J'ai faim.
J'ai soif.
Je suis fatiguée.
Je sens mauvais.
Je suis en colère.Déjà trois jours qu'ils me retiennent.
Trois jours que je dois aller pisser en étant surveillée.Trois jours que je ne mange pas et qu'ils ne mangent pas, hormis ces deux stupides chasseurs qui prennent leur pied à manger des sandwichs écœurants !
Moi ce que je veux, c'est de la viande, crue, saignante.
Jamais je n'aurais pensé un jour dire ce genre de choses, en vouloir à un point où j'en deviens agressive.
Moi qui était végétarienne me retrouve à vouloir engloutir une vache entière.Délia s'accroupit devant moi et poste un miroir devant mon visage. Je relève les yeux vers mon reflet, j'ai plus l'air d'une bête sauvage retenue que d'un être humain. Mes lèvres ont perdu leur couleur, mes yeux sont cernés et mes cheveux sont emmêlés.
Elle passe une brosse dans ceux-ci, ça tire légèrement mais ça passe. Je me laisse faire tout en me mordant les lèvres jusqu'au sang. Je vois ses yeux bleus qui me toisent puis s'intéressent à mes cheveux puis de nouveau à moi.
— Je sais que c'est dur, souffle-t-elle. La pleine lune qui approche, le fait d'être retenue prisonnière, la faim... ça fait beaucoup, je comprends.
— Non, tu ne comprends pas... grommelé-je.
— Je ne suis pas née loup, alors je comprends.
Je la regarde, les paupières plissées. J'ai envie de la gifler, de la secouer, de lui dire de se réveiller et de me détacher. Je ne mérite pas qu'on me fasse ça. Dans cette histoire je suis quoi ? Un simple objet ? Un appât ? Une diversion ? Est-ce qu'ils pensent que Marius est si stupide ? Il se serait déjà montré s'il n'avait pas compris leur stratagème.
— J'en ai rien à foutre de ce que tu peux comprendre ou non, pesté-je. Vas te faire foutre. D'ailleurs, allez tous vous faire foutre ! Hurlé-je en tirant sur mes liens.
Max se tient en retrait, les bras croisés. Il me regarde sans un mot tandis que les deux chasseurs ont élu domicile sur le canapé. Ils ont retiré les draps et l'ont dépoussiéré puis s'y sont installés. Ils me regardent avec haine. Ils aimeraient me descendre mais ils ne le peuvent pas avec leur trêve stupide.
Délia arrête de brosser mes cheveux puis se redresse tout en soupirant. Je porte encore le vieux t-shirt de mon boulot, j'ai les pieds moites à force de porter mes chaussures et je rêve d'une douche, de viande, d'un bon sommeil réparateur et que cette fichue pleine lune passe !
— Ben alors ? Je t'ai vexé ? Grogné-je en levant la tête vers elle.
Puis je la penche sur le côté quand elle sonde mon regard.
— Ça te fait quoi, Délia, d'être le second choix ?
Je vois Max qui relève le menton derrière, il tente certainement de ne pas intervenir mais moi ça me fait rire.
— Tu dis tout ça tout simplement parce que la pleine lune est dans deux jours. Tu ne parviens toujours pas à te contrôler, c'est normal.
— Mais ferme la ! Tu penses être mon amie ? Une alliée ? Alors que vous me retenez prisonnière ? Mais ouvrez les yeux !
Cette fois, je regarde Max.
— Où est ton frère, hein ? Où est MARIUS ?! Votre piège tombe à l'eau, je ne suis pas si importante !
— Il est blessé et pas idiot, il ne viendrait pas te sauver en si mauvais état.
Je souris et secoue la tête tout en détournant le regard. Je sens Max qui s'approche de moi alors je recule en faisant riper les pieds de la chaise sur le parquet. Je le fusille du regard, les lèvres pincées. Il met ses mains en avant et s'accroupit pour se tenir à ma hauteur.
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Lien Lunaire
Wilkołaki[Histoire pour un public averti, contenance de langage grossier, scènes explicites et violence] (Les trois tomes se suivent sur ce livre.) Monroe est une femme terrée dans sa musique, le soir où elle décide de faire plaisir à un ami et de l'accompa...