chapitre 27

42 6 3
                                    

- Messieurs, mesdames, votre attention s'il vous plaît !

Je suis encore dans l'ascenseur quand j'entends le président prendre la parole. Heureusement, je pourrais rejoindre la foule d'un instant à l'autre. L'horloge au-dessus des portes indique 21 h 40, il reste encore vingt minutes avant que la potion face effet. Les portes s'ouvrent et je vais me poster à une extrémité de la salle. Ma nouvelle ouïe semble déjà avoir perdu un peu d'efficacité et je ne vais pas m'en plaindre, car la migraine n'est pas très loin. Je crois que Sana devrait considérer l'idée de fournir des manuels d'utilisation avec ses potions.

- Ce soir, nous fêtons la mise en place de la dernière phase de notre plan. Le crépuscule est proche chers amis !

Le marionnettiste lève son verre, et toute la foule fait de même. Parfait. Maintenant, je suis sûre que tous ces abrutis vont boire leur punch.

- La semaine prochaine au congrès des innovations, présidé par l'un de nos membres. Nous pourrons enfin jouer nos cartes et renverser simultanément les gouvernements humains et elfes. Tout en faisant un véritable coup de force, puisque la reine Maève et un émissaire du roi Géro seront présents, et que l'évènement est hautement médiatisé. Je vous invite bien évidemment tous à être présents.

Je ne me sens pas bien du tout, la tête me tourne et j'ai envie de vomir. Les voix résonnent dans mon crâne avec une force qui ne devrait pas être autorisée. Il est bientôt 22 heures et je peux voir la foule se faire plus calme à chaque minute. Je me lève pour aller me servir un verre de punch. Les premières personnes s'assoient, les voix ne sont plus que des murmures. À la sono, le DJ a déjà piqué du nez. Je m'approche en titubant de la console, puis quand je suis suffisamment proche, je trébuche et m'écroule au sol, renversant copieusement ma boisson sur les installations électriques. Toutes les lumières s'éteignent brusquement. Je reste un instant allongée au sol. Avant que le courant ne saute, les caméras m'auront filmé, endormie au sol, je serais lavée de tous soupçons. Je me relève sans le moindre bruit dans une pièce ou je n'entends désormais que le son régulier de respirations. Je remets mon masque et rabat la capuche de ma cape sur ma tête. J'ai peu de temps, tout se joue maintenant. Je cours et prends les escaliers de secours, qui m'emmènent au cinquième étage. J'ai allumé une toute petite lampe qui me suffit à voir où je mets les pieds. Dans le couloir, je ne croise personne, et ça m'étonne un peu. Je passe devant la salle des caméras, où je pensais rencontrer de la résistance, et souris devant le cadeau que me fait le destin. La porte est entrouverte, et à l'intérieur, les deux gardes sont assoupis, un verre de punch à côté d'eux. J'avais déjà remarqué la tendance à la boisson de certains membres du personnel, mais qui aurait cru que ça se révélerait si utile ? Je prends une chaise et la lance dans les ordinateurs. Le temps qu'ils gèrent ça, j'aurais fait ce que j'ai à faire. Mes oreilles m'informent qu'il n'y a personne d'autre à cet étage. Crocheter les deux serrures du bureau du Baron se révèle être un jeu d'enfant, pour moi en tout cas.

À l'intérieur, il y a une multitude de dossiers. Je ne sais pas trop où chercher. Je prends d'abord l'ordinateur portable qui trône sur le bureau, puis fouille dans les tiroirs. L'un d'eux est fermé à clé. À tous les coups ce que je cherche se trouve dedans. Cette serrure-là est plus dure à ouvrir, mais j'en viens à bout. Il y a deux dossiers épais dedans, l'un d'eux étant un récapitulatif de transactions bancaires, et l'autre une liste des parts de différents associés dans une entreprise dont le nom ne me dit rien. Je suis presque que j'ai tout ce qu'il me faut. Il est temps de partir d'ici.

L'électricité n'est pas encore de retour, et même s'il s'est écoulé moins de dix minutes, j'entends du raffut à l'étage en dessous. Il me reste peu de temps avant que la lumière ne revienne. Je descends deux étages jusqu'à la sortie de secours, que j'ai indiquée aux jumeaux. Le niveau semble désert et un seul couloir me sépare de la sortie. Je cours.

le royaume des elfes 2-AuroraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant