Dragons Reaper

Chapitre 40

Point de vue de Mia

« - Il est là. »

Malgré la poussée d'adrénaline que ses trois mots engendrent dans mon organisme, je me force à déposer doucement le plateau remplis de verres sur le comptoir. Ce n'est pas le moment de se faire remarquer en le lâchant par terre.

Leurs regards sont déjà fixés sur moi. Evitons de leur donner une raison supplémentaire de me prêter attention.

Purée. Si cette soirée ne se termine pas en catastrophe, ce sera un miracle.

Dès l'instant où nous avons découvert la file de moto garées sur le parking du restaurant, j'ai compris que nous allions avoir un problème. Soph' m'a proposé d'assurer le service pour nous deux. Mais ne pas travailler, ce n'est pas comme sécher un cours.

Daisy, Cliff et Joe sont des gens bien qui comptent pour moi et je refuse de les décevoir.

Même si pour ça je dois encore endurer plusieurs heures les regards suspicieux de tous les membres des Dragons Reaper.

« - Je n'arrive pas à y croire, se plaint Soph'. Pratiquement un mois et demi qu'on attend qu'il réapparaisse et il faut que ce soit le soir où tous les bikers décident de se pointer ici. Après deux mois à éviter cet endroit comme la peste, ils ont choisi le pire moment pour y revenir. On est maudites !

- Pourtant, je n'ai pas touché à une seule bouteille de jus de pomme, je tente d'alléger l'atmosphère. Même le midi ou le soir, je n'ai pas pris le risque de boire un verre de jus de pomme depuis deux mois. »

Mission réussie. Ma meilleure amie secoue la tête en rigolant et j'aperçois la panique s'évaporer de son regard.

De sa cuisine, Joe nous interpelle car de nouveaux plats sont prêts à être servis. Je profite de passer devant le bar pour tourner la tête vers l'entrée.

Il est là.

Enfin.

Cliff l'accueille et l'installe à l'opposé des tables où les bikers sont installés. Exactement ce que nous lui avions demandé de faire si une telle situation se présentait. Le clin d'il que ce dernier m'adresse lorsqu'il croise mon regard en train de l'observer m'arrache un demi-sourire.

Notre collègue n'a aucune idée de ce que nous fabriquons. Mais lorsque nous lui avons expliqué que parler à cet homme était primordiale pour nous, il a juste accepté.

Aussi simplement que ça.

Joe commence à déposer les assiettes sur nos plateaux. A la vue des burgers qu'il met sur les miens, mon ventre se noue car je devine immédiatement pour qui ils sont.

« - Tu veux que je m'occupe de leurs tables ? me propose Soph. »

Bien évidemment, ma meilleure amie sait ce que je ressens à l'idée de leur faire face. Je préférerais être privée de roller pendant un mois que de devoir me retrouver devant eux. Ce n'est pas qu'ils me font peur. Ça n'a jamais été un problème étant donné l'instinct de survie désastreux qu'est le mien.

Ce qui me terrifie, c'est de ne pas réussir à garder la tête froide et mes émotions sous contrôle.

Ce n'est pas seulement Ice, Wolf ou Ginger. Non. Il y a littéralement tous les bikers du club présent ce soir.

Malgré tous mes efforts, je sens l'angoisse monter peu à peu et s'emparer de mon corps. Mes jambes se mettent à trembler légèrement. Mes mains deviennent moites. Mon rythme cardiaque s'accélère. Les bruits qui m'entourent disparaissent et seul ma respiration parvient à mes oreilles. Cette sensation de disparaitre sous le poids du stresse réapparait.