NOTRE CHANCE

CHAPITRE 9.1

CHAPITRE 9
Partie 1

Je marche rapidement dans la rue désormais déserte et je me déteste de ne pas avoir pensé à prendre le numéro d'Ahmed avant de partir. Il aurait pu me ramener chez Elena et tout aurait été fini, mais je suis en train de marcher et je ne sais pas où je vais. Ma respiration s'est peu à peu calmée et, bizarrement, toutes les images de cette soirée ne s'éternisent pas dans mon crâne. Mon esprit est déjà prêt à tout effacer, sachant pertinemment que tout cela n'était qu'une énorme erreur. Mon train part demain et je vais enfin retrouver mes amis et mes chevaux. Le reste n'a plus d'importance maintenant.

Je marche encore et encore sous le ciel épuré de tout nuage. La nuit commence à tomber doucement, mais j'ai encore pas mal de temps avant que les rues ne soient plongées dans le noir total. Non, ça n'arrivera pas, nous sommes à Paris : les rues sont éclairées toute la nuit. Pas de raison de s'inquiéter alors.

Je pourrais appeler un taxi, ce serait tellement simple, mais une part de moi n'a pas vraiment envie que cette nuit se termine. Pas de cette façon tout du moins. Comment ai-je pu être aussi naïve et croire que quelque chose était possible entre lui et moi ? Teddy ou Dyvin, au diable son vrai nom, n'appartient pas du tout au même monde que moi. J'ai essayé de me persuader que ça ne faisait rien, qu'il était un humain tout comme moi, mais ce n'est pas le cas. Sa vie n'est pas façonnée comme la mienne et jamais nous n'aurons la même vision des choses, il faut que je me rende à l'évidence.

La vie n'est pas simple, je l'ai accepté depuis longtemps. Pourtant, je me suis laissée avoir par cette illusion de bonheur qui ne pouvait durer qu'une semaine. C'était écrit depuis le début et j'en prends conscience maintenant que tout prend fin.

Mon cœur se serre quand je réalise que je marche en direction de chez Teddy. Je reconnais le pont sur lequel je me tiens. Nous l'avons passé en voiture il y a quelques jours et nous étions presque arrivés chez Teddy à ce moment-là.

Plus que le fait de savoir que je ne suis pas loin de chez lui, c'est le fait de savoir que je suis très loin de chez mon amie qui me surprend. Je vais vraiment être obligée d'appeler un taxi si je veux rentrer avant que le jour se lève.

À moins que...

Je pense soudain à Chance, seule dans cet appartement. L'idée qu'elle puisse se sentir abandonnée pendant des heures me retourne l'estomac. Cette pauvre chienne a vécu tellement de malheur, je ne pourrais supporter qu'elle souffre une fois de plus. Teddy a dit qu'il rentrerait juste après le concert, mais il est encore loin d'être fini et je suis juste à côté...

Je sais que je cherche encore une excuse pour prolonger cette soirée dans l'espoir que quelque chose se passe, que quelque chose change. Je sais que ça n'arrivera pas, mais il reste encore quelques heures avant mon départ. Mon cœur me dit qu'il y a encore un espoir. Si je ne saisis pas cette occasion, je le regretterai.

Ma décision est prise, je vais aller voir ma chienne, lui dire qu'elle n'est pas seule et je partirai quand Teddy rentrera. Je reviendrai la chercher demain matin avant d'aller à la gare et nous en resterons là. Nous pourrons tous deux oublier cette semaine et tout ce qu'il y avait entre nous, peu importe ce que c'était.

J'arrive devant le bâtiment C en quelques minutes à peine et puis j'hésite. Il y a beaucoup de jeunes devant l'entrée, ils écoutent de la musique et parlent fort. Et si je n'étais pas la bienvenue ? Ils ne m'ont vue qu'une ou deux fois après tout et Teddy était toujours là. Maintenant, c'est différent. Me laisseront-ils entrer alors qu'ils savent très bien que Teddy n'est pas là ce soir ?

Au point où j'en suis, ce serait encore plus ridicule de faire demi-tour, il faut que j'essaie. Je m'approche timidement et je suis déjà repérée.