31 - Je suis un loup et elle, ma Lune 🌗

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Immergé sous l'eau, englouti par les ténèbres. Tous les flashs martèlent mon esprit alors que doucement, le liquide glacial de cette rivière impitoyable imprègne mes poumons. Est-ce que c'est la fin ?

— Jess...?

J'étais tombé à genoux, la douleur tiraillait mon dos à cet instant, l'argent brûlait ma peau et tentait d'empoisonner mon coeur.

— Je suis désolée, Marius... avait soufflé Jess les larmes ruisselants sur ses joues.

Et après cela, mon propre frère m'avait traîné sans dignité sur le sol terreux de la falaise pour me jeter de cette dernière. Quand mon corps avait heurté l'eau, j'avais cru que tous mes membres s'étaient arrachés.


J'extirpe ma tête hors de l'eau et j'inspire profondément, je tousse, je tente de respirer et de nager contre le courant. Ma gorge me brûle, je peine à bouger les bras et les jambes, je suis comme paralysé par le froid, par la douleur.

Je pousse un cri et lève la tête que je tente de garder hors de l'eau pour ne pas me noyer. Je vois alors la Lune, ronde, et menaçante. Elle est pleine, je devrais me transformer, moi qui suis un Alpha mais il n'en est rien. Je ne le peux tout simplement pas, car je suis en train de mourir. Le loup lui, est peut-être déjà mort.

Finalement je parviens à m'accrocher à la racine d'un arbre et je tire, je hurle et je me hisse sur la berge. J'enfonce mes doigts dans la terre mouillée et molle, je rampe tout en grognant, mon corps tout entier ne cesse de trembler et chaque fois que je tire mon corps, je serre les dents et grimace tant la douleur du poignard que j'ai toujours dans le dos me fait souffrir.

J'abandonne l'idée d'avancer et je reste ici, allongé dans la terre tout le long de la nuit. J'entends le hurlement des loups, Hellbound est bondée de ces monstres, monstres desquels je fais partie.

Je reste comme un cadavre ambulant des jours durant. Après près de trois jours immobiles à subir les intempéries de dame nature, je décide de rassembler le peu de force qu'il me reste pour entrer dans la forêt. Cela relève du miracle que je ne me sois pas fait dévoré par une bête sauvage.

Rapidement, je me retrouve dans un chalet abandonné où l'odeur de moisi trône. Le bois est si humide, si pauvre et les mites semblent en raffoler.

Je reste allongé ainsi, à tenter de me libérer de ce poignard qui me tue.

— Je ne te laisserai pas... ce plaisir... grogné-je. Tu n'auras jamais... mon pouvoir.

Je me bats, par fierté. Max ne m'a pas tué et ne me tuera jamais.

Mais je n'y parviens pas. Je suis trop faible, chaque fois qu'il pleut et que les gouttes de pluie passent par le toit, j'ai l'impression que de minis lames viennent perforer ma peau. Je sursaute chaque fois que l'eau du ciel me touche et mes dents ne cessent de s'entrechoquer.

Alors que je pense être en train de mourir, mes bras tendus devant moi tant je ne parviens plus à bouger. Je sens deux présences et je reconnais ces odeurs. Marie et Dickon. Je les pensais mort mais plus rien ne devrait me surprendre à présent.

— N'approchez pas.

Je leur ordonne ceci, évidemment Marie n'en fait qu'à sa tête, je sens son souffle non loin de moi mais je ne la vois pas. Je fixe juste un point devant moi, pendant que mes dents claquent entre elles et que je tente par un effort insurmontable, de retirer cette fichue dague en argent qui pourri mes chairs.

— Laisse-nous t'aider... souffle-t-elle.

— J'en... j'en ai assez des traîtres... laissez-moi.

Ma voix est si faible, si lâche. Je parle mais ne reconnais même plus ma propre intonation.

— Si on ne fait rien, tu vas mourir.

— Alors que... que je... que je meurs !

Ma propre voix tressaute à cause de mes tremblements. Je pense que la mort est ma seule échappatoire.

— Trahi par tout le monde... grommelé-je. Par ma meute... par mon grand frère encore... par... par le fantôme d'une vie passée.

J'ai aimé Jess, c'était la seule femme que j'ai aimé. La croire morte avait fait disparaître toute trace d'humanité en moi. Jusqu'à l'apparition de Monroe. Cette fille de la Lune. Je n'ai jamais compris pourquoi je me sentais lié à elle, sans même la connaître, ce qui m'a fait la haïr si fort que je souhaitais la voir souffrir.

Marie retire la dague sans même me prévenir, alors que j'étais perdu dans mes pensées. Je m'arc-boute, me tord littéralement et je hurle, mon corps entier se raidit pour que finalement, ce soit les ténèbres qui m'envahissent.

Chaque fois que je m'endormais lorsque j'étais en pleine agonie, je pensais que je ne me réveillerais jamais. Mais chaque fois, mon supplice recommençais comme si l'enfer était bel et bien sur Terre.

Durant trois ans, j'ai su m'occuper de moi-même, j'ai su me remettre de mes blessures et j'ai su apprendre à faire confiance à Dickon et Marie, les deux seules personnes qui se sont ralliées à ma cause. Je ne pensais pas en arriver là un jour et je sais très bien que je n'ai pas été le meilleur Alpha qui puisse exister. Je n'ai fait preuve d'empathie que trop rarement et j'ai été parfois dur, empêchant la petite Lizzie d'aller à l'école. Cependant, ma confiance n'a jamais été très solide et c'est ce qui m'a finalement porté défaut. Max a profité de Monroe, du fait qu'elle me trouble pour se retourner contre moi et tenter de voler le pouvoir qu'il n'aura jamais. 

Mais quelle fut ma surprise lorsque Monroe elle-même m'a voué loyauté, agenouillée devant moi. J'aurais souhaité lui dire que ce n'était pas la peine, que je ne souhaitais plus la retenir captive mais ce que je ressens et ce lien qui me tue m'en a empêché, je n'ai fait qu'accepter et j'en ai profité. Jusqu'au jour où Dickon a trahi ma confiance.

Depuis tout jeune, je suis un individu incapable de contenir sa colère. J'ai toujours été trop sensible, trop faible lorsque mes émotions prennent le dessus. Je suis un être impulsif, colérique et explosif. J'ai tué tout le monde.

Je suis un monstre égoïste.
Brise-moi et je te détruis.
Telle est ma devise.

Je suis incapable de regretter un acte de barbarie tel que celui dont j'ai fait preuve en tuant toute ma meute. La seule chose dont j'ai été capable de faire, c'est de disparaître et faire le mort.

Qu'aurais-je pu faire ?
Je pensais Monroe morte.


Je suis un loup et elle, ma Lune.
Comment aurais-je pu penser un jour, redevenir humain, sous les rayons de la Lune, sous ses doux baisers, sous l'amour et le lien que j'éprouvais. 

Pitié Monroe, bats-toi !

Comment un loup survit-il sans sa Lune ?






Nous sommes actuellement à la fin du tome 2 de Lien Lunaire. Rassurez-vous, la suite arrivera après ce segment.
Mais si le livre vient à être publié un jour, il sera coupé en trois partie. Merci à vous de le suivre depuis ses débuts !

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