Chapitre 5

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Point de vue de Mia

« - Tu peux m'expliquer ce qu'il vient de se passer ? m'agresse Sophie. »

Elle vient de nous enfermer dans les toilettes à l'arrière du magasin. La gérante doit nous prendre pour des folles impolies. Ma meilleure amie nous a quand même fait traverser le magasin comme si le diable était à nos trousses. J'ai juste eu le temps de sourire à la dame d'un certain âge derrière la caisse qu'elle me faisait rouler dans cette pièce étroite.

Les mains sur les hanches, elle me fusille du regard attendant une réponse de ma part. Je monte sur le rebord du lavabos et échange mes patins avec mes baskets en levant les yeux au ciel.

« - J'en ai aucune idée. Peut-être qu'ils ne voulaient pas risquer de nous toucher. Ils étaient nombreux et nous en plein milieux de la route. »

Je l'observe méditer mes paroles et en profite pour réfléchir à mes propres préoccupations. Je ne suis pas stupide et, bien qu'il n'y en n'avait pas dans notre ancienne ville, je sais très bien que ces hommes font partis d'un club de bikers. Le 1% accroché à leur cuir m'apprends même qu'ils ne sont pas de simples fans de motos et de vêtements en cuir. Oh non, ces hommes sont des hors-la-loi et il ne m'aura fallu qu'une après-midi dans cette ville pour avoir déjà attiré leur attention.

Espérons que cela s'arrête là. Je n'ai pas spécialement envie d'avoir des problèmes avec des personnes de leur trempe. J'ai déjà parlé de ma mort et bien sachez qu'une balle dans la tête n'est pas non plus ce que je m'imagine pour finir ma vie.

Je parle de tout ça à ma meilleure amie qui finit par éclater de rire.

«- Sérieusement, il n'y a qu'à nous deux qu'un truc pareil pouvait arriver, déclare-t-elle hilare. »

C'est pour ça qu'on s'entend aussi bien toutes les deux. Nous sommes folles. Là où d'autres seraient effrayés, nous nous rions comme des demeurés. Je vous jure qu'on n'a pourtant jamais touché à la drogue. Mais que voulez-vous, nos parents ont dû nous bercer bien trop près des murs quand nous étions bébés. Je ne vois pas d'autres explications.

« - Bon allez, sortons d'ici ! je m'exclame en refermant mon sac à dos. »

Des sourires de débiles sur nos visages, grisées par la montée d'adrénaline et de stress précédente, nous nous baladons entre les allées à la recherche de notre repas de ce soir. Nous pensons d'abord à ma mère à qui nous prenons un sandwich, une salade et un cupcake trop chou avec un papillon multicolore en guise de glaçage. De notre côté, nous jetons notre dévolu sur une pizza quatre fromages et plusieurs paquets de bonbons.

Je hausse un sourcil en direction de ma meilleure amie quand je la surprends à attraper un paquet de marshmallow.

« - Tu as vu l'effort titanesque que j'ai fait tout à lheure ? se défend-t-elle. J'ai dû perdre au moins trois kilos.

-Au moins, je me moque d'elle. »

Elle me donne un coup de coude. Je secoue la tête, exaspérée autant qu'amusée. Cette fille pourrait manger trois paquets de ces cochonneries qu'elle ne prendrait pas un gramme.

« - J'aimerai avoir ta morphologie, je geins.

-Oh je t'en pris Mia, tu es encore plus fine que moi. Tes quinze ans de gymnastique sont gravés dans ton corps.

-Je cours quand même encore tous les jours, sans compter les exercices de souplesses et le renforcement musculaire.

-Personne ne t'oblige à t'infliger cette torture. Pourquoi tu ne viendrais pas à la piscine avec moi ? »

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