27- Le soldat affranchi

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Hélèna avait 7 ans. Elle avait toujours su que son père faisait des choses illégales. Il lui faisait parfois compter les soldats dans la rue avant de revenir lui dire. Il lui avait enseigné comment modifier l'identité d'un vaisseau pour se faire enregistrer sur les manifestes de vols des spatioports. Ils 'empruntaient' souvent des vaisseaux différents, avant de les abandonner sur une autre planète, d'ailleurs. Son père disait qu'il fallait régulièrement changer, que les autorités finissaient par contourner les faux matricules.

Ils étaient sur Corellia depuis trois semaines. Elle était intelligente, elle savait que quelque chose clochait. Ils n'étaient jamais restés aussi longtemps au même endroit. Son père ne lui avait rien dit mais elle se doutait qu'il ne parvenait pas à trouver une faille au spatioport. Il lui avait dit de se cacher dans une caisse de matériel en entendant un bruit sourd à la porte du hangar où ils avaient élu domicile temporairement. Il faisait noir dans la caisse fermée, elle ne savait pas ce qui se passait dehors. Elle entendait une conversation masquée par le bruit de son sang qui martelait à ses oreilles. Tout à coup, une détonation de blaster lui fit bourdonner les tympans. Elle ne bougea pas. Elle respectait les règles de son père. Elle porta la main à sa bouche pour masquer son souffle qui s'accélérait malgré elle, et commença à compter dans ça tête. Elle se rappelait les paroles de son père « en cas de danger, cache toi bien, ne fais pas de bruit et compte jusqu'à 150 avant de sortir de ton trou. » Une larme silencieuse coula le long de sa joue alors qu'elle comptait, la main tremblante toujours posée sur sa bouche.

148, 149, 150. Elle ouvrit doucement le couvercle de la caisse et passa la tête. Personne.

Juste un corps fumant sur le sol. Son père.

En se précipitant vers le corps, le hangar bascula. Le cadavre de son père s'enflamma avant qu'elle ne l'atteigne. Elle eut soudainement très chaud. C'était maintenant une jeune femme et les murs qui l'entouraient étaient en feu. Elle se trouvait à bord de son vaisseau, le Phénix Cendré. Les flammes avançaient le long des parois, faisant grincer le plastacier. Au bout du couloir, Jakin. Il ne parvenait pas à la rejoindre, un mur de flammes s'interposait entre eux. Elle hurlait mais n'entendait pas le son de sa voix, le bruit du feu et des explosions sur la coque masquaient tout.

Les flammes léchaient le corps de Jakin. Elle essayait de le rejoindre mais son second la tenait fermement pas le bras. Jakin hurlait, son corps était en feu. Elle le vit dire « sauve-toi ! » plus qu'elle ne l'entendit. Le bruit des flammes toujours plus terrible, la chaleur toujours plus proche.

Elle pleurait, elle criait. Elle voulait sauver son bien aimé. Mais en voyant le corps calciné de Jakin tomber par terre, elle se laissa finalement tirer par le bras jusqu'à la capsule de sauvetage, comme si une partie d'elle était morte à ce moment là et qu'elle n'avait plus de volonté.

Dans le silence absolu de la capsule, tout devint noir. Elle entendait une voix qui résonnait dans le vide de l'espace. « Nous tenons à vous faire part de la récente destruction du transporteur de classe Gozanti appelé 'Phénix Gelé', par nos forces aéroportées... Et de tout l'équipage à bord lors de l'assaut »

« Noooooooooonnn » Hurla-t-elle en se relevant, en sueur. Des larmes coulaient le long de ses joues. T'ad écartait les mèches de ses cheveux couts, collés à son front.

« Chut, tout va bien, ce n'était qu'un cauchemar » souffla-t-il tendrement en essuyant ses larme du dos de sa main.

Hélèna regarda autour d'elle hébétée, elle s'était réveillée dans l'infirmerie improvisée de son vaisseau. La contrebandière essaya de reprendre contenance rapidement et de s'assoir sur son lit mais la douleur à son côté se réveilla. T'ad, qui se tenait près d'elle, assit sur le bord de sa couche, la retint alors qu'elle manqua de tomber.

« Hé, hé, doucement, udesii » Dit-il en la recouchant.

Elle avait du mal à calmer sa respiration.

« Tout va bien, tu es en sécurité » Souffla T'ad, étonnement doux.

Elle le regarda et acquiesça. Elle n'avait fait qu'un cauchemar. Elle avait l'habitude de revivre ces moments là. Rarement tous à la fois cependant. Elle sentait encore la chaleur du feu sur sa peau...

« Qui est Jakin ? » Fini par demander T'ad.

Elle évita son regard et fixa le vide

« Un fantôme » Murmura-t-elle, la voix cassée.

Elle fini par se rendre compte que le lit d'Ajok n'était plus là. Prise d'une soudaine panique, T'ad la rassura rapidement.

« Il va bien. On l'a transféré, on lui a installé une chambre dans la cabane, dehors. »

Alors qu'elle fit mine de se lever, encore rattrapée par la douleur, T'ad appela Sprinter qui lui changea son pansement de bacta, ce qui la soulagea immédiatement.

« Si tu veux vraiment sortir, c'est là dedans ! » Dit-il d'un ton sans appel en lui montrant une chaise à répulseurs.

« Sérieusement ? » Grimaça-t-elle.

« Il est hors de question que tu fasses sauter mes belles coutures, ner vod ! »

Elle regarda longuement Sprinter. Il était sérieux. Il l'avait vraiment appelé sœur.

Elle lui sourit et fit oui de la tête pour qu'il l'aide à s'installer dans la chaise. Elle avait horreur de se sentir faible comme ça ! Mais elle était en vie... Elle savait que ça n'avait pas été gagné ; qu'outre l'exfiltration catastrophique, elle avait perdue beaucoup de sang, et que sans les compétences médicales des commandos elle ne serait plus ici pour se plaindre de son état.

Elle sortie du G9 Rigger, poussée par Sprinter et fut aveuglée un instant par la luminosité. Le ciel était clair et les oiseaux chantaient. Le vaisseau était posé dans une petite clairière, au couvert des arbres.

« Hé, tu m'a rayé ma peinture ! » Se plaignit-elle en regardant le vaisseau.

« Il n'a fait qu'érafler la couche de rouille qui recouvre le tout ! » Intervint T'ad, qui les suivait.

Sprinter, sans répondre, plaça sa chaise à répulseurs face au vaisseau et s'accroupit à côté d'elle.

« Bon alors, il a effectué son premier vol, ce vaisseau. Et il est encore entier ! »

« Plus ou moins... » Murmura T'ad

« Tu sais ce que ça veut dire ? » Demanda Sprinter d'un regard complice.

C'était une tradition chez les pilotes. On ne nommait jamais un vaisseau avant son vol de baptême, ça portait malheur. Mais après, il faillait lui donner un nom rapidement !

Hélèna rendit son sourire à Sprinter.

« Je propose le 'Scurrier aikiyc', ça veut dire Scurrier désespéré » Dit T'ad qui, comme à son habitude, avait le chic pour casser les beaux moments. « ou un truc comme ça, il lui faut un nom bien ridicule qui va avec son look... Oh ! Je sais ! Le 'peur-du-vide' ! »

« La ferme ! » Dit Sprinter en se relevant et en lui assénant une tape amicale derrière la tête.

Hélèna repensa à la première fois qu'elle avait nommée un vaisseau. Le Phénix Cendré son premier vaisseau. Après sa destruction et la mort de Jakin, elle avait cessé la piraterie et s'était contentée de faire de la contrebande grâce à son nouveau vaisseau le Phénix Gelé. Elle avait maintenant l'impression que la contrebande aussi était loin derrière elle. Depuis qu'elle s'était réveillée à bord de cette cellule dans ce vaisseau qui s'écrasait... Qu'elle avait fais la connaissance des clones, qu'elle avait appris que la guerre entre la république et les séparatistes était bien plus compliqué qu'il n'y paraissait... Qu'elle avait côtoyé des déserteurs, un centre de clones, qu'elle s'était faite passé pour une jedi...

« Il s'appellera le 'Soldat affranchi' » Annonça-t-elle face au large sourire de Sprinter qui semblait approuvé le nom.

Tous identiques, et pourtant si différents...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant