C h a r l y

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Juin 2019. Paris.


Elle avait trouvé ses petites habitudes avec Achille. Ça avait été un peu compliqué, elle avait beaucoup demandé d'aides à son père avant de trouver ses marques. Maintenant qu'elle les avait, la routine était ennuyante mais Achille rendait le truc un peu plus supportable : il était adorable ce petit bout. 

Récupérant le courrier, elle haussa un sourcils en voyant une grosse enveloppe, elle soupira en voyant beaucoup de courrier pour Ken. Il n'avait pas fait son changement parce que ça restait son domicile, il n'était pas venu récupérer le reste de ses affaires non plus et elle avait eu de la chance que les gars l'aident à débarrasser le bureau du rappeur, elle aurait jamais réussi seule. En fait, c'était un petit compliqué de vivre avec son souvenir depuis trois ans, de continuer à partager la moitié du placard alors que c'était devenu un fantôme et que la plus part du temps, c'était les frères Akrour qui venaient récupérer des vêtements pour Ken. 

Après, il tenait les promesses qu'il avait faites sur la lettre : puisqu'Achille portait son nom, il versait une pension plus que conséquente pour l'enfant, il avait même payer quatre-vingt pour cent des meubles sans qu'elle ne demande rien. Mais elle ne pouvait s'empêcher de ressentir un pointe au coeur : son fils grandirait sans père. Comme elle avait grandit sans mère. 

Sortant son fils qui commençait à marcher à présent, elle le laissa vagabonder et récupéra la grosse enveloppe à son nom. L'ouvrant, elle fronça les sourcils en voyant un CD dans une pochette faite en papier holographique avec deux places de cinéma. Fronçant encore plus les sourcils, elle chercha une lettre, un mot mais rien. Et son coeur s'accéléra lorsque sur la place, elle pu lire : "Séance Unique, Nekfeu - Les étoiles vagabondes". Le billet datant de ce soir. Attrapant le CD, elle le déballa et hésita un long moment avant de voir qu'elle devait se mettre en route si elle ne voulait pas rater le film de Ken. 

Elle était surprise de la démarche : Ken n'aimait pas la popularité mais il faisait un film d'un album où on verrait probablement sa tête pendant une heure trente. Un paradoxe à lui tout seul ce mec. Attrapant Achille, elle passa un plat au micro-onde et le lui donna assez rapidement. Son coeur lui criait de ne pas y aller pour pas souffrir mais son cerveau était rationnel : des réponses seraient peut être apporté avec ce film. 

Achille dans les bras, les places de cinéma dans la poche, elle s'arrêta en voyant une grosse camionnette noir, aux vitres teintés stationnée devant l'immeuble. Un homme chauve, une barbe et des lunettes de soleil fit le tour et lui ouvrit le van, où elle tomba sur Burbigo et le reste de Saboteurs Paris, elle leva les yeux au ciel. 

- Aller la reuss, grimpe, ria le papy, et donne moi ce poulet trop adorable. 

Elle grogna et tendit Ach au vieux qui le tchecka dans le normal. D'ailleurs, il tchecka tous les gars alors qu'elle se retrouvait dans les bras de Jazzy. 

- Askip y a un delbor devant le ciné, vous allez passer par derrière, annonça le chauffeur 
- Pourquoi vous étiez là ? 
- Le S nous a dit que t'avais eu des places, et que t'avais également reçu l'album ... Tu l'as écouté ?
demanda Eff
- Non, elle se pinça les lèvres, j'ai pas eu le temps. 

Elle détailla chacun des garçons et fronça les sourcils en remarquant l'absence d'Irène et de sa fille. Deen expliqua qu'elles avaient prit de l'avance et que lui, il était juste au studio avec les potes. 

- Vous savez c'est quel type de film ? demanda-t-elle 

Les mecs haussèrent les épaules et elle comprenait qu'ils savaient mais ne dirait rien. Dans le cinéma, le sudiste lui embrassa la tempe avant de se barrer avec son fils toujours dans les bras vers sa petite et sa copine. Elle soupira, récupérant des pop-corns qu'elle ne paya pas sous l'insistance de la caissière. Elle fronça simplement les sourcils, surprise, et puisque Hakim était derrière elle, il grogna la poussant doucement, remerciant la caissière au passage. 

- Aller ma reuss, fait pas la gueule, fallait faire la queue dans le froid comme tout le monde, ria-t-il, il est où mon filleul ? 
- Avec les Saboteurs. 

La moue qu'il arborait faisait rire la blonde qui secoua la tête, ils étaient vraiment tous un peu le papa d'Achille mais ça restait principalement Deen et Hakim les plus impliqués. Elle fronça les sourcils en jetant un regard à son meilleur ami.

- Ken sera là ? 
- Ouais. 
- Je veux pas qu'il m'approche
, elle fit fermement
- Il passera forcément te voir a un moment donné, soupira Hakim. 
- Pas devant tout le monde ... 
- Ouais
, il inspira, je lui passerais le message. 
- Merci. 

Le kabyle lui offrit un sourire et lui embrassa le front. Avant de retourner dans des couloirs différents et elle trouva rapidement sa place parmi ses amis, saluant les Akrour Junior dans la salle de cinéma. Elle était anxieuse de ce qu'elle allait voir, elle avait vraiment fait en sorte de ne rien voir venant de Ken, parce que parler de lui, lui donnait toujours un pincement au coeur. Elle était folle de cet homme, elle n'y pouvait rien. Récupérant son fils qui avait fait plusieurs bras, la salle se plongea dans le noir et le film débuta directement. 

Elle écarquilla les yeux en voyant les premières images, en entendant sa voix, et surtout, elle avait déjà les larmes aux yeux de ressentir la tristesse et la solitude de Ken. Assise à côtés de Hugz, elle sentit le garçon serrer sa main et lui tendre un mouchoir qu'il avait récupérer d'elle ne savait pas où. 

Le film dura exactement une heure vingt-six, quatre-vingt six minutes où elle était transporté dans l'univers de son ex, dans la solitude du père de son garçon. Le grec débarqua sous les cris des gars et comme les gens ne venaient pas importuner les garçons, elle supposait qu'ils étaient tous du milieu malgré qu'elle ne les connaissait pas forcément. 

Elle remarqua rapidement ses kilos en trop, sa voix emplis d'une tristesse qu'elle ne comprenait pas. Elle était mélangé dans un flot de tristesse et de colère parce qu'il se plaignait mais c'était lui qui avait choisi la situation. D'accord, elle lui avait imposé un bambin, mais quel môme d'ailleurs, il était adorable et aimant avec tous l'entourage. Inspirant un grand coup, elle repéra le rappeur et Syrine discuter avec des gens et lorsque son regard croisa celui du grec, son coeur rata quelques battements, et elle brisa le contact pour se baisser et récupérer Achille qui chouinait. 

Elle paniqua en le voyant faire un geste vers elle, avant de se raviser et elle le remercia intérieurement de ne pas forcer ce soir, elle aurait été incapable de le confronter maintenant : son cerveau était en vrac et son coeur en tachycardie. Hakim lui tendit un verre et mit fin, sans s'en rendre compte, à l'échange visuel qu'ils avaient. 

Il semblait aller un peu mieux que dans le film mais ça ne semblait pas être ça et elle voulait lui demander pourquoi ? Mais elle n'était pas prête, pas maintenant. Elle offrit un regard à Hakim qui poussa un soupire. 

- J'vais voir avec Zerzer, c'est lui qui m'a déposé. 

Elle hocha la tête et jeta un regard à son bébé qui était entrain de courir partout avec ses cousins. Ils allaient faire du bordel plus grands, ceux-là. 

- Achille ! fit-elle fortement, on y va mon grand ! 

Le petit s'arrêta instantanément et poussa un faible soupire avant de saluer ses cousins d'une accolade et choper son parrain au vol, puisqu'il revenait par là. Il finit par lui embrasser la joue et retourna dans les bras de sa mère. Jetant un dernier regard par dessus l'épaule du Kabyle, elle croisa de nouveau le regard du rappeur et lâcha une petite larme incontrôlable quand elle entendit son fils. 

- Mama, 'garde, Papa là. 

- Charly ! cria-t-on dans son dos 

Mais elle n'avait pas besoin de se retourner. Et Hakim poussa un soupire en ouvrant la portière de voiture. Elle se contenta de le regarder à travers la vitre du pare-brise et lâcha un premier sanglot. 

Elle pleut. 



14:06:21  

Les Étoiles VagabondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant