Avril 2016. Paris.
Si Ken devait décrire un moment préféré dans sa vie, il répondrait sans hésiter le dimanche matin. Pas n'importe lequel ; celui quand Charly passe la nuit chez lui et qu'ils trainent jusqu'à pas d'heure, se charriant, s'occupant ou même en regardant simplement un film. Celui où Charly se réveille forcément avant lui parce qu'elle dort encore moins que lui.
Il ne pouvait s'empêcher de sourire devant cette scène. C'était le dimanche matin où Charly mettait un casque sur ses oreilles et tentait de faire un truc comestible pour le petit dej, un genre de petit brunch mais qui foirait toujours. Parce que Charly, c'était un danger dans une cuisine. Et ils finiraient par bouffer au Starbucks rue Saint Charles avant de décaler vers les quais après.
Bref.
On était dimanche. Et Charly remuait son petit cul un peu trop sexy dans son jogging roulé autour de sa taille, elle poussait des petits cris qui semblaient en rythme avec la musique, il était sur de rien, et lui, il était accoudé à sa bibliothèque, admirant le spectacle, amusé. Il attendait de voir le moment où elle se tromperait entre le sel et le sucre, où encore celui où elle devrait casser un oeuf. Ça ne rata pas lorsqu'elle attrapa le paquet de farine, qui lui explosa à la figure, il explosa de rire, se tenant le ventre. Cette bourde, elle l'avait pas encore faire. Elle était décidément trop forte, c'était pas possible.
Charly se retourna vers lui, un air tout penaud et perdu sur la tronche qui accentua son fou-rire. C'était mémorable ; ses cheveux et son visage étaient blanc, clairement. Elle retira son casque, toussant légèrement de la poudre blanche et poussa un soupire, littéralement défaitiste.
- Je voulais faire des pancakes, elle marmonna
Il se frotta les yeux, essuyant les larmes de rires et s'approcha, un sourire moqueur toujours sur les lèvres. C'était clairement le pire parce qu'il était pas mieux que la blonde en cuisine mais lui au moins, il forçait pas le destin et savait faire cuire des pâtes sans les cramer. Il embrassa la nuque de la jeune femme et s'approcha de la tablette légèrement salit par Charly.
- T'en es où ? Je vais t'aider.
Mais pour seule réponse, Charly lui explosa le reste du paquet sur la tronche, le surprenant alors qu'elle quittait déjà l'appartement, cette fourbe. Il ne prit même pas le temps d'enfiler un t-shirt ou une paire de basket qu'il suivait les traces de la jeune femme, laissant son appartement grand ouvert. Il avait prit le bol avec la mixture qui servait de pâte avec lui et comptait bien la noyer dedans, histoire de lui faire comprendre que c'était lui le chef.
Une fois dans la rue, il évita une femme qui promenait son chien, le fixant comme s'il était fou. Accentuant son rire. Il repéra la blonde qui prenait ses distances, riant toujours, elle aussi.
- Charly ! cria-t-il en courant dans sa direction
- Nan ! couina la jeune femme, je te jure que c'était un reflex !Mais elle continuait à rire, cette imbécile. Heureusement, il avait des grandes jambes, lui. Charly dépassait à peine le mètre soixante, et c'était donc une chance pour lui. Il coinça la jeune femme contre un mur, devant un couple de petit vieux qui les fixait vraiment surpris, attendrit et peut être un peu amusé.
- Att-Attend Ken, j'ai lavé mes cheveux hier et-
- Dommage, il hésita un instant et plongea son doigt dans le bol, goutte avant.Elle fronça les sourcils et lécha son doigt avant de grimacer parce que c'était surement pas bon. Il en aurait rit s'il n'avait pas tant l'habitude que ça.
- Putain, je l'ai foiré, gémit-elle avec un petit rire dépité
Ken eut un grand sourire en l'entendant, parce qu'il s'en serait voulu si la pâte était bonne, on sait jamais, il désespérait pas trop, elle y mettait tellement d'effort. Mais c'était pas le cas alors il versa le contenu sur la petite tête de la blonde qui ne se débattit même pas.
- Ken, sourit-elle en relevant la tête alors que la pâte dégoulinait sur ses épaules, tâchant son t-shirt arrivant sous sa poitrine
- Nan, nan.Le rappeur se recula rapidement lorsqu'il comprit l'idée de la blonde. Il récupéra ses ustensiles de cuisine et reprit la route vers son appartement, un éclair de génie lui ayant traversé l'esprit ; elle avait pas les clés pour rentrer, il pourrait la faire chier comme ça. Et surtout mettre une sacrée distance entre son corps dégueulasse et le sien. Reprenant ses foulées, il vérifia que la blonde était toujours à sa poursuite et ça ne rata pas.
Il tapa rapidement le code de la porte d'immeuble et la laissa se refermer, Charly avait le code mais ça lui permettrait de prendre de l'avance. Elle était endurante pour une grosse fumeuse. Il grimpa le premier étage facilement et grimaça en remarquant la vieille Vanove descendre les escaliers avec son caniche. Elle était chiante celle là.
- Et bien, fit-elle en le regardant de haut en bas
Elle passa à côté de lui, prenant un maximum de distance et le rappeur leva les yeux au ciel, avant de lui faire son sourire le plus hypocrite.
- Bonjour à vous aussi, Madame Vanove. Passez une bonne journée.
- Petit con, marmonna-t-elle en continuant sa routeKen soupira et reprit sa montée, marmonnant quelques insultes bien sentit à la vieille peau et entendit de nouveau un éclat de voix, il tendit l'oreille lorsqu'il comprit que c'était sa chieuse de pote. Il explosa de rire quand la morue critiqua sa tenue trop "dénudée" et sa dégaine. Charly critiqua son maquillage avant de se barrer et il pu voir son ombre se rapprocher. Il entra dans son appartement une fois au troisième et patienta de voir l'arrivée de la blonde. Lorsqu'il lui resta un peu moins de dix marches, il lui offrit un grand sourire.
- Ken, fai-
Mais la porte claqua et Ken explosa de rire, essayant en même temps de reprendre une respiration normale, chose impossible. Elle toqua à la porte et il se calma en attendant de voir ce qu'elle ferait.
- Petit poisson peut-on passer ? chantonna-t-elle et il eut un grand sourire
- À condition d'avoir la couleur rouge !Il kiffait cette meuf, c'était officiel. Tout le monde devrait avoir une Charly dans sa poche, pour une question de bonne humeur et de bonne ambiance. La blonde était tellement une gosse. Qui penserait à jouer à ce jeu ridicule sérieusement ?
- J'ai ! annonça la blonde avec entrain et il fronça les sourcils
Merde, il était sur de pas avoir vu de rouge sur elle, il marmonna qu'il voulait une preuve et jeta un regard dans l'oeil de boeuf pour voir où elle avait la couleur. Elle se racla la gorge et redressa son haut, dévoilant sa poitrine recouverte d'une dentelle rouge. Elle était complètement cinglé, c'était définitif mais putain, son cerveau avait bugué pendant quelques secondes en plus de ça, avant de surchauffé en lui envoyant des images qu'il devrait pas avoir. Charly était putain de bien foutue pour une gosse de dix-huit piges.
Il inspira un grand coup, histoire de faire passer son moment d'égarement et ouvrit la porte, avant de détaler dans la salle de bain ; déjà parce qu'il était sur qu'elle avait pas oublié son idée de vengeance et aussi parce qu'il voulait pas qu'elle remarque un quelconque malaise chez lui.
- Reste sur tes gardes le grec, je vais me venger au moment où tu t'y attendra le moins, rit-elle
Et il lâcha un rire depuis sa salle de bain, parce qu'il avait hâte de voir ça. Putain, il kiffait vraiment les dimanches à ses côtés.
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Les Étoiles Vagabondes
Hayran KurguC'était parti d'un livre. D'un livre oublié sur un banc. Et on sait que le destin peut être fourbe parfois. Annexes : Félins // Mekra - Le pouvoir des mots // Framal - Fin d'après minuit // Deen Burbigo