Chapitre 42

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Point de vue de Mia

Je sens le couteau s'enfoncer dans mon ventre et ma terreur surpasse ma douleur.

Non ! Je ne veux pas mourir !

Mes yeux se baissent sur le manche du couteau qui dépasse de mon corps et l'une de mes mains se pose dessus. Du sang se met aussitôt à s'écouler autour de la lame qui, je le sais, sert de barrière. Le liquide imbibe mon t-shirt et sa chaleur me surprends.

Il ne faut pas que je retire le couteau.

Ce serait comme enlever le bouchon d'une bouteille qu'on tiendrait tête vers le bas.

Cependant, la panique m'ôte toute lucidité. La seule chose à laquelle je parviens à réfléchir pour le moment c'est que cette lame dans mon corps n'est pas normale.

Elle me fait mal.

Si je la retire peut-être que la douleur s'en ira en même temps quelle ?

Au fond de mes pensées, ma petite voix me hurle de ne pas y toucher.

Mais je n'entends que ma terreur me répéter inlassablement que ce couteau est la raison de ma souffrance. Même les cris et les coups de feu autour de moi restent au second plan.

Je suis consciente que de nouvelles personnes pénètrent dans notre cellule.

Cependant, cette soudaine agitation ne fait que redoubler ma peur. Et l'urgence de retirer ce couteau de mon ventre atteint son apogée alors sans plus y réfléchir, je tire sur le manche.

« - Mia non ! hurle une voix. »

Tiens, elle me rappelle quelqu'un.

Mais ce n'est pas possible. Les Demons l'ont tué.

J'ai assisté moi-même à sa mise à mort.

Ignorant la partie raisonnée de mon cerveau qui tente désespérément de me dire quelque chose, je m'aide de mes deux mains et tire brusquement sur le manche.

A l'instant où le couteau quitte mon estomac, plus rien ne retient l'hémorragie.

C'est alors qu'une pensée d'une lucidité inouïe traverse mes pensées embuées par la peur et la souffrance.

Je vais mourir.

A présent, le sang coule à flot hors de mon corps et la douleur, au lieu de disparaitre, redouble au point de me faire perdre l'équilibre. Mes genoux heurtent violemment le sol tandis que je tente naïvement de stopper l'hémorragie avec mes mains.

A travers la brume opaque de la douleur, je sens des gens m'entourer. La peur que ce soit des Demons venus me torturer à nouveau ne m'affecte même pas. Le sang qui recouvre peu à peu mes mains et mes avant-bras reste étrangement la seule chose à laquelle je parviens à penser pour le moment.

Une main retire alors les miennes de mon estomac tandis que d'autres m'allongent sur le dos. Je n'ai pas la force de les combattre, ni l'envie. Plusieurs personnes se mettent à me toucher et je les laisse faire.

Je ne parviens pas à comprendre un traitre mot de ce qu'ils sont en train de hurler. C'est une piqure sur le dos de ma main qui me sort légèrement du brouillard inconscient dans lequel j'ai l'impression de couler plus que de nager.

Mes yeux s'ouvrent (tiens, je n'avais même pas conscience de les avoir fermés à un moment donné) et je souris en reconnaissant le visage penché avec inquiétude au-dessus du mien. Mais c'est étrange parce que je voix des larmes couler le long de ses joues.

Fronçant les sourcils, je lève difficilement l'un de mes bras.

La douleur me rappelle que je ne suis pas vraiment en état pour ce genre de mouvements. Cependant ma volonté l'emporte et ma main parvient à atteindre son visage, non sans difficulté.

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