Les soldats descendirent comme un seul homme. Seuls les frères du défunt restèrent là, à attendre la civière. Hélèna descendit elle aussi, entre Ajok et Elby. En bas de la passerelle, le commandant qui l'avait violenté plus tôt attendait, figé. Ebonn, qui marchait devant elle, se retourna.
« Bonne chance, 'Ner Vod' » Il insista grossièrement sur les derniers mots, comme pour se moquer du langage de ses frères. Mais le clin d'œil qu'il lui fit, faisant danser son énorme cicatrice à la joue, l'émut plus qu'elle n'aurait su le dire.
Elle sentit la main de Quinnan sur son épaule gauche, alors qu'il s'était rapproché par derrière.
« Re'turcye mhi, nous nous reverrons, Hél'ika. » La pression de son énorme main sur son épaule fut rassurante, cette fois-ci. Elle se surprit à penser qu'elle ne voulait pas quitter ces garçons, elle avait envie de leur faire confiance, d'apprendre à mieux les connaitre...
Mais elle n'eut rien le temps de leur dire, à peine arrivée en face du commandant autoritaire, ses compagnons s'éloignèrent sans un regard en arrière, comme si elle était déjà oubliée. Elle avait toujours su que ça se passerait comme ça. Et pourtant, elle se sentait trahie.
Elle dut suivre le commandant, qui avait abandonné l'idée des menottes mais la tenait cependant fermement par le coude de son bras non-bandé. En quelques pas elle perdit la trace des autres clones du vaisseau, noyés dans la masse de casques, armures et autres fusils d'assauts à perte de vue. Le hangar grouillait de milliers de soldats qui embarquaient, débarquaient, échangeaient des saluts, vérifiaient leur équipement,... Le vertige la prit soudain. Elle se dit que parmi eux, parmi cette masse de clones identiques en tout point de vue, elle savait que 4 d'entre eux étaient uniques. Mais elle ne put les identifier au milieu de leurs frères. Ils devaient être partis à l'infirmerie pour scan et vérification complète. Sans elle.
Elle se demandait si beaucoup d'autres étaient aussi particuliers qu'eux, ou si la majorité était aussi détestable que celui qui la poussait à travers les couloirs pour la faire tourner où bon lui semblait. Chaque boyau du vaisseau qu'elle empruntait était plein d'hommes identiques, pour la plupart casqués. Elle arriva enfin au quartier carcéral, qui, bien que loin d'être luxueux, semblait confortable à côté de la cellule dans laquelle elle s'était réveillée quelques jours plus tôt. Après un scan rétinien, on lui attribua une cellule au troisième étage. Elles s'étendaient sur plusieurs niveaux, les unes sur les autres, avec une passerelle anti-gravitée qui faisait office d'ascenseur. Elle se dit qu'il devait être impossible de sortir d'une telle prison, et fut soulagée que malgré cette organisation qui avait fait ses preuves, toutes les prisons planétaires n'étaient pas identiques. Lorsque la passerelle monta, elle fut prise de vertiges et se serra contre son ennemi, au centre du plateau. Les rambardes ne montaient qu'aux genoux et sur trois côtés seulement... Et elle avait un terrible vertige quand elle ne se sentait pas protégée par un vaisseau ou quoi que ce soit de solide sous ses pieds. Alors que les armures blanches se faisaient de plus en plus petites en bas, elle pria pour que l'antipathique commandant ne décide pas de provoquer un malencontreux accident en la poussant. Lorsqu'ils arrivèrent au niveau d'une cellule vide et qu'il en désactiva le champ de force, c'est presque avec soulagement qu'elle sauta dedans.
« Le procès aura lieu dans 13 heures, heures standards. Reposez-vous » Le champ rosâtre se referma sur l'image de l'homme déjà en train de descendre sur la plateforme. Elle essaya de calculer à quelle heure serait son procès. Mais elle constata qu'elle n'avait aucune idée du moment de la journée auquel ils avaient quittés la planète, ni de la durée de leur vol. Et puis de toute manière, dans une telle station orbitale, les journées n'avaient de sens que celui qu'on leur donnait. Parfois les lumières étaient réglées moins fortes et bleutées la nuit pour que les équipages ne se déshabituent pas à un rythme régulier. Mais elle doutait que ce soit le cas ici, les soldats clones se relayaient, et allaient et venaient à toute heure dans un flot continu. Elle les regardait par-delà la lumière rose crépitant du bouclier-porte. Elle cherchait, parmi ces têtes identiques, des tresses, des symboles sur un crâne, ou même une cicatrice sur oreille... Rien.
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Tous identiques, et pourtant si différents...
FanfictionHélèna se réveille dans un vaisseau ennemi. La contrebandière s'est faite arrêtée et se trouve dans la cellule d'un vaisseau prêt à s'écraser. Une alliance avec des soldats ennemis est envisageable pour sortir de là... Mais qu'en est-il si tous les...