Dragons Reaper

Chapitre 2

Deux mois plus tard

« - Tu as fini tes cartons ma puce ? »

La question de ma mère me sort de mes pensées. Appuyée dans l'encadrement de la porte de ma chambre, elle me regarde avec indulgence. Ses traits sont tendus et amaigris. Les deux derniers mois n'ont pas été de tout repos pour elle.

Après la révélation à l'hôpital, maman m'a ordonné d'aller chez Sophie et d'y rester toute la nuit. Jai refusé et bataillé pour rester à ses côtés. Je voulais être là pour la soutenir. Mais elle m'a dit que c'était sa bataille et qu'il fallait qu'elle la gagne par elle-même. C'était son mari et son mariage auquel elle allait mettre une fin définitive.

La soirée et la nuit ont été les plus longues de toute ma vie. Je n'ai pratiquement pas dormi, mon cerveau ne voulait pas se mettre sur pause. Fatiguée, mais incapable de m'endormir, j'ai pu compter sur le soutien de Sophie. Elle a essayé de me changer les idées avec nos films tabous. Ceux que personne ne doit savoir qu'on adore : les Barbie. C'est tellement toute notre vie. Il n'y a pas une seule soirée entre meilleures amies sans au moins un film Barbie.

Malheureusement, pour la première fois leur effet réconfortant n'a pas fonctionné. Vers deux heures du matin, j'ai fini par craquer. Soph' ne m'a pas lâché une seule seconde tandis que je purgeais ma peine à coup de violents sanglots.

Le lendemain, je suis rentrée à la maison avec le cœur au bord des lèvres. Je ne voulais surtout pas croiser mon père. J'aurais été incapable de lui dire quoi que ce soit. Par chance, il n'était pas là. Ma mère m'attendait dans le salon. Ses yeux étaient rouges et gonflés d'avoir trop pleuré, dans le même état que les miens. Mais ni elle, ni moi n'avons commenté ce fait. A la place, elle m'a expliqué qu'ils allaient divorcer et qu'on allait déménager. Le temps qu'il nous faudrait pour trouver un endroit où vivre, mon père acceptait qu'on reste habiter ici.

Quelle générosité de sa part ! Par la même occasion, on a donc découvert que monsieur avait un appartement en ville depuis trois ans. Comme quoi, lorsqu'on croit qu'on sait tout, il y a encore des petits secrets qui pointent le bout de leur nez.

Le seul point positif dans cette histoire, c'est le divorce. Mes parents n'avaient pas fait de contrat de mariage. Du coup, tout est divisé en deux parts égales. Maman mérite bien la moitié de son compte épargne exorbitant après tout ce qu'il lui a fait subir. Elle a songé refuser de se battre au début. Elle ne voulait pas que ce soit encore plus difficile et compliqué. Mais je le lui ai interdit. Merde, elle n'a rien fait de mal dans cette histoire alors pourquoi elle devrait encore une fois le laisser gagner.

Mary était d'accord avec moi et à nous deux nous l'avons convaincu de ne pas se laisser faire. Résultat, tout sera bien équitable entre eux, au niveau de l'argent au moins.

Après avoir longuement discuté, nous nous sommes mises d'accord pour déménager loin de cette ville. De toute façon, j'ai terminé le lycée et Sophie va à la même université que moi. Elle se trouve au Texas, dans une ville ni trop petite, ni trop grande. Donc, personnellement, rien ne me retenait ici. Pour ma mère, ça a été un peu plus compliqué. Elle a parlé avec son chef qui a finalement accepté de la laisser partir quand il a vu à quel point rester ici la tuait à petit feu.

Quitter Mary serait difficile. Mais si les avions et les téléphones existent, c'est bien pour des situations comme celle-ci.

Alors me voilà, en train de mettre ma chambre et toute ma vie dans des cartons. Nous emportons nos affaires et quelques meubles car la maison que nous avons trouvée n'est pas meublé. Un nouveau départ nous attend. Sophie va même habiter avec nous, pour notre plus grand plaisir et le sien. Nous devions partager une chambre universitaire. Mais maintenant qu'on va avoir un pied à terre dans cette ville, à seulement une trentaine de kilomètres, autant en profiter pour économiser de l'argent. Les études sont déjà assez chères. Même si maman va percevoir une somme conséquente d'argent d'ici quelques mois, je préfère ne pas y toucher.