Février 2020. Paris.
Son coeur allait exploser. C'était sur. Il allait crever, là, dans le couloir de cet hôpital. Les joues humides depuis qu'on l'avait sortit de la salle de travail où sa femme devait accoucher. C'était plutôt la salle où il allait perdre sa femme. Où il allait perdre sa fille aussi. Il était perdu un peu et son cerveau n'arrivait pas à lui sortir autre chose qu'un médecin annonçant la mort d'une des deux femmes les plus importantes de sa vie après ses mères et sa grand-mère. Ça ne pouvait pas en être autrement.
Il allait forcément devoir crever de douleur pour l'une.
Le pompier qui avait embarqué sa blonde le lui avait dit ; On doit déclencher l'accouchement, c'est dangereux pour votre fille et votre femme ; elles peuvent mourir.
Elles peuvent mourir.
Elles vont mourir.
Elle va mourir.
Charly.
Et lui, il va se retrouver seul, avec son petit gars. Et il aura le coeur tellement détruit qu'il ne pourra plus aimer. Jamais. T'façon, c'est elle ou personne. Et il l'avait dit. Avant qu'on le foute dehors avec un peu de violence, il l'avait crié au médecin de la sauver elle. C'était peut être horrible mais après tout, des gosses, il pourrait lui en faire plein d'autres. Il avait même supplié. Charly ou personne. On lui avait répondu qu'ils feraient le nécessaire.
Il avait envie de tout casser. Il savait pas trop pourquoi, il ressentait pas vraiment de colère mais plutôt un désespoir immense. Comme si il devait déjà apprendre à vivre sans Charly. Et puis comment il allait faire ? Il avait besoin d'elle, besoin de sentir son odeur et d'entendre ses rires. De la voir se dandiner les dimanches matins, de la voir lever les yeux au ciel devant ses mangas et cet amour qu'il avait transmit à leur fils. Et puis Achille, comment il allait faire sa mère ?
Elle pouvait pas le laisser tomber comme ça.
Elle pouvait pas laisser Achille sans daronne.
Elle avait pas le droit.
C'était long, ça faisait des heures. Des heures qu'il se rongeait les ongles en attendant des nouvelles de sa femme. Des heures que sa femme souffrait. Que sa fille devait naitre. Et cette attente était insoutenable, il allait vriller. Vraiment. Il faisait les cent pas devant la porte qu'on lui avait fermé au nez, lui demandant de rester calme.
Calme. Il avait envie de rire.
Sa femme allait crever mais tranquille, on est posé et on attend ? Ils étaient fous eux. Nouveau coup dans le mur. C'était le troisième depuis. Il s'était explosé les phalanges et la peinture du mur s'était légèrement écaillée à l'endroit de l'impact. Mais la douleur lui permettait d'être rationnel. Il gardait les pieds sur terre. Charly avait besoin de lui. Et il avait besoin d'elle. Plus que tout.
Il avait mal. Terriblement, un arrière goût amer de dégout de lui-même. Il avait l'impression qu'on lui broyait le coeur, le trempant dans l'acide avec une petite cuillère, pour être sur de pas l'achever de suite. C'était la pire torture. Il tapa le mur. Et puis une nouvelle fois. Et la troisième fois, on l'arrêta.
Théo l'avait éloigner du mur, le gardant contre lui. Et comme un enfant, il s'accrocha au blouson de son reuf, pleurant silencieusement alors que le barbu le serrait plus fortement. Sans un mot.
- Je suis là, on est là, Nek.
Une odeur familière et un petit ventre remplacèrent son pote et les caresses sur sa nuque le détendirent légèrement. Irène avait toujours eu cet effet apaisant sur lui. Et entouré de sa mif, la douleur paraissait plus surmontable, l'attente moins longue et l'absence moins forte.
Il était pas tout seul.
Il avait même pu dormir un peu, enfin, se reposer plutôt, avec son fils dans les bras, sa tête posé sur l'épaule d'Hakim dont la jambe tressautait fortement. Il se redressa immédiatement en entendant la porte s'ouvrir sur deux infirmières poussant une couveuse. Elles ouvrirent les yeux plus grand en voyant la bande de pote prenant toute la place dans le couloir alors qu'il donnait Achille un peu trop violemment à Hakim pour s'approcher du petit berceau mais le médecin l'arrêta.
- Monsieur Samaras ? demanda le médecin d'une voix un peu trainante
Il hocha la tête ne quittant pas la couveuse du regard qui s'éloignait toujours un peu plus de lui et d'un coup il eu peur. Il fronça les sourcils et ses mains douloureuses tremblaient plus fortement encore. Son coeur s'emballa alors que son cerveau patinait à vivre allure. Et Charly ? Il devait la voir. Maintenant. Il avait besoin de s'assurer qu'elle respirait.
- Votre fille a quelques insuffisances mais on va veiller sur elle, sourit-il, se voulant rassurant.
- Et Charly ? Sa voix était détruite à cause de ses sanglots
- Votre femme a perdu beaucoup de sang, elle a fait un arrêt cardiaque durant l'accouchement et-Ken vacilla et fut rattraper discrètement par Deen qui s'était rapprocher. C'était une blague ? Dans les films, ce genre de discours finissait toujours par "On a fait ce qu'on a pu, je suis désolé". Il avait envie de vomir d'un coup.
- Monsieur, votre femme est fortement sédatée et ne se réveillera pas avant quelques heures voir quelques jours : son corps à besoin de récupérer. Mais elle va s'en sortir, après ça, nous pourrons déterminer les conséquences de cet accouchement difficile mais votre fille et votre femme sont en vie, il déposa un main sur son épaule, nous n'avons pas eu à choisir, souffla-t-il
Il jeta un regard à deux autres personnes qui sortaient de la pièce et il hocha la tête alors que les blouses blanches qui venaient de sortir ne s'attardèrent pas et sortir le lit contenant sa blonde, continuant son discours.
- On va transférer madame Samaras dans une chambre, vous y serez mieux. Mais seul monsieur Samaras pourra entrer dans la chambre, je suis désolé, fit-il au groupe, les visites sont terminées depuis bien longtemps. Je vais donc vous demander de libérer l'espace et revenir demain matin.
Il sentit rapidement les gars l'enlacer, lui murmurer des mots à l'oreilles mais il était pas trop présent ; ses oreilles bourdonnaient et son cerveau répétait qu'une seule phrase en boucle :
Nous n'avons pas eu à choisir.
Elles vivaient.
Elles respiraient.
La mère et la fille.
Sa femme et sa princesse.
Il lâcha un petit sourire à Jude qui lui demandait de la tenir au courant assez rapidement. Et il embrassa le front de son fils dans les bras d'Hakim, lui murmurant qu'ils se verraient demain. Il commençait à se détendre ; elles allaient s'en sortir toutes les deux. Suivant le médecin, il entra dans une chambre où sa femme était allongée, quelques tuyaux la reliant à de nombreuses machines. Elle était pâle, trop pâle pour une espagnole mais elle vivait. Le bip régulier en attestait.
Ses yeux se remplirent automatiquement, dans un mélange de soulagement et de joie. Il renifla en lui embrassant le front et frotta une nouvelle fois ses joues, sous le regard attendrit du médecin.
- Une infirmière va passer pour vous emmener voir votre fille, il lui lâcha un sourire, le premier depuis qu'il était là, et elle s'occupera de vos mains, également. Bonne soirée monsieur.
- Docteur, souffla-t-il alors qu'il allait quitter la pièce, Je, merci pour elles ...
- Je n'ai fais que mon travail, sourit modestement l'homme et il quitta la pièceAttrapant la main de sa meuf, il s'installa sur le fauteuil et ferma les yeux deux minutes. Ne se rendant même pas compte qu'il avait finit par s'endormir totalement avant l'arrivée de l'infirmière.
Charly et Sasha allaient bien. C'était ce qui lui importait le plus.
VOUS LISEZ
Les Étoiles Vagabondes
FanfictionC'était parti d'un livre. D'un livre oublié sur un banc. Et on sait que le destin peut être fourbe parfois. Annexes : Félins // Mekra - Le pouvoir des mots // Framal - Fin d'après minuit // Deen Burbigo