CHAPITRE 18

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CHAPITRE 18

Le lendemain soir, alors que je m'installe à nouveau devant la cheminée avec Chance, je sens qu'il me manque quelque chose. La maison me paraît trop silencieuse et les craquements du feu ne sont pas suffisants. Mes oreilles en demandent plus. J'aperçois le tourne-disque du coin de l'œil. Serait-ce de la musique qui manque à ma soirée ?

Je ne pensais pas ressentir ça à nouveau : cette envie que la pièce se remplisse des vibrations d'une bonne guitare électrique.

Depuis que j'ai réemménagé dans cette maison, j'ai l'impression d'enfin pouvoir revivre, sans craindre que les fantômes du passé ne viennent tout gâcher. Moi qui pensais que cette maison ne contenait que de vieux souvenirs auxquels je ne voulais plus faire face... elle s'avère en fait être la raison pour laquelle je commence à apprécier de nouveau certaines choses de la vie, comme un bon vieux canapé en cuir et un feu de cheminée.

Je dors de nouveau dans la chambre de mon enfance et j'ai pu pleurer mon père pour la première fois, sans que mon cœur se serre au point que je puisse en mourir. C'est peut-être ça, faire définitivement son deuil. Non pas accepter l'absence de l'être cher, mais réussir à penser à lui sans ressentir de souffrance. J'imagine que j'avais déjà passé cette étape depuis pas mal de temps, mais je n'en ai pris conscience qu'hier soir. Je crois que cette prise de conscience était la dernière chose dont j'avais besoin pour être capable de réécouter de la musique et en apprécier chaque note. Peut-être que, bientôt, je trouverais le courage d'en rejouer.

Ce n'est pas du courage dont j'ai besoin, il me suffit de trouver le bon moment, celui qui donnera un sens à ce que je joue. À ce moment-là, mon corps saura quoi faire et je n'aurai qu'à écouter.

Je place Nevermind de Nirvana sur la platine, dépose soigneusement la pointe et les premières notes de guitare de Smells Like Teen Spirit inondent la pièce, suivie de près par la batterie.

Chance me rejoint aussitôt, sans doute contente d'entendre autre chose que ma voix pour une fois dans la journée. Prise par le rythme, je me déhanche frénétiquement et lorsque vient le refrain je ne peux m'empêcher de défaire le chignon qui retient mes cheveux pour pouvoir les faire bouger dans tous les sens. Le son est si fort que j'arrive presque à me croire au milieu d'une foule en délire, hurlant les paroles et sautant dans tous les sens. J'aime cette musique et toutes les autres qui vont suivre. Je les aime pendant une bonne partie de la soirée et Chance ne me lâche pas du regard, fascinée par ma folie soudaine.

Lorsque Something In The Way, la dernière chanson de l'album, commence à jouer, je me laisse tomber sur le canapé. Cette musique est calme et je n'ai plus envie de danser. J'ai envie de serrer Chance contre moi et laisser les dernières notes emplir mon esprit avant que le disque ne se mette à tourner dans le vide et que le silence ne revienne.

Il me vient alors une idée. Je saisis mon téléphone abandonné sur la table du salon et demande à Chance de s'asseoir devant la cheminée. Je prends une photo et la fais glisser dans une nouvelle conversation. J'y entre le numéro de Teddy et commence à écrire.

Nora
18 décembre, 22 h 03
Le froid est arrivé chez nous depuis pas mal de temps déjà alors, après une longue journée passée à courir après les chevaux, Chance ne dit pas non à un bon feu de cheminée. Elle est déjà parfaitement installée, je retrouve ses jouets dans toutes les pièces de la maison. Ah oui, je ne sais pas si je t'en ai parlé, mais je vivais au-dessus de la maison de mon père depuis quelques années. Depuis que j'ai ramené Chance, j'ai décidé de redescendre habiter dans la maison dans laquelle j'ai grandi. Il y a un jardin pour Chance et cette immense cheminée pour nous tenir chaud. Donc tout va bien ici. On vient de s'écouter Nevermind de Nirvana, je crois que Chance a bien aimé. J'avais oublié à quel point la musique pouvait émerveiller une journée.

J'hésite à rajouter quelque chose du style « j'espère que tu vas bien », mais ce serait complètement inapproprié. Je préfère terminer mon message sur une note positive, histoire qu'il sache que je ne cherche pas à le prendre en pitié. Il n'y a rien de pire.

Je repense à ce sentiment de quiétude profonde que j'ai pu ressentir hier soir, le visage de mon père serré tout contre mon cœur. J'aimerais que Teddy puisse ressentir ça aussi. Je sais qu'il faudra du temps, mais si ce message peut l'aider à faire ne serait-ce qu'un pas vers ce but si lointain, j'en serais ravie. J'appuie sur « envoyer » sans hésiter et me lève pour aller ranger le disque qui tourne dans le vide.

J'étouffe le feu et m'apprête à aller me coucher quand je remarque que Chance ne me suit pas. Je retourne dans le salon pour voir ce qu'elle fait. Elle se tient debout à côté du piano blanc et me regarde en remuant la queue, comme si elle attendait que je joue pour elle.

— Ce n'est pas pour tout de suite ma belle, chaque chose en son temps. Bientôt, promis.

Et, comme si elle avait compris ce que je viens de dire, elle traverse le salon en trottinant pour me rejoindre.

Quelle soirée !

*****

Coucou les amis ☺️

C'était un petit chapitre pour ce dimanche, avant le chapitre suivant qui promet d'être chargé en émotion et un peu différent de tous les précédents 😜

La suite arrive vendredi prochain !! En attendant, n'hésitez pas à partager ce chapitre 😉

Vous pouvez aussi me rejoindre sur insta (world_viibes) pour plus d'infos autour du roman et de l'écriture en général ☺️

Bisous à vous 😘

NOTRE CHANCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant