8 - Fuite précipitée 🌗

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Je m'en veux. Je fais les cents pas dans mon appartement, je me ronge les ongles. Cela fait plusieurs jours que je rumine. J'essaie de m'occuper, j'ai même donné des cours mais rien y fait. Je suis rongée. Rongée par Max. Il est entré dans ma tête et me hante. Je n'ai jamais agi comme cela, comme une garce. Samuel ne méritait pas ça ! Je ne suis plus la même et plus la pleine lune approche, pire c'est. De plus, je ne cesse de recevoir des appels d'un inconnu qui me menace. Il dit savoir qui je suis, où j'habite et il me conseille de quitter rapidement Hellbound si je ne veux pas disparaître. Je ne sais pas si je dois aller à la police pour un dépot de plainte. En réalité, que pourrais-je dire ?

« Salut, je suis devenue un monstre qui se transforme en loup, un homme m'obsède et dérègle totalement mon corps et surtout, quelqu'un m'appelle et me menace. Pouvez-vous m'aider ? »

Je finirai en isolement dans un hopital  Je psychiatrique.

Je ne rêve jamais. Ou que très rarement. Ce matin, alors que je me rendors après avoir éteint mon réveil, je rêve. Je rêve de lui, nous sommes dans mon appartement, dans mon lit. Ses lèvres humides chatouillent mon cou, ses mains rêches caressent mes cuisses. Nous nous embrassons, nous échangeons des caresses torrides et nous finissons nus l'un contre l'autre à se donner du plaisir. J'ai l'impression de ressentir chaque sensation, de jouir réellement mais alors que je suis sur le point d'atteindre l'orgasme dans ce rêve dérangeant et gênant, je me réveille en sursaut. Je reste un moment immobile à fixer mon plafond, essoufflée comme si je venais réellement d'avoir un ébat avec quelqu'un.

J'entends toquer à la porte. Je m'appuie sur mes coudes pour la regarder. Lorsque ça toque plus fort, je me lève et m'y dirige en t-shirt et en culotte. Je me gratte les cheveux et ouvre la porte, protégée par mon loquet que j'ai réparé. Max se trouve là, sa fidèle veste en cuir sur ses épaules. J'avais senti son odeur et c'est peut-être pour cela que j'ai rêvé de lui. Néanmoins me retrouver face à lui me met mal à l'aise. Je n'ai le temps de parler qu'il ouvre la bouche.

— Habille-toi et fais ta valise.

— Pardon ?

— Ne discute pas et écoute-moi.

— Pourquoi ?

Je vois qu'il perd patience. D'un coup de pied, il casse mon nouveau loquet et ouvre brusquent la porte. Je recule de quelques pas, les yeux grands ouverts.

— Mais ça va pas ?

Il avance sans faire attention à moi et regarde autour de lui. Il attrape le sac rangé sur le haut de mon étagère, attrape des vêtements au hasard et les fourre dedans.

— Excuse-moi, ce sont mes affaires que tu touches là, grogné-je.

— Oui, je sais.

J'attrape son poignet pour l'arrêter et sonde son regard.

— Je te demande d'arrêter.

— Non, c'est moi qui donne les ordres. Tu comprends rien à rien toi, pas vrai ?

Je le regarde sans un mot. Il était bien plus agréable dans mon rêve.

— Tu dois m'écouter, je suis plus âgé que toi et je sais plus de choses que toi. Je suis un peu comme un Alpha, ouais voilà.

— Rien à faire, j'ai jamais demandé à...

Il pose son doigt sur ma bouche.

— Tais-toi. Si tu veux rester en vie, enfile un pantalon et des chaussures. On doit quitter Hellbound.

Je repousse sa main et tout en grognant je pars m'habiller. Quand j'enfile mon jean et que je me redresse, je fixe mon reflet un instant. Je ne comprends pas ce qu'il veut et je suis terriblement stressée. Je ressens ce qu'il ressent, il ne joue pas, il se passe quelque chose je le sais. Je noue mes cheveux dans une queue de cheval rapide et le rejoins. Je n'ai même pas eu le temps de me laver. Il me jette le sac que je rattrape au vol. Je n'ai jamais eu de bons réflexes, mais cette fois, je m'impressionne.

Il sort de mon appartement, alors je le suis, un pincement au cœur. Je n'ai pas envie de quitter la ville. J'aime cette ville. Je le suis dans les escaliers, il les descend bien plus vite que moi, je peine à garder le rythme.

— Pourquoi est-ce que je dois partir ?

— Je sais pas si tu te souviens mais je t'ai dit que je n'avais pas le droit de transformer des gens en loup.

— Ouais vaguement...

— Chaque meute a un alpha.

— C'est toi ?

— Non. Et cet Alpha est au courant de ton existence. Aucun loup n'a le droit de rester seul, on doit toujours être en meute et s'entraider pour ne jamais déraper comme je l'ai fait. Il va vouloir t'avoir et te garder.

— J'ai pas besoin de faire partie d'une meute...

Il monte dans une voiture que je n'ai jamais vu et Je me hisse à côté de lui. Il a donc abandonné son pickup. Cette voiture est aussi nulle que celle de Samuel. Vieillotte, elle fait du bruit et une odeur de cigarette froide réside à l'intérieur, imprégnée dans les tissus.

Il fixe sa route, les sourcils froncés. Il est bel homme, je ne sais pas pourquoi je me sens tant attirée par lui, liée malgré-moi à cet être ingrat qui a tout bonnement gâché ma vie.

— Où est-ce que je vais aller ?

— J'en sais rien.

— Et toi ? Tu vas me laisser ?

Il serre son volant, tout en humectant ses lèvres.

— Je peux pas rentrer.

Il pousse un profond soupir et secoue la tête.

— Putain, je suis incontrôlable et maintenant je fuis ma propre meute avec un louveteau.

Je hausse les sourcils et tourne la tête pour regarder le paysage défiler. Moi aussi, je fuis. Je fuis quelque chose que je ne connais pas. J'ai peur de fuir. Peur de quitter mon cocon. Mon appartement qui était ma petite bulle, celle qui me protégeait du monde extérieur. Je suis une personne qui ne montre rien, mais ça me bouffe de l'intérieur. Je ne reverrai peut-être jamais mes parents au final ?

— Qu'est-ce qu'on risque, Max ?

Je me mords les lèvres sans quitter les arbres de la forêt de Hellbound qui défilent à grande vitesse sous les yeux embués de larmes.

— La mort. Je ne dois pas transformer, je n'ai pas le droit de contrôler, je n'ai pas le droit de prendre le rôle de l'alpha.

— Pourquoi ?

— C'est le défier.

— Et alors ? Je ne me vois pas suivre quelqu'un que je ne connais pas ! Enfin... je te connais pas mais je te fais confiance... t'es mon seul repère... j'ai forcément plus besoin de toi que d'un guignol qui se prend pour Dieu.

— Tu ne sais rien de nos valeurs.

— Dis-moi alors.

Je lui jette un regard, il reste concentré sur sa route, l'air pensif.

— Il ne peut y avoir qu'un alpha.

— Et ?

— Défier veut dire combat à mort. Je ne peux pas me battre contre lui.

Je regarde devant moi. Je peine à comprendre comment ils fonctionnent tous. Quelles sont leurs règles, leurs interdictions. On dirait bien que c'est encore plus strict que le monde dans lequel je vivais il y a peine un mois.

— Pourquoi tu ne peux pas ? T'as l'air fort. T'as arraché la portière de ta voiture.

— C'est mon frère.

Je hausse les sourcils. Sans savoir quoi répondre. Je tourne les yeux au moment même où nous passons le panneau Hellbound, un pincement au cœur.

VOUS QUITTEZ HELLBOUND
MERCI DE VOTRE VISITE.



Je vous remercie d'avoir lu !

Lien LunaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant