Les Étoiles Vagabondes

C h a r l y

Janvier 2016. Paris. 

Elle se réveilla en larmes, hurlant et se débattant contre des fantômes. Elle sursauta encore plus lorsque la porte s'ouvrit fortement, laissant passer cinq têtes. La tête blonde / violette de Nekfeu poussa un faible soupire alors que Jude s'approchait doucement. Comme si elle parlait à une enfant, elle se positionna à genou, sur le sol, au bord du lit et lui prit la main.

- Ça va, mon chat ? 
- J'crois, ouais.
- J'avais pas fait gaffe mais t'as un sacré oeil noir, marmonna Ken

Elle pinça ses lèvres, elle n'osait pas dire qu'elle voyait un peu flou, elle ne voulait pas aller à l'hôpital ou quoi. Mais elle avait probablement des côtes niquées aussi. Elle ferma les yeux lorsque la douleur fut un peu trop forte après un câlin de Jude et serra la mâchoire pour ne pas gémir de douleur. 

Elle avait suffisamment inquiété les gens. Rien qu'à la tête de Deen, ça se voyait que les mecs avaient fait nuit blanche. Jude finit par se redresser, le visage plus fermé et la pointa du doigt, rapidement, ne laissant le temps à personne de comprendre. Le sermon tapa dure sur son crâne.

- Tu vas plus chez ce mec, Charly. Je m'en fous que ce soit ton dealer et ton mec, Antoine est un putain d'enculé et je veux même pas te revoir le contacter. 
- Je, je suis tombée dans les escaliers, tenta-t-elle sous le regard sombre de Ken et Deen 
- Tu me niaises-tu ?! gronda-t-elle fortement, je les vois parfaitement les traces de ce mec, je reconnais des traces de doigts qui serrent une gorge, Charly. Faut que t'expliques, maintenant. 
- Je, elle lui jeta un regard implorant mais rien ne semblait faire changer de position Jude Gosselin. 

Elle poussa un faible soupire et jeta un regard aux garçons qui n'attendaient qu'une seule explication. Nek et Deen la méritaient clairement. Elle se mordit fortement la lèvre inférieure, la ré-ouvrant. 

- J'étais passé chez Antoine pour, elle se racla la gorge, pour acheter, d'habitude, à cette heure-là, il couche déjà avec une putain mais pas cette fois, il était plutôt clean et du coup, on a passé du temps ensemble, normal, comme un couple, en fumant un peu. Puis il m'a trainé vers sa chambre parce que ses potes dans le salon étaient bruyants, il me disait des mots sympas et tout, tu vois ? C'était tendu depuis la dernière fois alors j'ai baissé ma garde. 

Sa voix tremblait, elle revoyait parfaitement le moment où elle planait à cause de l'herbe trop forte, où il avait commencé à la déshabiller malgré ses molles protestations, elle l'avait éloigné d'un coup de pied quand il avait clairement commencé à la toucher un peu trop intimement, forçant sur son corps lourd. Elle avait quitté le lit, ayant enfilé un de ses t-shirt et avait voulu quitter la chambre mais Antoine n'avait visiblement pas été de cet avis ; il lui avait attrapé les cheveux, l'insultant de tous les noms, lui hurlant dessus que si elle l'aimait, elle devrait lui offrir son corps et l'avait roué de coup, continuant de l'embrasser, de la caresser, de la toucher. Elle était en larme et l'effet de la beuh avait rapidement été remplacé par l'adrénaline lorsqu'elle s'était retrouver au sol, la main d'Antoine dans sa culotte, elle s'était débattu comme une lionne, avait tapé, tapé, avant de sentir un moment de faiblesse du garçon et de fuir. Elle avait récupéré son manteau et avait tentait de joindre Jude, puis Framal et Mekra, plusieurs fois avant de se poser dehors pour essayer de réfléchir, elle était en pleine crise de panique quand elle avait appelé Ken. Il avait été sa dernière chance.

Elle finit son récit en larme, les tremblements ayants reprit possession de son corps et Jude, les joues mouillées à cause de son récit, la serra contre elle, s'excusant encore et encore. Les garçons avaient les poings et la mâchoire serrée. 

Elle ouvrit les yeux, tombant sur la chambre vide et fronça les sourcils en remarquant qu'elle avait dormit trois bonnes heures. Légèrement désorientée, elle se redressa et tomba sur une scène étrange ; Jude et un barbu qu'elle ne connaissait pas étaient installé sur la table basse du salon, soignant quatre bruns. 

S'approchant timidement, elle porta sa main à sa bouche en croisant les visages amochés des garçons. Qu'est-ce qu'ils avaient foutus ? Elle se mordit la lèvre lorsque Deen lui lança un regard entre l'énervement et la surprise, elle comprit qu'elle était responsable de leur état et elle avait peur de comprendre qu'ils étaient aller chez Antoine. 

- Chat, aide-nous, s'il te plait, demanda simplement Jude qui s'occupait de son copain, lui râlant dessus malgré son sourire satisfait

Elle s'approcha de Deen, parce que clairement Ken ne semblait pas être redescendu de sa colère et son visage était clairement caché par la casquette qu'il portait, signe qu'il voulait pas qu'on l'approche. Personne ne semblait vraiment prêter attention au rappeur, en plus, c'était bizarre. 

- Tu nous demandes pas ? marmonna Deen alors qu'elle soignait les blessures de ses mains 
- J'ai du mal à réfléchir et à comprendre, surtout, grogna la blonde en se frottant le crâne
- T'es comme notre reus, gronda Hakim d'une voix dure, cherche pas plus loin, on touche pas à la famille. 

Elle fit une moue et regarda le Kabyle. Hakim lui faisait encore peur, lorsqu'il parlait sèchement comme présentement. Il ne semblait pas s'être calmé lui non plus et pourtant, ces paroles lui allaient droit au coeur. Elle lui offrit un sourire timide auquel il répondit rapidement, avant d'avaler une gorgée de son whisky. Elle reporta son attention sur Deen et le soigna rapidement, plaçant des pansements là où elle le devait et se retourna vers Ken dont les mains tremblaient encore. 

Pourquoi cette histoire le touchait à ce point ? Ils ne se connaissaient pas. 

- Nek, marmonna Mekra, vas y, viens. 

Il l'attrapa par la nuque et l'emmena dans la salle de bain. Le grec ne protesta même pas, pourtant sa démarche ne laissait aucun doute sur la colère qui habitait son corps. Des voix graves se firent entendre, rapidement suivit de bruit de casse et c'est le barbu qui soupira. 

- T'inquiètes, Nek il monte vite en pression mais il met du temps à redescendre ; c'est un intellectuel, il est du genre à se faire bouffer par ses pensées, lui souffla doucement Deen
- Mon reuf va le gérer comme il faut, approuva Framal en attirant la rousse sur lui surement pour qu'elle arrête de faire la gueule

Elle releva la tête lorsque des bruits de pas se firent entendre et tomba sur les deux rappeurs, silencieux, Ken semblait plus calme, et beaucoup plus mouillé aussi. Elle écarquilla les yeux en tombant sur son torse humide et détourna le regard alors qu'il revenait s'assoir, la serviette cachant littéralement son visage. Elle baissa son regard sur ses mains en sang et se mordit la lèvre, en attrapant une pour la soigner. 

Le silence s'était imposé entre eux. Mais pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe de joie lorsqu'elle regardait ces garçons ; ils s'étaient battus pour la défendre elle, alors qu'ils ne l'a connaissaient pas. Et les mots d'Hakim lui revinrent en mémoire ; elle était une soeur. Elle faisait partie de leur famille. 

- Je ... Merci, murmura-t-elle, sa gorge se nouant