10 - Il est temps de prendre des décisions 🌖

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À mon réveil, ce matin, je me sens étrange. Je ne me sens ni revigorée, ni entière. J'essuie la larme qui perle au coin de mon œil et la première chose que je fais, c'est de prendre une douche, comme je l'aurais fait si je m'étais transformée la veille.

J'ai l'impression qu'une partie de moi a disparu et je peine à comprendre pourquoi, comment...

Quand je suis prête, ce qui n'a pas mis longtemps. Je rejoins les autres au rez-de-chaussée, les cheveux qui gouttent encore tant je n'ai pas pris le temps de les sécher.

Dickon et Marie sont pleins de vie, ils mangent du pain et du beurre tout en racontant leurs souvenirs. C'est vrai que parfois, après avoir chassé avec le loup, j'arrivais à manger des choses normales, sans pour autant être prise de spasmes et de douleur, sans que ça me répugne.

Marius est adossé au plan de travail de la cuisine et les écoute un sourire au coin des lèvres qui disparaît quand je les rejoins.

Je le regarde un instant puis détourne mes yeux. Je m'assois à côté de Dickon et appuie ma tête contre ma main. Marie et lui arrêtent de parler et me regardent comme si je n'étais plus là même.

— Ça va ? Demande Dickon.

Je hausse les épaules.

— Non, pas vraiment. Je ne comprends pas ce qui m'arrive.

Il y a certaines choses qui ne s'expliquent pas. Il y a certaines choses que l'on déteste puis lorsqu'on nous les retire subitement, on se rend compte que la haine et l'amour n'étaient qu'à un pas. Marius s'arrête à côté de moi et pose sa main sur mon épaule ce qui me provoque un frisson aussitôt. Je lève la tête vers lui et croise son regard.

— Suis-moi.

Je me lève et le suis docilement. Il ferme la porte derrière lui, je crois bien que je suis dans sa chambre. Chaque chambre a sa propre salle de bain, le lit est plutôt grand, il est fait, Marius est ordonné, rien ne traîne jamais quand il est là. Il se tourne ensuite vers moi alors je fais de même et croise les bras attendant patiemment qu'il me dise ce qu'il a à me dire.

— Tu le sens encore ? me demande-t-il.

Je laisse pendre mes bras et secoue la tête négativement.

— Pas depuis hier soir, comme s'il avait disparu.

— Ton odeur prouve le contraire, alors réveille-le. Est-ce que tu arrives à voir à travers les yeux de Max ?

J'ai toujours eu du mal à contrôler ce phénomène. Je ferme néanmoins les yeux et j'inspire profondément. Je ne vois rien sauf le néant. Je me sens vide, où sont mes pouvoirs ? Où est le loup ? Je rouvre les yeux et déglutis difficilement.

— Non...

Il me toise, les paupières légèrement plissées. À me fixer comme ça, il commence à me mettre mal à l'aise. Je pince mes lèvres puis je regarde autour de moi tout en faisant claquer ma langue contre mon palais.

— Sympa ta chambre, soufflé-je.

— Merci.

Il passe devant moi puis s'assoit sur le bord de son lit, je l'imite, me retrouve à côté de lui et je me perds dans ses yeux bleus à nouveau.

— J'ai vécu la même chose, avoue-t-il.

On dirait qu'avouer cela lui demande un grand effort : celui de mettre sa fierté et son égo de côté pour quelques minutes.

— Je ne me suis pas transformé pendant près de six mois après ce qu'il s'est passé au bord du précipice.

Il détourne le regard, s'appuie sur ses jambes puis tourne la bague qu'il porte sur son majeur.

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