1- Évasion

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Des bruits stridents rèveillèrent douloureusement Hélèna de son lourd sommeil. Elle était couchée par terre et tentait de faire le tri dans sa mémoire. Elle se souvenait avoir tenté de fuir en regagnant son vaisseau, mais ses articulations douloureuses l'informèrent qu'elle avait dû être arrêtée par un tir paralysant et traînée jusqu'ici. Elle ne fut donc pas surprise de voir un champ de force en ouvrant les yeux. Elle était dans une petite cellule à bord d'un croiseur interstellaire. Ce qui l'inquiéta plus encore fut de voir passer des soldats en courant au travers de la lumière bleutée du champ de force de sa cellule. Des lumières rouges clignotaient au-dessus des portes et une alarme retentissait, lui faisant bourdonner les oreilles. Elle regarda autour d'elle, mais la cellule était entièrement vide, rien ne pouvait lui permettre de sortir de là. Alors elle se contenta d'observer les gens s'agiter dehors et tenta de comprendre ce qui se passait. Ils avaient dû l'amener ici pour l'envoyer en prison à la capitale et avaient été attaqués sur la route.

Un impact toucha le vaisseau et le fit vibrer de la coque au pont, puis on entendit un sinistre grincement, elle savait ce que ce bruit signifiait : les boucliers avaient été touchés et la carcasse du vaisseau atteinte, la pression se faisait tellement forte sur un endroit du vaisseau que cette partie serait bientôt dépressurisée et condamnée du reste du bâtiment, laissant ainsi périr de nombreuses personnes présentes à cet endroit – peut-être elle. Elle avait déjà rencontrée ce genre de situation et c'est après avoir vu de nombreuses personnes mourir ainsi qu'elle avait décidé de laisser tomber toute activité pouvant la mener à un combat spatial. Son travail actuel était certes punissable par la loi mais elle ne faisait de mal à personne, enfin pas directement...

La contrebande n'était pas si risquée quand on savait ce qu'on faisait et à qui on s'adressait. D'ailleurs si elle avait suivi son premier instinct et n'avait pas fait confiance à ce traître d'Andalla, elle ne serait pas dans cette situation. Le craquement sourd de la coque sur sa gauche et la fermeture de la porte cloisonnée hermétique lui donnèrent raison. Elle entendit quelques cris étouffés venant de la pièce puis plus rien. Un vrombissement provenant de toutes les parois du vaisseau lui indiquèrent une plongée dans l'atmosphère, elle savait qu'elle avait peu de chances de s'en sortir mais que si tel était le cas, tous les champs de force seraient automatiquement désactivés suite à l'impact, donc sa prison s'ouvrirait. C'était la procédure standard lorsque le vaisseau subissait de trop gros dommages, et ce afin de ne pas laisser périr ceux qui auraient eu une chance de s'en sortir, et surtout pour ne pas les condamner à mort avant de les avoir traînés dans un procès équitable. Telle était la bureaucratie actuelle, mais pour une fois, elle ne s'en plaindrait pas.

Elle se recroquevilla donc par terre, dans l'attente du choc et serra ses genoux dans ses bras. Le premier coup ne se fit pas trop ressentir dans le quartier carcéral mais ouvrit les portes d'énergie, comme elle l'avait prédit. Cependant, un autre coup suivit, plus violent, la faisant valser jusqu'aux casiers en face, où elle se fracassa la tête. Elle ouvrit les yeux et massa son crâne endolori, puis, après un rapide examen, elle se rendit compte qu'elle avait l'arcade droite ouverte, la lèvre déchirée et l'épaules droite démise. Elle tenta de se relever mais sentie que son bras ne suivait pas, elle n'irait pas loin dans cet état, elle le savait. Elle prit donc le temps de coincer son bras dans le dossier d'une chaise renversée non loin de là et se retourna brusquement. Le remboitement de l'épaule lui valut un craquement terrible de la part de ses os, auquel elle répondit d'un formidable cri de douleur.

Elle se releva ensuite en titubant et en essayant de garder ses esprits, elle savait qu'il ne fallait pas traîner ici. Elle examina les casiers à la recherche de ses effets personnels, et retrouva sa ceinture à laquelle était accrochée un pistolaser de chaque côté et une dague, ainsi que ses couteaux de lancer. Une fois rééquipée, elle se précipita dans la pièce à droite de sa cellule, sachant très bien que l'autre avait été ravagée et était de toute manière condamnée. Au bout du couloir elle prit à droite et entra par la grande porte sur sa gauche. Elle entra dans la salle des commandes, croisant très peu de monde encore en vie, et trop occupés à pianoter sur des tableaux de contrôle fumants pour se soucier d'elle.

Dans la salle, elle repéra le chef de pont, décédé sur son ordinateur, poussa son cadavre et tapa sur le clavier, affichant la carte de vaisseau, elle aperçut aussitôt la partie endommagée de l'appareil dont les salles clignotaient en rouge, et repéra les portes extérieures se trouvant dans la partie intacte. Elle mémorisa rapidement la carte. S'apprêtant à partir, elle regarda aux alentours, choquée par l'ampleur des dégâts, le pont du vaisseau avait dû percuter le sol de plein fouet à en croire toutes les victimes ici, à dire vrai, seuls deux hommes étaient encore en vie, deux soldats en armure complète.

Les compensateurs inertiels devaient probablement avoir été endommagés avant le crash, se dit-elle, peu importe après tout, il n'en serait que plus facile pour elle de sortir. L'un des hommes présents sur le pont essayait d'extraire l'autre d'une commande renversée sur ses jambes. Alors qu'elle les regardait d'un air distraite, un bruit attira son attention plus loin, elle vit qu'une alerte automatique provenait de l'écran de l'amiral de pont. Curieuse, elle s'y dirigea et vit qu'un vaisseau se rapprochait de la planète afin de la scanner, leurs attaquants venant probablement anéantir ce qu'il restait du croiseur. Après un nouveau regard vers le soldat ayant réussi à extraire son compagnon et le soutenant, elle réfléchit deux secondes à peine et s'empara de l'intercom du vaisseau. "Avis à tous les survivants, votre amiral et son second sont morts. Le vaisseau nous ayant tiré dessus scanne la planète a la recherche de la carcasse du vaisseau, ils nous faut nous y extraire au plus vite. (Elle s'empara du localisateur de poignet du second, sachant très bien que tous les soldats avaient le même intégré à leur armure et examina la carte de l'endroit) Faites des groupes avec les survivants que vous trouverez et rendez-vous au secteur 2-8-G36, au sud du notre position. (Elle se tourna vers les deux hommes la regardant près de la sortie puis reprit le communicateur avec de lancer un : ) Bon courage." Alors qu'elle se dirigeait vers les hommes, ils se regardèrent entre eux puis, d'un signe de tête, décidèrent de la suivre, l'un (visiblement commandant à en croire son armure) soutenait l'autre qui était blessé à la jambe.

En prenant le couloir d'en face, ils virent un autre soldat penché sur son compagnon inconscient, il ne portait pas son casque et elle aurait juré avoir déjà vu son visage quelque part.  Il les interpella : « Par ici, venez m'aider, il est encore en vie ! » Elle hésita, regarda le plafond, espérant situer les avancées des recherches de l'autre vaisseau, mais rien à faire... Elle savait tout de même qu'ils avaient très peu de temps et qu'elle en avait déjà perdu assez. Alors qu'elle s'apprêtait à tourner les talons, l'autre, pris de fureur devant son hésitation cria « On n'abandonne pas les nôtres ! Je ne partirai pas sans lui. » Il se pencha alors sur son compagnon et commença à le traîner sous les bras. A cette vitesse, il ne serait jamais sorti à temps, elle le savait bien...

Tous identiques, et pourtant si différents...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant