Dragons Reaper

Chapitre 14

Point de vue d'Ice

J'ai un putain de problème.

Assis sur mon lit, une clope à la bouche, j'observe avec indifférence la brebis assoupie à mes côtés. Après l'apparition de la mère de la gamine, nous sommes rentrés au club avec mes frères. Une fête s'était organisée et nous sommes arrivés en plein rush. L'alcool coulait à flot, les brebis étaient pratiquement toutes à poils et certaines se faisaient déjà baisé aux yeux de tous. D'ordinaire, ce genre de spectacle m'aurait laissé complétement indifférent. Si j'étais en manque, j'aurais même participé.

Pourtant ce soir-là, pour la première fois depuis une éternité, j'ai entendu sa voix dans ma tête. J'ai ressentie le dégoût qu'elle aurait forcément éprouvé en plein milieu de cette débauche. Sa colère est devenue la mienne, bordel qu'est-ce qu'elle foutait à nouveau dans ma tête ? J'ai donc attrapé la première brebis qui passait et l'ais emmené direct dans ma chambre.

Wolf m'a lancé un regard perplexe car ce n'est pas dans mes habitudes de partir si rapidement faire mon affaire. D'habitude, je me serais posé avec lui et les gars pour profiter du spectacle et descendre quelques bières. Mais pas ce soir. Il fallait que je la fasse sortir de mes putains de pensées et vite. Il fallait que je l'oubli. Bordel, c'était vital au risque de replonger tête la première dans mes putains de démons.

Durant une minute, j'ai cru que coucher avec cette femme avait fonctionné. J'ai sombré dans les ténèbres pour me réveiller à peine une demi-heure plus tard au son de sa voix. Elle s'était infiltrée dans mes rêves comme elle le faisait il y a des années.

Merde. J'écrase ma cigarette dans le cendrier pleins à déborder. Puis je découvre avec dépit que c'était la dernière de mon paquet. Je me suis enfilée tous ce qui me restait en quelques heures. Une rapide inspection dans ma table de chevet me confirme que je n'en n'ai plus aucune à disposition.

Fais chier. J'ai besoin d'une autre clope. Maintenant.

Sur les nerfs, je sors de mon lit et quitte ma chambre. La brebis encore dans mon lit se réveille aux bruits de la porte et j'en profite pour lui dire de dégager. Pas surprise, elle m'obéit et je referme la porte à clé derrière nous. Autant j'ai confiance en tous mes frères, autant ce n'est pas la même chose avec ces femmes. Etre sournoise et calculatrice font partie de la personnalité de la majorité d'entre elles. Celles qui espèrent encore que l'un d'entre nous en fera un jour sa régulière. Si elles n'ont pas encore compris qu'elles ne rentreront jamais dans cette catégorie de femme à nos yeux, ce n'est pas ma faute.

En attendant, elles nous servent bien. Ce genre de pensée peut me faire passer pour un connard sans-coeur. J'assume. Tous les habitants savent déjà en ville que je suis un enfoiré de bikers.

« Ce n'était pas le cas de tout le monde, me susurre cette putain de voix dans mon inconscient. Et ce n'est toujours pas le cas aujourd'hui. »

La gamine.

Cette fille est un mystère à mes yeux et une sérieuse complication pour ma santé mentale. Sa compagnie provoque des trucs étranges en moi et je ne suis pas sûr que ce soit une bonne chose. Elle réveille des trucs dont je croyais m'être débarrassé depuis une éternité. Le retour de cette voix dans mes rêves et même complètement réveillé en est une preuve irréfutable.

Cependant, ce n'est toujours pas suffisant pour me pousser à prendre mes distances avec Mia. Cette gamine me plait. Pas dans un sens sexuel. Bordel, je suis peut-être un salopard sans-cœur avec les femmes. Mais jamais quelqu'un pourra me traiter de pédophile. Il y a des limites, même pour des gens comme moi.

De retour au rez-de-chaussée, certains des gars se sont endormis sur les canapés avec des brebis nus à leur côté. Les autres ont dû choisir l'intimité de leur chambre pour finir la soirée. Tous les gars en ont une à disposition au club. Cette baraque sur trois étages est largement grande pour accueillir tous les membres du club et ceux d'autres chapitres sans problème.