Chapitre 10

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Première journée de cours, première fois de toute l'histoire de mes rentrées scolaires à laquelle j'assiste avec une boule au ventre. Sophie et moi nous avons longuement discuté hier soir. De mon père, de la gifle, de la rentrée et des motards. Autant dire qu'on n'a pas éteint avant une heure du matin. Pas très sérieux la veille de la reprise des cours, mais on avait pas mal de chose à rattraper.

Verdict :

- Elle a envie d'attaquer mon père en justice (ce à quoi je m'attendais de sa part)

- Elle veut que je parle de ce baiser avec Max (ce à quoi je m'attendais également de sa part)

- Elle m'a assuré que rien ne changerait notre amitié, pas même l'université (pas une surprise)

- Elle croit que les motards ne nous veulent peut-être pas du mal et qu'on devrait leur laisser une chance (gros choc, j'en ai renversé mon verre d'eau).

Je lui ai rappelé qu'on ne parlait pas de « donner une chance » lorsqu'il s'agit d'un club de motard. Mais elle n'a rien voulu savoir. Selon elle, ils n'ont finalement rien fait jusqu'à présent qui devraient nous pousser à nous méfier et à nous tenir loin d'eux. J'ai essayé de la raisonner en évoquant les divers trafics, les meurtres et les bagarres. Cependant, rien n'a fonctionné. Nous n'aurons plus qu'à attendre que l'un d'entre eux déconne pour qu'elle revienne à la réalité (en espérant que cela n'inclut pas la mort d'une personne et encore moins l'une de nous).

Enfin bon, après un petit déjeuné bien trop copieux, nous avons failli rater notre bus. Heureusement, par je ne sais quel miracle, le feu juste avant notre arrêt est passé au rouge nous permettant de l'atteindre à temps. Arrivées à l'université en avance, Sophie m'a proposé qu'on se prenne un café avant de rejoindre nos classes respectives. Comment refuser une gorgée de ce doux nectar qu'est le café ?

Et me voilà, huit heure vingt-cinq, assise sur l'une des nombreuses places de l'amphithéâtre de mille personnes. Mon cahier ouvert devant moi, mon stylo débouché prêt à être utilisé et les jambes qui tremblent tellement que je suis bien contente d'être assisse.

Située à la place la plus à gauche et en haut de l'amphi, pour le moment personne ne s'est installé à ma rangée. Le professeur m'a d'ailleurs regardé d'un drôle d'air tandis que je m'installais. Quand il ferme la porte une fois l'heure du début du cours arrivée, je comprends mieux pourquoi. Nous devons être une centaine à tout casser. En gros, je suis en train de passer pour la plus grande associable que ces jeunes n'ont encore jamais rencontré.

« - Salut ! »

L'intervention de cette personne que je n'avais pas encore vue me prends par surprise. Un élève s'est assis juste devant moi. Légèrement tourné dans ma direction, il me tend un bouchon de stylo avec un sourire discret mais qui parait sincère. Enfin, je pense.

« - Je crois que cela t'appartient, déclare-t-il à voix basse.

- Euh....merci. »

Je réponds sur le même ton en attrapant le bouchon de mon stylo dont je n'avais même pas remarqué la soudaine absence. Bravo, miss tête en l'air est bien présente ce matin.

« - Au fait, je m'appelle Jalen, se présente-t-il. »

Le professeur arrive à notre niveau, deux pochettes épaisses à la main. Il en distribue une à chacun de nous deux, tout en secouant la tête un petit sourire aux lèvres.

« - Pour le prochain cours, essayez de vous rapprocher un peu de vos camarades. Je sais que les artistes ont besoin d'espace pour laisser exprimer leur créativité. Mais là vous allez m'obliger à utiliser le micro et comme nous ne sommes pas nombreux, ça va horriblement raisonner dans toute la pièce, nous avoue-t-il sur le ton de la confidence. Votre mal de tête en fin de matinée sera un bon avertissement pour les prochaines fois. »

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