— Pourquoi tu pleures ?
Je m'étais assis à côté de mon petit frère. Lui, restait au bord de son lit et pleurait, la tête entre ses mains, ses cheveux bruns entremêlés dans ses bras.
— Laisse-moi...
— Marius, dis-moi pourquoi tu pleures.
Je n'avais que onze ans et lui seulement dix ans, nous étions jeunes, en plein apprentissage. Deux loups, terrifiés à chaque pleine lune. Ce qui me faisait le plus peur à moi, c'était la douleur des transformations. Marius lui, parvenait à se taire, il endurait la douleur physique bien mieux que moi. Mais à l'inverse, les douleurs psychologiques le torturaient quand de mon côté, elles glissaient sans faire de ravage.
Il avait alors commencé à calmer ses sanglots puis avait relevé la tête pour regarder droit devant lui. Il avait reniflé puis essuyé son visage humide avec ses manches avant de tourner la tête vers moi. Son nez était cassé, une balafre le découpait en deux et son oeil droit était gonflé, un coquart l'entourant d'un mélange de noir et de violet.
— Mince... Marius... qu'est-ce que...
— Papa m'a dit qu'il voulait m'entraîner à me battre, mais il n'a fait que me frapper.
Une larme roulait sur sa joue abîmée et son menton tremblait. Dix ans... aucun enfant ne méritait d'être frappé mais à cette époque, je ne parvenais pas vraiment à le comprendre. Je n'étais qu'un gosse avec un rêve : celui d'être comme son père.
— C'est que tu n'as pas dû écouter ses conseils et que...
—Il m'a frappé ! m'avait interrompu Marius en me fusillant du regard. Il ne fait que ça ! Pourquoi toi tu n'y as pas le droit... pourquoi tu n'y as pas le droit...
Il s'était remis à sangloter, avait tiré la couverture et s'était enroulé dedans. Couché, il s'était tourné dos à moi et restait recroquevillé ainsi, sans me regarder.
— J'te déteste Max... avait-il soufflé dans un sanglot.
— Tu arriveras à le satisfaire bientôt, tu verras.
J'avais posé ma main sur son bras un instant, sans réaction de sa part, j'avais décidé de le laisser seul.
— Mar... Marius... balbutié-je.
J'ouvre difficilement les paupières. L'une d'elle reste fermée, j'ai comme la sensation que mon œil gauche est gonflé, ce qui l'empêche de l'ouvrir. Mon corps tout entier n'est que douleur. De la bave ou du sang coule sur mon menton, dans ma barbe et mon cou. Je bouge légèrement les jambes, allongé sur un sol froid.
— Marius... répété-je.
Je crois avoir que très rarement ressenti de telles douleurs localisées un petit peu partout sur le corps. Évidemment les transformations sont douloureuses mais recevoir des coups est tout autre chose. La balle que Louis m'avait tiré dessus avait été une torture, la douleur que je ressens présentement me semble identique à quelques détails près ; Marius m'a infligé tout ça avec la seule force de ses mains.
Je relève difficilement la tête et je remarque que je suis enfermé dans une cage. Cette cage n'est pas très grande, je ne peux même pas me tenir debout dedans de part mon mètre quatre vingt dix. J'enroule mes mains écorchées autour des barreaux de la porte et la secoue dans un fracas métallique, rassemblant le peu de force qu'il me reste.
— Pitié...
Je crois bien qu'il me manque des dents et que mes organes internes saignent. Si je n'étais pas un loup, Marius m'aurait tué rien qu'avec ses coups.
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Lien Lunaire
Werewolf[Histoire pour un public averti, contenance de langage grossier, scènes explicites et violence] (Les trois tomes se suivent sur ce livre.) Monroe est une femme terrée dans sa musique, le soir où elle décide de faire plaisir à un ami et de l'accompa...