Epilogue

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Je sais qu'une bonne partie de ma vie, j'ai haïs le système, ma famille, les gens qui m'entouraient. Le monde dans lequel je vivais ne me plaisait plus et j'ai préféré m'enfermer dans une idéologie. J'ai préféré enterrer mes émotions pour laisser place à de la haine, de la rage, de la colère, de la violence. C'était ma façon à moi de me protéger et de protéger ma meute, le peu d'entre nous qui restait.

Les loups-garous sont en voie d'extinction, les Chasseurs y sont pour quelque chose mais la plus grande menace restera toujours l'espèce elle-même. Ma mère a été tuée par un loup-garou, mon beau-père a été tué par moi-même et mon père biologique a également été tué par un loup. Les Chasseurs sont-ils si dangereux que cela ?

Je me suis tellement enterré dans mes idées, dans ma soif de pouvoir et de vengeance que j'en ai oublié que j'étais moi-même une menace. Heureusement, quand on atteint le fond, on ne peut que remonter, jamais sans l'aide de quelqu'un. Monroe a été ma lumière parmi ces ténèbres et je lui serais toujours reconnaissant.

Je pensais être perdu, je pensais ne plus jamais pouvoir ressentir de compassion, d'amour, de tristesse, mais elle m'a fait comprendre que je restais un homme, un être pourvu de sentiments humains. Sans Monroe, je ne serais aujourd'hui que l'ombre de moi-même et j'aurais marché dans les traces de mon père.

On m'a arraché ma lumière, et avec, une partie de mon coeur. Cependant, je ne peux pas vivre dans le regret ni dans la tristesse, j'ai une fille à élever, j'ai un nouveau but dans ma vie. Fini les meutes de loups enragés, fini l'Alpha possessif. Je serais un père, un protecteur, un mentor, un exemple.

— Alors ? commencé-je. Tu comptes faire quoi, maintenant ?

Max se tient devant moi, il regarde la lune se refléter sur le lac en contrebas de ma maison. Je suis dans cette cabane dans les bois, comme aimait l'appeler Monroe. Notre petit coin de paradis, de sérénité. Max se tient sur le ponton, les mains dans les poches, ailleurs. Le pauvre arbore une belle cicatrice sur la tempe et un oeil blanc, aveugle, des suites des expériences qu'on lui a infligé.

— J'en sais rien, rétorque-t-il. Je n'ai plus envie d'être le meneur d'une meute, je crois que j'ai assez donné. Je pense que ça a toujours été toi le meneur.

Je pose ma main sur son épaule, derrière lui et la lui presse.

— Tu as plein de choses à vivre, Max.

Il hoche la tête.

— Je vais voyager, je pense, découvrir le monde et profiter de la vie.

Il se tourne vers moi et plonge son regard dans le mien. Max a morflé, le pauvre restera marqué à jamais de cette guerre et ces trahisons. Je suis heureux qu'aujourd'hui, nous soyons en harmonie et que la rancoeur ne soit plus qu'un mauvais souvenir.

— Et toi, dans tout ça ? souffle-t-il.

—  Je vais m'occuper d'Alice, je vais lui apprendre à contrôler son gène et tout faire pour qu'elle vive une vie ordinaire. Moi aussi, j'en ai fini avec les meutes.

Max me sourit, puis finalement, il me prend dans ses bras et m'enlace. Je dois avouer que nous n'avions plus d'altercation comme celle-ci depuis des années. Nous n'étions que deux rivales, jaloux l'un de l'autre et cette jalousie creusait un fossé entre nous.

Je ne remercierai jamais assez Monroe pour la rédemption qu'elle nous a offert à tous les deux. Grâce à elle, j'ai retrouvé mon frère.

Max partira le lendemain matin et je me retrouverai seul avec ma fille. Je l'ai nommé Alice, car je pense que Monroe aurait apprécié ce prénom, en mémoire à son amie. C'est compliqué, le rôle de père. Apprivoiser son propre enfant, apprendre à garder son calme, se voir être rassurant mais rapidement et avec acharnement, j'acquiert ce rôle que jamais, je ne pensais avoir.

Je passe du temps avec elle, les soirs de pleine lune, je m'enferme dans le sous-sol avec quelques morceaux de viande pour lui épargner la violence et je sais que lorsqu'elle sera âgée de huit ans, à peu près, elle aussi vivra sa première transformation. Je suis un Alpha, je serai là pour elle et je l'accompagnerai dans ce moment difficile, comme l'aurait fait Monroe.

C'est comme si elle était toujours là, avec moi, car chaque soir, lorsque la lune est visible dans le ciel et se reflète sur le lac, ce loup blanc vient me rendre visite. Il ne s'approche que rarement de moi mais je sais qu'elle est là, qu'elle nous surveille, nous protège et c'est suffisant pour que je ne me sente pas seul.

Une enfant de la lune a su la défier. Elle a changé à jamais l'espèce du loup-garou. Le Lien Lunaire se manifeste sous plusieurs formes et je sais que ce loup blanc que je vois chaque soir, est une représentation de ce fabuleux lien que j'avais avec elle.

Merci, Monroe, mon âme-soeur, pour cette rédemption.
Je suis un loup, et toi, tu es ma Lune.

J'espère sincèrement que cette trilogie sur les loups-garous vous aura plu ! Une bonne réécriture sera nécessaire pour effacer toutes les erreurs et incohérences qui ont pu s'y glisser !
Je vous remercie d'avoir suivi l'histoire jusqu'à son point final ! Ce fut une belle aventure.



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