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-C'est quand même marrant, ai-je remarqué. Ta mère rêve de te voir en veste, et ma tante de me voir maquillée. Toi dans le rôle du marié bien diplômé. Moi dans celui de la petite bonne femme qui sait se mettre en valeur. Comme si elles voulaient absolument que nous devenions quelque chose que nous ne sommes pas assez. 

-Un garçon, une fille ?

-Par exemple. Un homme, une femme.

-Un masculin, un féminin.

-Je dirais un masculin, une féminine. 

-Incorrect mais logique, a relevé Niall. Tu as remarqué comme ta tante était contente de me voir, tout à l'heure, au maquillage ?

-C'était difficile de le louper.

-Elle nous voyait fiancés, non ? 

-Comme les mariés en sucre sur les pièces montées.

-Les gens adorent les hommes et les femmes qui se fiancent. Ils les respectent.

-Même au collège ? ai-je demandé.

En posant la question, j'ai senti naître en moi une idée toute neuve. J'ai regardé Niall. Sur son visage, le sourire enthousiaste venait de faire son apparition. Nous étions incroyablement synchrones.

-Si j'étais ton fiancé, ils arrêteraient de m'appeler gonzesse en roulant des fesses comme des dindons.

-Si j'étais ta fiancée, elles arrêteraient de me traiter comme une gourde disgracieuse et menaçante.

-Il faudrait que tu gardes un peu de maquillage. Au moins autour des yeux. 

-Il faudrait que tu arrêtes d'intervenir sans arrêt en français.

-Et nous serions normaux ?

-Nous serions tolérés. Ce n'est déjà pas mal....

C'est ainsi que la première vague a déferlé. Celle qui annonce le tsunami. Quand nous avons décidé, un soir de printemps, dans ma chambre, que nous allions nous intégrer dans la société familiale et scolaire par la voie du couple. Il était entendu que Niall ferait le garçon et que je ferais la fille. Pour que les choses soient bien claires, j'étais invitée à me maquiller, et lui à se taire. Ensuite, nous adopterions certains comportements typiques, dont le premier consistait à nous donner la main et à nous prendre par la taille. C'est un truc que font couramment les gens qui sortent ensemble, même les timides. Ils s'accrochent l'un à l'autre comme des marsupiaux. Pour le reste, il suffirait de systématiser nos habitudes. Nous étions souvent côte à côte en cours. Il faudrait l'être toujours. Nous parlions ensemble pendant les pauses et les récréations. Nous parlerions en nous posant une main sur l'épaule. Et ainsi de suite, je te donne ma barre chocolatée, tu me portes mon sac. Rien de très compliqué. Un peu de discipline ferait l'affaire.

A ce stade, il nous restait un détail technique à régler. Il fallait vérifier notre compatibilité.

-Tu ne seras pas dégoûtée de me tenir par la taille ? 

-Tu n'auras pas honte de me prendre par la main ?

Pour résoudre ce genre de questions, on n'a encore rien trouvé de mieux que d'essayer. Niall a pris ma main et nous avons fait le tour de la chambre en marchant. Main dans la main, quoi. 

-Alors ? a demandé Niall.

-Pas de problème. Je dirai même facile. 

Ensuite, j'ai pris Niall par la taille, ce qui était beaucoup plus compliqué parce que nous sommes aussi grands l'un que l'autre, et qu'il n'est pas naturel du tout de se tenir par la taille en marchant, je parle d'expérience.

-Alors ? ai-je fait.

-Difficile mais jouable.

Enfin, nous avons passé l'épreuve de vérité en nous serrant l'un contre l'autre. J'ai posé mon menton dans le creux du cou de Niall et il a procédé de la même façon avec moi. Nous sommes restés collés pendant de longues secondes.

Je nous observais dans la vitre de mon armoire. Dommage que Niall n'ait pas pu nous voir (forcément, il tournait le dos au miroir). Nous étions impeccables. N'importe qui, en nous regardant, aurait deviné que nous sortions ensemble. Nous nous sommes décollés d'un commun accord.

-Ca te fait quelle impression ?

-Je ne sais pas..., ai-je répondu.

-Comme si j'étais ton frère ?

-Aucune idée. Je suis fille unique, je te rappelle. Et toi ? Comme si j'étais ta soeur ?

-Je suis aussi unique que toi, et tu le sais très bien.

En conclusion, nous étions du même avis ou presque. Niall pensait qu'il tenait sa meilleure copine dans ses bras. J'avais l'impression que je tenais mon meilleur copain dans les miens. Nous étions prêts pour le couple...

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C'est rare que je mets une note à la fin des chapitres mais c'était pour vous dire que c'est un chapitre vraiment important pour la suite de l'histoire et merci à tous ceux qui lisent mon histoire que j'essaye de publier le plus rapidement possible. Si tout vas bien, à ce rythme, à la fin des deux semaines qui arrivent j'ai finis d'écrire l'histoire vue que j'ai deux semaines de vacances. :)

[ En Pause ] La Belle JadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant