le royaume des elfes 2-Aurora

chapitre 22

Je ressors de la salle du conseil avec soulagement. Après ce qui m'a semblé des heures de blabla inutile, nous avons tous réussi à nous mettre d'accord sur le contenu, pourtant assez bref, à envoyer au baron. Nous lui fixons rendez-vous dans le lieu habituel de ma mère. Il y a beaucoup d'incertitudes dans ce plan. Est-ce que le pigeon va transmettre la lettre ? Est-ce que je ne me suis pas trompée sur le lieu ?

Je roule le petit bout de parchemin, et une fois de retour dans mon appartement, attend l'oiseau. Il ne tarde pas, et j'arrive à lui attacher facilement le papier à la patte. C'est bon signe s'il n'est pas craintif.

- Au baron d'accord ? Apporte ça au baron. Je compte sur toi.

Je le regarde s'envoler. Pourvu que ça marche.

Quand je me surprends à tourner en rond en attendant nerveusement une réponse, je décide que c'est le moment idéal pour une petite séance d'entraînement. Ça aura le mérite de faire passer le temps de manière utile... Les couloirs du château sont déserts et je ne croise personne jusqu'à la salle. Ce n'est pas plus mal, j'ai vu beaucoup de gens ces derniers jours, et je suis bien contente d'être un peu au calme. La salle aussi est vide et je commence automatiquement ma routine. Je fais ces enchaînements d'exercices depuis si longtemps que je n'ai pas besoin d'y penser. Je suis en train de faire des tractions quand j'entends la porte de la salle se refermer. Dans une des glaces, j'aperçois la silhouette menue aux cheveux rouges d'Acanthi. Il embrasse la salle du regard, et se dirige vers moi quand il me voit. Je me sens un peu mal à l'aise. Ce n'est pas que je ne suis pas contente de le voir, mais ça me gêne. D'abord, on n'a pas beaucoup d'affinité. Ensuite, quand je le vois, je repense à toutes les méchancetés que j'ai fait subir à sa copine, et ce que ma mère lui a fait subir en l'embarquant avec eux.

- Salut.

- Salut.

Je continue mes enchaînements comme si de rien n'était et Acanthi commence à s'échauffer à côté de moi. Je suis assez surprise de le croiser ici. Si les jumeaux sont de très bons combattants et s'entraînent régulièrement, ça n'a jamais été le point fort d' Acanthi. Je sais qu'il préfère de loin s'entraîner dans les jardins à exercer ces pouvoirs.

- Tina m'a dit que si tout se passait comme prévu, tu partirais demain.

- Si le plan se déroule au mieux, oui.

- Je voulais te parler avant.

Il marque un temps d'arrêt, et je m'arrête un instant pour qu'il voie que je l'écoute.

- Je voulais te dire que je suis désolé pour ta mère. On ne s'est pas vu depuis sa mort.

Je ne m'attendais pas vraiment à ça. Mais ça part d'une bonne intention.

- Merci. C'est gentil.

- Non, c'est normal. Et ça me semblait aussi important de te parler de quelques flashs que j'ai d'elle la dernière fois que je l'ai vu. Mon père était cruel et prêt à tout pour accéder au pouvoir, mais elle était encore plus inquiétante, parce qu'elle paraissait prise de folie par moments. Elle était absolument terrifiante. Si je voulais te dire ça, c'est pour te dire que je compatis de la peine que sa mort doit te causer, mais surtout de la violence que ça a dû être de vivre avec elle toutes ces années. Je vois bien que tu évites de croiser mon regard quand on se croise, alors juste que tu saches que je ne t'en veux pas pour quoi que ce soit que tu pourrais te reprocher.

Je ne réponds pas tout de suite, parce que j'ai la gorge serrée.

- Merci. Ça compte beaucoup pour moi. Surtout que tu sois capable de me parler de ça, quand ça a dû être une expérience traumatisante.