BLUE HAIRED NYMPH BOY

1.

-C'est le village des nymphaë dont je vous ai parlé, maître !

Ma recherche en quête du Cerf m'a conduit tout droit sur ces terres. Plus précisément dans ce village perdu au beau milieu du royaume de Lastalcia. Cet endroit est exactement comme je l'avais imaginé : perdu en pleine forêt, le peuple nymphaë vit au milieu d'autres créatures, dans les champs entourés de lacs et rivières. Un endroit un peu trop bucolique pour quelqu'un comme moi. Pourtant, je peux sentir une aura maléfique émaner de cet endroit. En échange de leur sang et autres rites sacrificiels, les nymphaë bénéficient de la protection des démons. Souvent pris pour cible, elles n'ont aucune chance face aux autres espèces. Cependant, je ne suis pas venu ici pour goûter à ce mets délicieux. Ce que je recherche est bien plus délicat, unique et essentiel au bon équilibre de mes pouvoirs.

Sous ma longue cap, se cache en réalité une créature bien plus affreuse que tous ces monstres qui veillent sur ces nymphaë. Mon bras droit me permet d'avaler le pouvoir des divinités et de maintenir ma magie éveillée. Et pour en avoir goûté plus d'une, il paraît que la divinité du Cerf est la meilleure de toute. Si j'arrive à obtenir son pouvoir, alors je pourrais...

-D'après nos informations, la divinité du Cerf se trouve au sommet de cette montagne, maître.

Drimir mon familier, appartient à une espèce naine de dragon qui m'accompagne toujours lors de mes voyages. Un peu trop enjoué pour le vieux démon que je suis, il a réussi à me mener sur une piste sérieuse. Il ne serait donc pas étonnant d'y rencontrer le Cerf dans un endroit aussi propice. Les nymphaë permettent souvent de maintenir l'équilibre entre les Dieux et ceux qui existent et cette impression que j'ai depuis tout à l'heure semble confirmer mes doutes. À force de dévorer les divinités, j'arrive à ressentir leur présence mais celle du Cerf est faible. Trop faible pour que je perçoive le chemin exact qui mène jusqu'à sa cachette.

- Le Cerf ne se montrera qu'à la pleine lune rose.

Ce qui nous laisse encore un peu de temps avant son apparition. Comme je ne peux pas me présenter à une auberge à cause de mon apparence, je trouve un endroit un peu éloigné pour me reposer. Je reste contre un arbre, les bras croisés à observer le village en attendant l'arrivée de la pleine lune rose. Les nymphaë sont des êtres étranges avec leurs longs cheveux blancs qui sont capables de s'unir à toutes les natures possibles. À cause de cette compatibilité, elles sont souvent prises pour cible. Beaucoup d'entre elles sont mortes dans des circonstances dramatiques. De là où je viens, il n'en existe plus et le peu qu'il en reste vive sous la protection de rois. Ce village n'échappe pas à cette règle et beaucoup ignore l'origine de toute cette mascarade.

Quand leurs premières chaleurs s'éveillent, les nymphaë sont dans l'obligation de quitter le village et de se marier pour perpétuer leur espèce. C'est le destin qui attend chacune d'entre elle qui vit ici.

-Une nymphe ! S'exclame Drimir qui s'agite sur mon épaule. Elle semble s'éloigner du village, maître !
-...

Quand je relève la tête, je croise une petite nymphe égarée. Quand je décroise les bras pour l'observer, je tombe probablement sur l'être le plus magnifique qui m'ait été donné de voir. Elle est différente des autres avec ses longs cheveux teintés... je ne peux m'empêcher d'être indéniablement attiré par elle et de la suivre. Même si je ne m'en approche pas afin de ne pas me faire repérer, je la vois accompagner d'une fée, tenant contre elle une lanterne magique.

-Cette fée ? prononce Drimir.
-Tu la connais ?
-N-Non... répond-t-il, mais elle est si jolie.

Et moi, c'est cette autre petite créature que je trouve magnifique.

-Cette lumière ?

Cette lanterne renferme le pouvoir aux esprits maléfiques. Cette lueur chasse les ténèbres qui entourent cette partie de la forêt. Si je m'en approche, je risque de me brûler la peau et les dévoreurs comme moi y sont assez sensibles.

-Qu'est qu'elle fait ici à votre avis ?
-Je ne sais pas mais la pleine lune rose est sur le point de commencer, lui réponds-je. Suivons là.

Cette nymphe ? Ce pourrait-il qu'elle soit elle aussi à la recherche du Cerf ?

Voici une occasion unique de mettre la main sur la divinité et de m'emparer de son pouvoir. Avec Drimir, nous continuons alors à les prendre en filature jusqu'à ce que la lune devienne rose. Le ciel prend alors une teinte ombrée, mélangeant des couleurs assez foncées qui ne font presque plus qu'une.

-Ah !

Quand nous entendons la nymphe crier, je m'apprête à lui venir en aide avant de simplement constater qu'elle était maladroite. En même temps, quelle idée De s'aventurer dans un tel endroit alors que les ténèbres sont sur le point de nous avaler. Pourquoi est-ce que la divinité du Cerf n'utilise pas ses pouvoirs pour nettoyer cet endroit et lui rendre son éclat ? Quelque chose ne va pas dans cette histoire.

- Maître, attention !
- Quoi ?

Quand je me retourne, je me retrouve prisonnier de ronces. Mes jambes sont prises en otage ainsi que mes bras. Drimir tente alors de brûler les ronces solides mais il manque de puissance quand il crache son feu. Les cris du dragon attire alors la nymphe qui s'empresse de venir jusqu'à moi avec sa lanterne. Un instant, le monde s'arrête de bouger quand nos regards se croisent. Je peux parfaitement détailler son visage grave à la lumière de sa lanterne. Je ne sais ce qu'il voit à travers, ni si mon visage l'effraie mais quand il se met à bouger, ce n'est que pour se servir de sa lumière pour chasser les ronces.

-Maître, vous êtes saint et sauf !

Drimir a les larmes aux yeux quand il se jette sur moi pour s'assurer que je sois bien vivant. Je regarde dans mon dos les ronces s'éloigner alors que je rejette ensuite mon regard sur cette nymphe. Il s'agit d'un mâle si j'en juge ses oreilles légèrement plus pointues et ses vêtements. Je peux d'ailleurs découvrir que ses cheveux sont effectivement plus teintés et qu'ils sont bleus.

-Quel est ton nom ? Ose-je demander à mon petit sauveur.
-R-R...

Nous sommes subitement envahi par une puissante lumière qui nous éblouit complètement. Lorsqu'un vent violent se lève, je rattrape in extremis le garçon au corps frêle pour qu'il ne soit pas emporté par la tempête. Drimir et la petite s'accrochent à nos vêtements jusqu'à ce que le calme revienne. En rouvrant alors mes yeux, je réalise que nous avons finalement atteint le sommet de la montagne et que la lune rose est juste au dessus de nous. Tout près, se tient un être de lumière fragilisé, incapable de se relever sur ses pattes.

-Divinité du Cerf ! S'écrie alors la nymphe en s'écartant de mes bras. Vous êtes blessée !

Il vole à son secours en prenant gentiment sa tête entre ses mains pour la poser sur ses cuisses. Je regarde cette scène, incapable de rejeter mes yeux de ce doux spectacle.

-Maître, c'est le moment !

Drimir me ramène effectivement à mes obligations. Je défais alors ma cap pour la laisser glisser à mes pieds et m'avance jusqu'à la nymphe.

-Écarte toi, gamin.
-Huh ?

Quand je lui présente mon imposant bras, il comprend tout de suite que je ne suis pas son allié. Il resserre son emprise autour de la bête légendaire afin de la protéger.

-J-Jamais je ne vois laisserai faire du mal à notre divinité !
-Je t'ai demandé de t'écarter !

Quand je m'apprête à l'attraper par la tête, mon bras est soudainement bloqué par la magie de cette fée.

-Belle !

Ainsi donc, elle s'appelle Belle ? Une pichenette me suffit pour l'envoyer dans les roses et ne plus voir son regard de mère protectrice. Je m'approche une nouvelle fois alors vers ce garçon mais très vite, je m'arrêt quand il me présente la lumière de sa lanterne. Mon corps y est sensible et tout de suite, je recule pour ne pas être affecté par cette magie. Pour la première fois, quelqu'un me tient tête alors que j'ai la force de l'écraser entre mes main. Cette nymphe est pourtant terrorisée, ses mains tremblent, ses doigts peinent à garder la poignée qui retient la lumière.

-Drimir, on y va. Dis-je tout simplement en récupérant ma cap.
-Oui, maître !

Un dernier regard sur la nymphe, je m'en vais en préférant en rester là.

Ce n'est que partie remise, je reviendrai à ta rencontre.