Chapitre 6

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Point de vue de Ice

Assis dans mon bureau, j'attends que mon vice-président se décide enfin à arriver. C'est pas vrai, qu'est-ce qu'il fout ? Une demi-heure de retard déjà, il se fiche de moi. Pourtant il sait que je ne suis pas patient.

On toque à ma porte. Ce n'est pas mon meilleur ami, il est le seul à ne jamais avoir frappé une seule fois. Disons que Wolf ne connait pas ce principe et ceux depuis notre enfance. A l'époque où mon père était le président déjà il ne frappait pas à la porte. Les souvenirs des raclés qu'il se prenait me fait esquisser un sourire intérieurement. C'est le maximum que je puisse faire. Les autres ne me surnomme pas Ice pour rien. Je suis de la glace, à l'extérieur comme à l'intérieur, aucune émotion ne transperce sur mon visage ou dans mes yeux.

Les sentiments ne servent à rien à part à nous faire souffrir. Je les appris de la pire des manières et je ne compte pas réitérer l'expérience. A présent, je suis un bloc de glace. Insurmontable, incasable et inviolable. La seule chose qui m'importe dans la vie c'est mon club et mes frères. Le reste n'est que du détail.

« - Entrez, je crie à l'imbécile qui frappe comme un demeuré à ma porte. »

Cette dernière s'ouvre sur Ink. Le visage furieux du tatoueur du club me surprend. D'ordinaire taciturne, cet homme ne s'énerve pas souvent. Surtout depuis le suicide de sa sœur, il y a deux ans. Ink est totalement renfermé sur lui-même et ne laisse personne l'approcher. A part les mecs du club bien sûr, mais là aussi j'ai remarqué son absence total de discussion et il ne touche plus au brebis.

Le voir dans cet état est donc aussi déroutant qu'encourageant. La colère reste une émotion après tout. Le tatoueur va droit au but. Il claque la porte, s'avance jusqu'à mon bureau et me hurle presque dessus.

« - Tu m'as inscrit à cette putain d'université pour que je donne des cours de tatouage à des gamins prépubère qui ne connaissent absolument rien à l'art et veulent juste s'amuser ! »

Ce n'est pas une question. Maintenant, je m'en rappelle en effet.

Aussi surprenant que cela puisse paraitre, j'enseigne à l'université du coin. Le directeur est une connaissance qui a eu une importance dans ma vie à une certaine époque. Quand il m'a proposé un poste de professeur d'espagnol, il était dans la merde. Je parle couramment cette langue et les gamins ne me cherchent jamais de noise alors j'ai accepté. Ce qui devait être temporaire, c'est soldé sur du long terme. Ça fait à présent six ans que je suis professeur et, étrangement, cette partie-là de ma vie est devenue importante.

Lorsque le directeur m'a parlé de son envie de développer ses cours d'art, je lui ai proposé de créer des cours d'initiation aux tatouages. Il a été ravi. J'ai donné le nom de Ink pour être le tuteur. Bordel ça remonte à trois ans. La première année, il m'a annoncé que cette spécialisation existait bel et bien désormais, mais personne ne s'y était inscrit. Contrairement aux cours d'espagnol, ceux de tatouages ne sont pas obligatoire donc aucun élève n'a accepté d'étudier aux côtés d'un biker.

Mais apparemment, cette année s'annonce différente.

« - Une gamine, je vais devoir me coltiner une gamine de dix-huit piges deux heures par semaine à cause de cette connerie, continue-t-il de s'énerver. »

Je frappe mon bureau de mon poing ce qui a le mérite de le faire taire. Une lueur de compréhension passe dans ses yeux quand il se rappelle à qui il s'adresse. Je suis son président et, d'autre dans mon cas, lui aurait déjà envoyé une bonne droite pour le remettre à sa place.

Mais je ne suis pas non plus un enfoiré sans cœur. Mon frère a vécu deux années atroces. Président, ne signifie pas dictateur. Il y a trois ans, il aurait sans doute pris la nouvelle différemment. Il aurait ronchonné au début, c'est sûr. Néanmoins, il aurait pris le temps de réfléchir à la proposition. Aujourd'hui en revanche, son refus est clair. Malheureusement, si une élève s'est inscrite, il va être obligé d'assurer les deux heures de cours. Au moins une fois

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