être entretenues avec beaucoup de soin. Tout est propre, et paraît méticuleusement arrangé. Les petits bancs, la terrasse d'un petit restaurant, pas encore ouvert, les arbres alignés et fraîchement taillés. En somme, le lieu respire l'ordre et l'harmonie.

- C'est joli, n'est-ce pas ? Me murmure ma tante à l'oreille.

- Où sont les habitants ?

- Tu vas voir. À cette heure-ci, ils doivent déjà être ensembles.

Sur ces paroles mystérieuses, Ésperanza nous entraîne à sa suite dans une des rues principales, dallées d'une magnifique mosaïque. Le parfum capitonné des fleurs, le soleil qui se reflète sur les pavés, le chant des oiseaux, tout donne un sentiment de perfection. Je comprends pourquoi ma grand-mère habite ici depuis vingt ans. En avançant dans la rue, je commence à entendre des voix. Sans vraiment m'en rendre compte, je me retrouve main dans la main avec ma cousine, il faut croire qu'elle aussi est nerveuse.

- On arrive bientôt ?

- C'est à quelques maisons à peine.

Plus nous avançons, plus les voix se font fortes, et je commence à soupçonner leur provenance. Nous nous retrouvons enfin devant la maison, et ma tante sonne, mais personne ne vient nous accueillir.

- C'est normal ? Demande Astoria un tantinet inquiète.

- Ils doivent être dans le patio. Répond ma tante avec un sourire, avant d'ouvrir la porte et d'entrer.

- " Ils" ? Je répète en m'engouffrant à mon tour dans la maison.

Nous traversons la maison, et cette fois, il est évidant que les voix viennent de l'autre côté de la maison. La porte qui donne sur l'arrière de la maison, qui se trouve dans la cuisine, est grande ouverte. Nous sortons, et le spectacle que je trouve à de quoi me laisse perplexe. Une quinzaine de personnes âgées sont installées et jouent à des jeux humains. J'aperçois un poker, un autre avec des roulettes, et de nombreux jeux de carte. Et tout ce petit monde se chamaille et rigole. À une table du fond, je vois un vieux monsieur se lever, outré.

- C'est toi qui as triché la renarde ! Pas moi !

Une dame avec un immense chapeau couvert de fleurs se lève et pointe sa canne vers lui.

- Et tu as quelque chose pour le prouver River ?

- Mais tout le monde le sait !

- Donc tout le monde est une preuve ? Demande malicieusement la dame.

Le dénommé River se rassit en soupirant.

- Voici ma mère ! S'exclame Ésperanza, en nous entraînant vers la dame au chapeau.

Derrière elle, Astoria et moi échangeons un regard amusé. Elle promet d'être amusante cette grand-mère !

- Maman ! On est arrivé !

le royaume des elfes 2-AuroraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant