CHAPITRE 32

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CHAPITRE 32

Nous voyageons de nuit pour arriver en Bretagne au plus tôt. Il fait totalement noir dans notre petite chambre, mais ça ne me dérange plus comme avant. Je suis allongée à côté de Teddy, Chance dort à nos pieds, mais je n'arrive pas à trouver le sommeil ce soir. C'est sans doute l'excitation de rentrer chez moi le temps d'une journée et d'enfin revoir mes amis. Cette insomnie me fait beaucoup penser et je me demande comment ma vie a pu prendre une telle tournure en l'espace de quelques mois seulement. Plus j'y pense et plus je me demande comment je faisais avant. Avant de tomber par hasard sur cette merveilleuse chienne. Avant qu'un homme vienne nous secourir et que ses yeux croisent les miens.

Ces deux derniers mois, il m'a appris bien plus sur la vie que n'importe qui. Il m'a appris à aimer cette vie et à en profiter chaque jour. Chaque jour qui passe ne doit pas forcément être meilleur que le précédent, simplement différent et surtout, vécu pleinement. J'ai découvert les petits plaisirs de la vie comme se lever tard et rester au lit pendant des heures pour parler de tout et de rien avec Teddy. J'ai aussi découvert des plaisirs dont je ne connaissais pas l'existence, comme rester au lit pendant des heures en silence et laisser parler nos corps. Ce genre de plaisir que l'on ne peut pas décrire tellement la sensation est intense et incomparable.

La tendresse de Teddy m'étonne encore aujourd'hui et je comprends maintenant pourquoi ça lui cause tant de peine d'entendre les horreurs qui ont pu être dites sur lui par rapport à sa relation avec les femmes. Comment peut-on penser ça d'un homme aussi attachant et sensible ?

Je me retourne dans le lit qui prend toute la place dans la petite chambre que nous avons la chance d'avoir rien que pour nous. Les autres membres de l'équipe partagent de petits lits superposés. Il faut croire qu'être l'artiste de la tournée procure certains avantages qui ne sont pas pour me déplaire.

Je me retrouve face à Teddy qui dort paisiblement, épuisé par un énième concert survolté. Ses cheveux ébène fraîchement coupés recouvrent à peine son front. Ils étaient devenus tellement longs qu'il ne voyait plus rien lorsqu'il sautait dans tous les sens sur scène. Il fallait qu'il les coupe et je ne lui ai pas vraiment laissé le choix. Il n'a rien dit et m'a gentiment laissé les couper avant le concert de ce soir.

Son visage dégagé repose serein et je ne peux m'empêcher de passer ma main dans ses cheveux. Je la laisse descendre le long de sa joue et soudain, deux billes ambrées viennent se planter dans mon regard.

— Déjà le matin ?

— Je ne voulais pas te réveiller, excuse-moi.

— Qu'est-ce qui ne va pas ?

— Rien, je n'arrive pas à dormir, c'est tout.

— Tu penses à demain ?

— Je pense à plein de choses.

— Je peux savoir quelles sont ces choses ?

— Simplement des bouts de réflexion.

Ma main a arrêté de caresser son visage, mais à son tour, il vient jouer doucement avec les mèches qui tombent sur mon visage.

— J'étais en train de me demander comment ma vie a pu changer si radicalement en si peu de temps.

Il continue de m'observer et ses yeux ne cessent de faire l'aller-retour entre mes yeux et mes lèvres.

— J'essayais d'imaginer ce que ma vie serait aujourd'hui si je n'avais pas eu le courage de m'interposer pour aider Chance ou bien si tu n'avais pas décidé d'aller t'aérer l'esprit ce jour-là.

— Moi je sais que je ne serais pas dans ce bus, je n'aurai probablement pas écrit la moindre chanson. Je serais seul et profondément triste à Paris.

— Et moi je serais toujours dans mon petit appartement. Seule avec mes chevaux.

— C'est ton courage qui t'a amené jusqu'ici. Je ne connais personne qui aurait pu faire ce que tu as fait pour Chance ce jour-là.

— C'était stupide, ça aurait pu finir très mal.

— Tu trouves que ça a mal fini ?

Je perçois son sourire dans l'obscurité.

— Non, mais ça aurait pu. Heureusement que tu étais là pour nous sauver.

— Tous les jours, quand je vous regarde, je me dis que c'est la meilleure chose que j'ai faite dans ma vie.

— Ne te sous-estime pas, tu as fait des choses incroyables et ce n'est pas fini.

Il semble gêné.

— En tout cas, c'est la meilleure chose qui me soit arrivée. Tu m'as sauvé Teddy.

— Ça n'a rien de...

— Tais-toi. Ce jour-là, tu m'as sauvée des mains de cet homme, mais ce que tu ne sais pas c'est que c'est cette action qui m'a permis d'être celle que je suis aujourd'hui. Je peux enfin ressentir ce que la vie a à m'offrir. J'ai pu réécouter de la musique et rejouer du piano. C'est comme si tu m'avais permis de renouer avec mes parents et faire définitivement mon deuil. Sans toi, je serais encore en train de subir ma vie et de me convaincre que tout va pour le mieux. Alors si, tu m'as sauvée Teddy. Jamais je ne pourrai assez te remercier.

— Tu pourrais m'aimer.

C'est la première fois que ce mot est prononcé par l'un de nous depuis le début de cette relation qui n'a jamais vraiment eu d'appellation. Nos regards ne se sont toujours pas quittés, mais je prends un instant pour réaliser ce qu'il vient de me demander.

Je pourrai l'aimer. C'est vrai que ce serait une bonne façon de le remercier de tout ce qu'il a fait pour moi.

Sa main glisse le long de ma joue, ses doigts sont doux et un frisson parcourt ma colonne. Je ne suis pas sûre qu'il attende une réponse de ma part, mais je n'ai pas envie d'arrêter cette conversation.

De nombreuses images défilent dans ma tête et tout semble clair. Je revois notre rencontre et puis tous ces petits moments où je me demandais qui il était. Puis je nous revois dans la salle de concert, sur scène, le jour de ses répétitions. Je me souviens de cette sensation que j'avais ressentie pour la première fois ce jour-là et qui ne me quitte plus à chaque fois que je suis en sa présence. Malgré la pénombre, je fixe ces yeux qui n'ont désormais plus aucun secret pour moi et ce visage dont je connais chaque trait.

Un sentiment de détresse profonde m'envahit à l'instant où j'essaie de me représenter le jour où je me réveillerai et que ses mains ne se poseront pas sur moi pour m'annoncer qu'une nouvelle journée commence. Je tente de respirer calmement pour effacer cette pensée de ma tête.

Oui, tout est clair.

— Je l'ai fait depuis le premier jour.

Le sourire de Teddy qui s'était peu à peu effacé à mesure que ma réflexion durait se ravive instantanément. Lui n'a plus envie de poursuivre la conversation désormais. Sa main passe de ma joue à mon cou puis glisse le long de mon épaule et avant qu'elle n'arrive au niveau de ma taille je suis déjà prête à sacrifier cette nuit de sommeil pour un instant de passion partagé avec celui qui me rend vivante. Celui que j'aime.

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Hello les petits lecteurs 🥰

Oh la la... ce chapitre... 😱
Court, certes, mais tellement intense 😍

Le chapitre suivant arrivera mercredi !! En attendant, n'hésitez pas à laisser une petite étoile 🌟

Bisous les amis 😘

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