CHAPITRE 15

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CHAPITRE 15

Une saison après Paris

L'hiver n'est plus qu'à quelques jours de nous désormais et je peux le ressentir dans chaque cellule de mon corps. Quelle idée de venir se promener à la plage un après-midi de décembre ! Mes mains sont gelées autour de la longe qui me rattache à Athéna. Jeane et Ulysse marchent à mes côtés avec Jolker et Polie, la jeune jument qui lui tient compagnie depuis le début de sa convalescence.

L'hiver est la meilleure période pour venir sur la plage avec les chevaux. Dès que le froid s'installe, la plage est désertée et nous pouvons en profiter pleinement. C'est Jeane qui a proposé cette petite virée, il y a un peu plus d'une semaine. Après l'épisode de colique d'Athéna, j'ai passé beaucoup de temps avec elle et j'ai essayé de l'habituer à toute sorte d'environnement. Le plus difficile a été de lui faire découvrir l'eau. Mon dieu ce que c'était effrayant !

Nous avions rencontré le même problème avec Polie quelques semaines plus tôt et la solution s'est révélée intéressante. C'est Jolker, le petit poney borgne, mais courageux, qui a fini par lui montrer qu'elle pouvait marcher dans l'eau sans en mourir. Nous avons essayé de faire la même chose avec Athéna et, visiblement, Jolker est un très bon professeur. Après qu'Athéna ait enfin accepté de traverser le petit ruisseau qui coule à travers les prairies, Jeane a jugé qu'elle était prête pour la grande étape : la mer. C'est toujours de l'eau, mais les vagues ajoutent toujours un côté effrayant.

Nous voici donc à marcher sur le sable, nos écharpes autour du cou et nos bonnets enfoncés jusqu'aux oreilles, avec trois chevaux, la crinière au vent. Nous approchons petit à petit du bord de mer et je sens que Jolker commence à accélérer au côté de Jeane.

La première vague vient nous lécher les pieds et les deux juments reculent brusquement. La confiance qu'elles ont en nous fait qu'elles ne cherchent pas à s'enfuir pour autant. Jolker, lui, n'a pas bougé, il continue même d'avancer contre les vagues. Jeane se retrouve bientôt avec de l'eau jusqu'aux genoux.

— Je me sacrifie pour vous alors faites un petit effort les filles, lâche mon amie en grimaçant.

— Elle est bonne ? ris Ulysse.

Il se ravise rapidement lorsque Polie commence à prendre de l'assurance et se rapproche de l'eau. Elle baisse sa tête pour renifler l'eau salée. Une petite vague vient frapper ses sabots et elle ne s'en préoccupe pas. Elle entrouvre légèrement les lèvres pour goûter l'eau et se ravise aussitôt. Nous rions. Elle finit par rejoindre Jolker et c'est au tour de Jeane de se mettre à rire en voyant la tête d'Ulysse, frigorifié.

Il ne reste plus que ma Athéna. Je sens qu'elle est nerveuse à côté de moi alors je lui parle d'une voix rassurante et lui caresse l'encolure pour lui faire comprendre qu'elle n'a rien à craindre.

Après plusieurs minutes, j'en viens à me dire que ce ne sera pas pour aujourd'hui. Je ne peux pas forcer mes amis à rester dans l'eau pendant des heures. Jolker, lui, semble apprécier ce moment. Il se met à frapper l'eau de son sabot et continue de plus belle quand il se rend compte que ça lui permet d'éclabousser ceux qui se trouvent autour de lui.

Je ris devant cette scène irréelle et je ne perçois pas tout de suite qu'Athéna a fait un pas en avant. Ulysse me regarde avec de grands yeux pour attirer mon attention. J'observe la jument avancer encore un peu. Un pas, puis encore un autre. Ça y est, elle a les sabots dans l'eau et j'attends l'arrivée de la prochaine vague avec nervosité.

Tout se passe pour le mieux, elle ne cherche plus à reculer et se met même à renifler l'eau, tout comme Polie l'a fait auparavant. Je reste fascinée devant cette scène et mes amis aussi.

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