Juin 2015. Paris
Le soleil le fit grogner, il enfonça sa tête dans l'oreiller et arrêta tout mouvement en sentant un corps le coller. Merde. Hier, il avait trop fumé avec la gamine sur le balcon et il avait plus ou moins stoppé ces merdes alors son corps avait vite plané. Il grimaça en cherchant dans ses souvenirs mais plus rien.
Il était là, dans la chambre d'ami de Sneazzy avec une inconnue et putain, il avait juste envie de fuir tout contacte avec cette nana. C'est ce qu'il fit, s'assurant de ne pas réveiller la brune, il se glissa hors du lit, trouvant rapidement son boxer qu'il enfila, il attrapa ses affaires et quitta la pièce, se retrouvant devant les dernières épaves de la soirée, fixant l'écran avec un regard de mort. Il lâcha un petit rire, rassuré de pas être le seul et enfila ses fringues.
- Tu viens vraiment de fuir une chambre dans laquelle se trouve une nana que t'as baisé ? s'étonna Deen
- J'veux pas en parler, il grimaça en fronçant les sourcilsLes garçons lui jetèrent un regard légèrement surpris et inquiet. D'accord, coucher à droite et à gauche, il l'avait toujours fait, sinon, y aurait pas autant de référence à des mannequins dans son album mais ça l'amusait plus et c'était peut être le pire. Il s'attrapa une tasse de café et salua les garçons d'une tape de main, il fouilla ses poches et grimaça en cherchant dans le salon après sa veste.
- J'ai fais quoi de ma veste ? râla-t-il en se redressant
- Ta veste ? En cuir ? demanda Sneazzy et Ken hocha la tête, je crois que je l'ai vu dehors à un moment.Ken se redressa et quitta les gars pour rejoindre le balcon, récupérant son bien, il fronça les sourcils en remarquant un bouquin posé sur le sol. Ça, c'était plutôt étrange, surtout chez Sneazzy ; le garçon n'était pas un grand amateur de classique. Il le ramassa et retourna à l'intérieur, la veste sur ses épaules. Il se posa dans le canapé, entre Deen et 2Zer.
- T'avais ramené un bouquin ? s'étonna Mohammed
- Pas moi, je viens de le trouver sur ton balcon, il annonçaUn léger silence s'installa alors que Ken jouait avec, cherchant à rassembler ses idées et joua avec le critérium qui était dedans, marquant la page qu'il avait gardé par son pouce. Il fronça les sourcils en rassemblant les éléments et ouvrit les premières pages du livre, tombant sur des pages noircies par des mots, des dessins. 1984 d'Orwell avait subit le même sort que l'Ile au Tresor de Stevenson qui trainait chez lui. Et putain, il était sur que c'était la blonde là.
La gamine qui parlait pas beaucoup. Mais elle écrivait beaucoup, par contre. Il se mordit la lèvre ; il avait rêvé, quelques mois plus tôt, de tomber sur la personne qui avait noircit le livre, pour apprendre à la connaitre, parce qu'elle avait un point de vue intéressant et qu'il était persuadé que c'était un mec, surtout. Charly.
Il avait envie de rire ; Charly c'était une gamine, lycéenne pour sur, blonde, pas causante et putain de dépendante aux joints. Bien loin de l'idée qu'il s'était fait de cette personne. Il avait imaginé un brun bouclé, un peu timide, avec des lunettes trop épaisse pour son visage et un début de bouc.
Merde, il avait laissé cette histoire de côté et à présent, il était encore plus intrigué. Se redressant d'un coup, il offrit un sourire à ses frères et annonça son départ.
- T'es vraiment trop chelou, toi, marmonna Doums
- Frère, t'as vu ta gueule ? ria Nek en secouant la têteIl salua une dernière fois les garçons, avant de quitter l'appartement de Moh et fouilla déjà dans ses contacts pour appeler Framal et lui demander le numéro de la blonde. Le brun décrocha après quelques bip sonores.
- Ouais, mon Kho ? marmonna le frère Akrour
- T'as le numéro de la petite blonde là ? fit-il de but en blanc
- J'vais demandé à Ju, Ken patienta quelques instants, je te l'envoie par sms !
- Merci Kho.
- Mais Ken, fais pas de connerie, cette gamine est même pas majeure.Ken poussa un soupire, il lui annonça de pas s'inquiéter et le salua avant de raccrocher. Immédiatement un sms de Framal avec le numéro de la gosse s'afficha sur son portable et il ne put s'empêcher de sourire ; Id avait juste peur pour lui, qu'il fasse une connerie. Et puis fallait reconnaitre que c'était un peu chelou comme démarche non ? Autant auprès de Fram que de la gamine. Surtout que L'ile au Tresor, ça faisait bien trop longtemps qu'il l'avait. Il lui enverrait un message lorsqu'il serait chez lui, pour être bien sur que ce soit les mêmes. On était jamais trop sur.
Rapidement chez lui, il fonça d'abord sous la douche, poussant un grognement de contentement en sentant l'eau chaude sur ses muscles, enfila un jogging et un sweat-shirt, comme toujours, laissant ses cheveux sécher tranquillement. Il se prépara rapidement un truc à bouffer, parce qu'il crevait la dalle et s'enfonça dans son canapé, avant de poser son regard sur le livre. Il se releva vers sa bibliothèque plus que remplis de livres en tout genre et attrapa celui qui l'intéressait.
1984 était visiblement un récent achat ; la couverture était neuve, sans tache et les pages étaient encore blanche. Il ouvrit l'une des pages du livre sur les pirates et une des premières du roman d'Orwell, son coeur s'accéléra en comprenant que l'écriture était la même ; des lettres en majuscules, parfois italiques trahissant un manque de temps, il ferma les yeux et ressentit une certaine joie d'avoir retrouvée la propriétaire de ces pensées. C'était une démarche intrigante de venir écrire ce qui se passait dans son cerveau sur un livre, d'autant plus que la nana semblait perdre souvent ses livres.
C'était quand même le deuxième.
Lorsqu'il avait lu L'ile au Tresor, il avait eu cette impression d'entrer dans l'intimité de quelqu'un et ça lui avait foutu un sentiment désagréable, bien qu'il ait continué la lecture ; la curiosité était bien trop forte. Il s'était dit que c'était pas si grave, que ce livre paumé, il devrait jamais le rendre parce que Paname était grande, qu'ils étaient nombreux à vivre dans la ville et que ça pouvait être n'importe qui.
Le hasard faisait vraiment bien les choses, et en même temps, il semblait aimer le mettre dans des situations chelou. Il lâcha un soupire, attrapant son portable ; il pourrait faire semblant, dire qu'il n'a jamais retrouver les livres, Charly n'en saurait rien, mais c'était pas son genre. Ces bouquins, il comprenait que la blonde en avait besoin d'une certaine façon. Et puis c'était aussi simple que ça ; s'il en venait à perdre son carnet de notes, il apprécierait aussi que la personne qui le ramasse le contacte. C'était bien trop personnel.
Il commença le message et fronça les sourcils, effaçant et recommençant plusieurs fois. Il poussa un soupire et finit par faire un truc simple.
_Salut, j'sais pas si t'es réveillée mais j'ai trouvé ton bouquin sur le balcon de Sneazzy. Juste pour te prévenir que tu peux me contacter à ce numéro quand tu veux pour le récupérer.
Ken aka Nekfeu_
Il posa son portable sur la table et ferma les yeux, s'endormant rapidement, n'attendant même pas de réponse de cette blonde.
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Les Étoiles Vagabondes
Fiksi PenggemarC'était parti d'un livre. D'un livre oublié sur un banc. Et on sait que le destin peut être fourbe parfois. Annexes : Félins // Mekra - Le pouvoir des mots // Framal - Fin d'après minuit // Deen Burbigo