Chapitre 12

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Point de vue de Mia

Dans la voiture, j'ai à peine le temps de fermer ma portière que ma mère démarre brusquement. Mon torse part légèrement en avant et je me dépêche d'attacher ma ceinture. Le silence est assourdissant, pesant et remplit de reproches non-dits qui me blessent plus que s'ils étaient énoncées à voix haute.

J'ai envie qu'elle me crie dessus, qu'elle s'énerve, qu'elle me dise à quel point je l'ai déçu. Mais ce n'est pas dans les habitudes de ma mère. Elle préfère se murer dans le silence et ressasser les conneries que j'ai faite. Sa réaction m'énerve encore plus que d'habitude. Je la trouve puérile de réagir ainsi alors je soupire de frustration.

Ma mère, tendue des pieds à la tête, ne tourne même pas la tête dans ma direction.

« - Tu ferais mieux de te faire petite Mia, déclare-t-elle avec sévérité. »

D'habitude, c'est ce que je ferais. Bon dieu, d'ordinaire dans une situation pareille, je me tairais et ramperais au près d'elle jusqu'à ce qu'elle me pardonne. Mais aujourd'hui, ma colère m'empêche de le faire. J'en ai marre de cette attitude silencieuse à chaque fois que je fais quelque chose qu'elle n'aime pas. Ce n'est pas comme-ci j'avais encore dix ans.

Mince à la fin, j'ai dix-huit ans et je devrais avoir le droit d'agir sans qu'on me juge constamment. Je suis bien consciente que ces motards ne rentrent pas dans la catégorie « bonne fréquentation ». Sauf que je ne peux pas non plus ne pas les croiser. Non seulement deux d'entre eux sont mes professeurs, mais je travaille dans le restaurant où ils mangent régulièrement.

« - On ne peut pas en parler au moins ? je finis par demander. »

Le silence est insupportable et je déteste quand ma mère me réprimande silencieusement. En fait, je ne supporte pas de la décevoir tout court. Seulement, je ne peux pas toujours être la jeune fille idéale qu'elle voudrait que je sois. Je ne suis pas elle.

Ma mère ne dit toujours rien et ma frustration atteint son apogée.

« - Parle à la fin ! je m'énerve. Dispute-moi. Engueule-moi. Cris moi dessus, je ne sais pas. Mais fait quelque chose ! Je t'ai déçu. Pas besoin d'être devin pour l'avoir compris.

- Alors si tu as tout compris. »

Rah ! Elle m'énerve avec son ton neutre alors que tout son corps transpire de colère.

« - Ce n'est pas possible d'être aussi énervante ! Tu ne peux agir en tant qu'adulte pour une fois et me dire les choses en face au lieu de les ruminer mentalement pendant les deux jours suivants. Je ne suis plus une gamine alors arrête de m'infliger ton silence comme une stupide punition et dis quelque chose. »

Sa tête tourne enfin dans ma direction. Elle vient de se garer devant notre maison et de couper le contact. Pourtant aucune de nous deux ne semble sur le point de sortir de la voiture. Je dois être maso. Néanmoins, je n'attends qu'une seule chose : qu'elle m'engueule. J'ai besoin qu'elle me cris dessus une bonne fois pour toute car je n'ai aucune envie de passer les deux jours suivants dans un silence mortel et remplis de reproches silencieux.

« - Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? finit-elle par déclarer. »

La déception dans son regard m'atteint avec une efficacité effrayante. Son calme apparent me frustre au plus haut point. Cris, je pense. Hurle moi-dessus mais arrête de prétendre que tout va bien. Cependant, cette fois-ci je ne le dis pas à voix haute. Cela ne servirait à rien.

Dépitée et bouillonnante de colère, je décide de sortir de la voiture. Ma mère ne m'engueulera pas de toute façon. Je claque la portière et me dirige d'un pas difficile jusqu'à la porte dentrée. Pour couronner le tout, ma cheville me fait un mal de chien.

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