Les Étoiles Vagabondes

C h a r l y

Septembre 2017. Paris.

Elle quitta la faculté, cherchant la voiture de Camille comme depuis la rentrée, les filles s'étant mise d'accord sur le fait que Charly ne rentrait plus seule à sept mois de grossesse mais elle trouva la Clio de Deen et ça, c'était la meilleure nouvelle de la journée. Poussant un cri de joie, elle sauta sur le Papy, le faisant grogner alors qu'il avait un sourire joyeux aux lèvres. 

- T'es trop belle, P'tite tête. Ça te va grave bien la maternité. 

Elle l'avait un peu perdu des radars depuis Juillet et d'après Jude, c'est parce qu'il avait mis la soeur de Ken enceinte. Il n'avait jamais répondu à ses appels et ses messages et elle avait comprit qu'il avait eu besoin de temps pour lui alors son dernier message lui avait fait promettre qu'elle serait là à son retour. Et c'était aujourd'hui. 

Il semblait fatigué, et ses yeux brillaient un peu moins mais il était globalement pas en trop mauvais état. Et elle avait même peur d'imaginer comment il avait dû être quelques mois plus tôt. Il haussa un sourcils en frottant l'une de ses joues et elle grogna, marmonnant que c'était les hormones, ce qui le fit rire. Elle pleurait vraiment pour tout et n'importe quoi, c'était relou.

- Bon, je suis désolé, c'est pas la caisse de Camille, alors si t'as besoin d'un pied de biche pour sortir, tu me dis ! 
- Enfoiré, marmonna-t-elle en riant malgré tout 
- T'as passé une bonne journée ? 
- C'était ... Comme d'habitude. 

Deen fronça les sourcils et lui jeta un regard, alors qu'il s'engageait dans un rond-point. Une grande main se glissa dans sa nuque, quand ils étaient sur une ligne droite, la lui caressant et elle reporta son attention sur le Bigo qui semblait s'inquiéter pour elle, à présent. Sa bouche un peu rognée, son regard cherchant le sien, les traits tirés, elle s'en voulait de lui faire ressentir ça alors qu'il avait déjà ses propres problèmes perso. 

- C'est rien, elle lui sourit, haussant les épaules, j'aime pas les cours, tu le sais déjà.

Deen hocha simplement la tête et Charly grogna, se redressant rapidement  sur son siège en sentant le bébé appuyer, lui causant une douleur dans le bas du dos. Le sudiste lui jeta un regard, un peu paniqué et elle expira, avant de pouffer de rire en le voyant. 

- Faut te détendre, Deen, il va pas arriver dans ta caisse. 
- Ça me stresse, il marmonna
- Au fait, tu m'emmènes où ? 
- Week-End en amoureux. 

La blonde fronça les sourcils, ne relevant même pas sa blague vaseuse avant de lui jeter un regard. Il venait de rentrer qu'il repartait déjà, comme si il avait ce besoin de fuir Paris aussi fort. Il mordilla de nouveau sa lèvre. C'était définitivement son tic de stresse. 

- J'ai plein de truc à t'dire et en vrai, c'est surtout pour me racheter de t'avoir laisser bertom alors que t'avais surement b'soin de moi. 
- J'avais les Akrour, t'en fais pas. 
- ... T'es au courant hein ? 
- Jude m'a juste dit que t'avais enceinté la soeur de Ken et que depuis, t'avais disparu de la circulation. C'est pour ça que j'ai pas plus insisté après ...

Deen soupira et hocha la tête. Elle allongea un peu plus le siège, comprenant que le rappeur ne dirait rien de plus pour le moment. Et même si le trajet ne durait qu'une heure, elle aurait apprécié une voiture plus confortable pour son dos douloureux. D'ailleurs, elle ne manqua de faire la remarque au plus vieux, avant de se prendre un taquet, les faisant rire tous les deux. L'espagnol était heureuse de voir que rien n'avait changé malgré ces quelques mois. 

Elle ouvrit les yeux en sentant une main sur sa joue et croisant le regard sombre du trentenaire, lui offrant une moue désolé, annonçant de sa voix grave qu'ils étaient arrivés. Se relevant, elle haussa un sourcils en remarquant un parking.

- Tu voulais me buter ? 
- Que ça a faire, soupira-t-il en levant les yeux, aller, avance, c'est par là, débile va. 

L'ascenseur s'ouvrit sur un hall en marbre, brillant, avant une plage un peu grise devant elle et Mickaël attrapa sa main, tenant leurs affaires de l'autre main, pour se diriger vers le comptoir, sous le sourire attendrit de la femme de l'accueil. Elle expliqua rapidement les activités, et présenta la chambre avant de se retourner vers ce qu'elle croyait être un couple. 

- Votre réservation pour le spa tient-elle toujours ? 
- Ouais, carrément, souriait Deen comme un enfant 
- Alors je vous attends dans une heure à l'accueil, je vous accompagnerais. Bonne installation. 

Charly avait sourit devant la jeune femme mais à présent, elle se retourna et donna un coup de point dans l'épaule du barbu qui grimaça. Il était complètement fou et elle lui en voulait de faire tout ça pour aucune raison. Il lâcha un rire en comprenant le fond de sa pensée.

- T'm'as manqué et puis j'voulais me changer les idées. 

Elle soupira et il lui tendit son sac, lui annonçant qu'elle devait se changer pour enfiler son meilleur maillot de bain. Elle marmonna une nouvelle fois, revenant rapidement dans son deux pièces alors que Deen était dehors, entrain de fumer. Elle enfila le gros peignoir et s'avança sur le balcon, se prenant l'air frais de la plage du Touquet en plein Septembre. 

- T'es vraiment morose, murmura-t-elle, t'es amoureux hein ? elle chuchotait pour ne pas briser l'instant 

Mickaël se tendit sur le coup et fini par soupirer, rejetant la fumée de son joint le plus loin possible de son visage et elle trouvait ce geste mignon. Il lui coula un regard et elle aurait pu se contenter de cette réponse : Parce que son regard criait toute la détresse qu'il ressentait. Et elle était consciente que le toulonnais parlait rarement de ses sentiments mais elle avait besoin qu'il l'exprime clairement, tant pis si ça prenait du temps. 

Pourtant, elle remarqua l'homme prendre une posture affaissée, comme si il abandonnait définitivement le combat. 

- Irène et moi, ça traine depuis un bail, on est ensemble depuis deux-mille quinze quoi, officiellement, enfin, entre nous. Et on attendait qu'elle ait fini ses études pour l'annoncer à Ken, aux autres et se poser, tu vois. Sauf que ... Juillet, les nanas étaient là et ton gars, c'est un connard fini depuis votre rupture. Bref, Irène s'est effondré au sol, alors qu'elle était au téléphone, Ken est parti voir, il l'a engueulé et j'ai bugué quand il a dit "C'est qui le père". C'était cramé que c'était moi et il a vrillé, il, ce bâtard, il m'empêche de voir ma go, enceinte de mon gosse et j'sais même pas ce qu'elle veut faire ... Si ça se trouve, elle a avorté ... Et c'est clairement pas ce que je veux. 

La voix trembla. Une unique larme coula sur les joues du grisonnant. Il rejeta la tête en arrière, comme pour empêcher les autres larmes de couler alors qu'il fixait le ciel orageux, semblant lutter contre ses démons. Charly comprit alors pourquoi il avait eu besoin de partir, pourquoi il semblait si vide. Mickaël approchait la trentaine, et même s'il montrait autre chose, la paternité, se poser définitivement, ça le travaillait de plus en plus, il lui en avait déjà parlé qu'il se voyait bien daron dans un futur proche. Sans compter qu'il était définitivement amoureux de la jeune Samaras. Alors il avait tout eu l'espace d'un instant. On venait de tout lui retirer. 

- On l'avait pas prévu, il se rongeait l'ongle du pouce, c'est trop tôt clairement, mais ce gamin, je l'aime déjà tellement fort putain ...

Et ils étaient si semblable à cet instant. Perdus sans leur âme soeur. Et elle comprenait le sentiment qu'il pouvait ressentir à l'instant. Celui d'avoir perdu quelque chose. C'était irrationnel parce que cette chose était pas encore là, c'était encore qu'un truc abstrait. Un truc immatériel mais qui faisait plus que battre ton coeur. Le genre de truc qui te faisait sentir vivant et complet.

Elle comprenait.

Parce que c'était le même sentiment qui lui avait serré le coeur quand elle avait imaginé avorter. 

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