CHAPITRE 4.1

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CHAPITRE 4
Partie 1

Voilà maintenant plus de trois heures qu'Elena me traîne dans les magasins pour essayer des vêtements, alors qu'elle sait très bien que je ne les achèterais pas.

Elle m'a forcé à essayer une robe de soirée d'une valeur de plusieurs centaines d'euros. La vendeuse me regarde nerveusement tandis que je quitte la cabine d'essayage.

— Absolument magnifique, s'exclame mon amie. Attends, ne bouge pas, je vais te chercher des talons pour mettre avec.

— Non Elena, c'est bon.

Elle est déjà partie vers le fond du magasin et revient quelques instants plus tard avec une paire d'escarpins montés sur des talons d'au moins dix-sept centimètres. Impossible que je tienne debout avec ça aux pieds.

Je les enfile pour faire plaisir à mon amie qui me regarde, émerveillée. Je fais quelques pas puis retourne vers la cabine, avant de tomber.

— C'est bon maintenant ? Je te rappelle que j'ai rendez-vous à quinze heures.

— Oui, me répond-elle déçue. Tu peux remettre ton vieux short.

— Elena, tu sais très bien que je n'aurai jamais pu acheter cette robe et puis, de toute façon, je n'ai pas de place dans mon sac.

— Tu aurais pu prendre une valise aussi ! Je suis sûre que tu as fait exprès.

— C'est Jeane qui m'a conseillé de ne pas le faire, elle te connaît bien.

Elena se met à rire. Elle sait que je suis autant intéressée par les vêtements qu'elle l'est par les chevaux. Autrement dit : pas le moins du monde. Cependant, il y a toujours eu cet accord tacite entre nous ; elle me donne un coup de main avec les chevaux quand elle vient nous voir en Bretagne et en échange j'accepte qu'elle m'emmène faire les magasins. Quand c'est elle qui vient, je ne peux pas l'empêcher de me faire acheter tout et n'importe quoi, mais quand j'ai su que je devais aller la voir à Paris, il fallait que je trouve une excuse pour ne pas repartir avec la garde-robe de miss Univers.

Le fait de prendre juste un sac était une bonne idée finalement.

— Il est à peine treize heures, me dit Elena en battant des cils devant moi.

— Et ?

— On va manger ?

— Oh oui, Dieu merci, tu as entendu mes prières.

— Oh ça va ! s'amuse Elena.

Nous nous installons sur la terrasse d'un petit restaurant. Il fait bon aujourd'hui, le soleil est dissimulé derrière de fins nuages, ce qui nous protège de sa chaleur étouffante. Malgré l'agitation de la ville, la rue dans laquelle nous nous trouvons est plutôt calme. J'aperçois seulement quelques cyclistes qui circulent de l'autre côté de la rue. Une petite brise vient soulever nos cheveux par moment alors que nous en sommes déjà à notre deuxième verre de vin blanc.

Ça fait du bien de rire comme ça. Elena a toujours été le rayon de soleil qui illuminait nos pauses déjeuner quand nous étions au lycée. Toujours le mot pour rire, la phrase pour mettre tout le monde d'accord. Elle n'a pas changé, sinon quelques cernes sous les yeux qui témoignent de son investissement dans son nouveau travail. Il y a quelques mois, elle a quitté le petit magasin dans lequel elle était employée pour rejoindre une grande marque de luxe. D'après ce que j'ai compris, elle est au premier plan pour la confection des nouvelles collections. Un poste très prenant avec beaucoup de responsabilités qui semble aussi éreintant que passionnant.

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