CHAPITRE 2.2

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CHAPITRE 2
Partie 2

La clinique ne se trouvait pas loin, mais quel soulagement d'y être arrivé. Non seulement la chaleur a rendu le trajet éprouvant, mais la réelle difficulté a été de suivre cet homme qui n'a pas prononcé un seul mot. Au fil des rues qui défilaient sous mes pieds, j'en venais à me demander quelles sont ses motivations. Fait-il ça pour moi ? Pour la chienne ? Par pur acquis de conscience ?

J'aurais pu essayer d'engager la conversation, mais il a soigneusement veillé à marcher légèrement plus vite que moi pour que je ne puisse pas le suivre de trop près. Cet homme est vraiment étrange.

J'entre dans la clinique sans me faire prier et je m'attends à le voir partir d'un instant à l'autre, pourtant, lorsque l'assistante me demande de patienter dans la salle d'attente après m'être présentée, il vient s'asseoir à côté de moi.

Assis au fond de son fauteuil, les coudes posés sur les jambes, la tête entre les mains, il ne dit toujours rien. Je pourrais là encore engager la conversation, mais je ne le fais pas. Quelque chose m'en empêche, mais je ne sais pas ce que c'est. La timidité ? Non, ce n'est pas mon genre d'ordinaire.

Au fond de moi, je sais ce qui me retient, mais je ne veux pas me l'avouer, car je n'ai pas le droit de juger. Encore moins un inconnu qui a empêché un dégénéré de me refaire la figure. Peu importe ses motivations, je lui dois une certaine reconnaissance, mais ce n'est pas pour autant que j'ai envie d'en savoir plus sur lui. Je ne connais même pas son nom et c'est très bien comme ça.

La chienne, par contre, lui porte un intérêt que j'ai du mal à comprendre. Elle s'assoit devant lui et remue la queue pour attirer son attention. Ses yeux cherchent à capter son regard, mais il dissimule toujours sa tête derrière ses mains. Elle tente une approche plus directe et vient coller son museau contre ses poignets.

Il est surpris au contact de la truffe humide et sort de son état de veille.

— Qu'est-ce que tu me veux ? dit-il d'une voix douce en esquissant un léger sourire que je fais mine de ne pas voir du coin de l'œil.

Elle perçoit immédiatement l'intérêt qu'il lui porte et en profite pour se frayer un chemin entre ses jambes pour obtenir des caresses, la queue fouettant toujours l'air.

Il place ses mains autour de sa tête et vient déposer un léger baiser sur le haut de son crâne.

Le pouvoir que les animaux ont sur les gens est incroyable. Je ne parviens pas à adresser le moindre mot à cet homme et elle, en un regard, a fait disparaître toute la dureté qu'il pouvait avoir en lui.

La chienne se recule un peu et lève ses grands yeux azur vers moi. Je ne peux réprimer un sourire. Elle est si belle, si... innocente. Il ne peut y avoir aucun mensonge entre elle et moi.

Je me sens observée, il s'est tourné vers moi et pour la première fois, soutiens son regard. C'est déstabilisant, mais il finit par lâcher un léger sourire que je rends aussitôt, par effet miroir.

Le vétérinaire arrive et l'ambiance change radicalement. La chienne s'aplatit contre le sol et rampe légèrement pour venir se serrer à moi. Je me lève pour me présenter, mais le vétérinaire sent que quelque chose ne va pas. Je lui explique brièvement pourquoi nous sommes là.

— Je vois, il est sans doute préférable que ce soit ma collègue qui s'occupe de vous. Elle ne me laissera pas approcher, il est inutile de lui apporter du stress en plus. Je vais la prévenir, elle sera là dans quelques minutes.

— Je pense que ce sera mieux en effet, merci.

— Pourquoi ne veut-il pas la voir ? demande le jeune homme à mes côtés, une fois le vétérinaire hors de vue.

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