CHAPITRE 12
Un jour après Paris
Ma journée commence tôt, le retour à la réalité se fait enfin ressentir. Il est à peine six heures lorsque je quitte mon lit pour aller préparer ma thermos de café qui me suivra toute la matinée.
J'enfile rapidement un haut blanc tout simple avant de me glisser dans ma salopette en jean, ma fidèle tenue de travail. Je replie soigneusement les extrémités en de fins ourlets et finis par mes grandes chaussettes blanches. Une tenue des plus glamour pour aller ramasser du crottin toute la journée. Je ne peux m'empêcher de sourire à l'idée de reprendre mon quotidien, parfaitement rangé, sans encombre et pourtant si différent chaque jour.
Avant de quitter l'appartement, j'enfile mes vieilles converses montantes noires qui ont à peu près tout vécu avec moi et les lasse fermement. Je n'ai pas de temps à perdre à refaire mes lacets dans mes journées. Chaque minute compte si je veux venir à bout de toutes les tâches qui m'attendent.
Ulysse m'attend déjà en bas des escaliers lorsque je referme la porte derrière moi. Je saute les dernières marches pour le saluer.
— Prête à reprendre les rênes ?
— Oh, pas mal le jeu de mots, c'est validé.
Il rit.
— Bien sûr que je suis prête, ça fait une semaine que j'attends ça.
— Jeane nous rejoint directement là.
— OK, c'est parti.
Je lui tends la thermos et il s'empresse de se servir un shot de café dans le couvercle prévu pour ça.
— Tu ne devrais pas être au travail ?
— J'y suis, théoriquement.
— C'est bien ce que je me disais...
Nous marchons vers le refuge alors que les premières lueurs du jour apparaissent.
— J'ai préparé toute la pâte avant de venir et Matt surveille les fours pour moi. Je lui ai dit qu'il pourrait partir plus tôt ce midi comme ça.
— C'est si ingénieux de ta part.
— Ce n'est pas comme si je le faisais déjà depuis des années.
Nous rions. Des débuts de journée comme ça, à Paris, ça n'existe pas. Je n'ose même pas imaginer la tête de tous ceux qui doivent faire des heures de métro avant d'aller travailler dans un bureau avec un patron qui leur met la pression à longueur de journée. J'aime ma vie, mon travail, ma Bretagne, mais j'ai l'impression qu'il me manque quand même quelque chose...
— On pourra dire ce qu'on veut sur les boulangers, sur leurs horaires de travail et tout ça, vous n'êtes quand même pas les plus à plaindre.
— Est-ce que j'ai déjà dit le contraire ?
— Non, c'est vrai, mais avec tes horaires bizarres, quand tu viens me voir à cette heure-ci, les croissants ne sont pas encore cuits et je trouve ça vraiment dommage.
— Je repasserai ce midi quand j'aurai fini si tu veux, ils ne seront plus très frais, mais au moins ils seront cuits.
— Ce serait fortement apprécié en effet.
Nous arrivons devant la barrière qui marque l'entrée du refuge et la voiture de Jeane est déjà là. Nous la rejoignons et je lui tends automatiquement le thermos de café. Notre petit rituel de début de journée lorsqu'ils viennent me donner un coup de main.

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NOTRE CHANCE
RomanceNora vient d'arriver à Paris pour passer quelques jours chez une amie. La foule de la gare est à peine derrière elle que son voyage prend une tournure inattendue. Sa rencontre avec un grand chien blanc au regard azur va la plonger dans l'univers...