le royaume des elfes 2-Aurora

chapitre 12

Quand je rentre de mon entraînement, je trouve mon père et ma mère en pleine discussion au salon. À la manière dont ma mère parle, je vois qu'elle se contient, mais qu'elle est énervée. Mon père de son côté semble fatigué, et supporte sans broncher l'agacement de ma mère.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? Je demande. Je sais que c'est risqué et qu'elle pourrait très bien m'envoyer balader, mais je suis curieuse.

Ma mère se tourne vers moi et pousse un profond soupire.

- Ta cousine, la fille d'Espéranza vient d'arriver au château.

Mon cerveau bloque, je ne comprends pas un mot de ce qu'elle raconte.

- Hein ? Mais je n'ai pas de cousine !

- Mais si, tu sais bien !

- Mais elle est morte juste après sa naissance !

- Non, ça, c'est la version officielle. Ajoute mon père, ce qui est courageux de sa part.

Ma mère le fusille du regard, comme s'il avait dit quelque chose d'interdit. Mon père lève les mains pour se rendre et sort de la pièce en me jetant un regard compatissant.

- Mais depuis quand vous savez qu'elle est en vie ? Je ne comprends rien !

- On a toujours su qu'elle n'était pas morte, mais on croyait que c'était une non-magique, alors elle avait été envoyé chez les humains.

- Et ? Qu'est-ce qui a changé ?

J'ai l'impression de devoir lui arracher chaque mot de la bouche, tellement elle se fait avare en informations.

- Tout a changé, elle a manifesté plusieurs pouvoirs. Célestina a été envoyée en mission pour s'en assurer, et l'a ramené hier.

La nouvelle est vraiment énorme, je m'assoie pour essayer de la digérer, mais ça ne veut pas passer.

- Ça veut dire qu'elle va avoir sa place dans la succession ? Je demande.

Ma mère semble aussi ressentir le besoin de s'asseoir et s'installe à côté de moi.

- C'est plus que probable. Dit-elle avec amertume.

Tout ce qui découle de ces quelques mots me terrasse. Je ne suis plus l'héritière de la couronne. Ma cousine, cette fille sortit de nulle part vient de me voler ma place.

Soudain je me retrouve au milieu de la foule. Pour la première fois je vois cette fille aux cheveux bleus. Ma mère m'avait dit qu'ils étaient blanc, mais ce genre de tare se cache facilement. Célestina l'accompagne comme le gentil petit toutou qu'elle est. Ma tante et mon oncle se trouvent juste à côté d'elle, et je la déteste pour les regards d'affection et de tendresse qu'ils posent sur elle, sans qu'elle semble même s'en rendre compte. Elle arrive comme ça et elle renverse tout, bouleverse tout. Pourquoi est-ce qu'elle ne pouvait pas rester morte à nos yeux ?

- Regarde comme elle est bien ici, comme un véritable poisson dans l'eau. Avec son diadème, ses parents, ses amis.

Ma mère s'est glissée à côté de moi et parait prendre beaucoup de plaisir à me torturer.

- Remballe-moi toute cette rage et sourit. Ce n'est pas le moment pour montrer tes émotions. M'ordonne-t-elle avant de s'éloigner vers mon père qui vient d'arriver.

Toute la soirée, je refoule toute la haine qui me traverse. J'admire ma superbe cousine, sourire, rire, rigoler avec tous ces gens que je connais depuis ma naissance, mais de qui je ne me suis jamais considérée proche. La manière dont elle sourit; à mon père, à Sana, aux jumeaux, à Acanthi, me dégoûte. Elle a cette manière de montrer qu'elle est nerveuse et intimidée, mais tout en paressant adorable, qui me donne envie de vomir.