6- Confidences

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Ils trouvèrent un endroit parfait pour le campement, avec le large ravin d'un côté, et des ronces d'un autre. On ne pouvait les surprendre que de deux endroits ainsi.

Après qu'Elby eut regardé son bras et constaté qu'elle s'en tirait bien, Hélèna décida de s'éloigner un peu du campement pour réfléchir. Et surtout pour se trouver un petit coin tranquille loin de tous ces soldats. Ça faisait maintenant plusieurs jours qu'elle n'avait pas fait un petit brun de toilette, aussi elle se mit en quête d'une flaque d'eau ou n'importe quoi dans le genre. Ce ne serait pas dur à trouver étant donné tout ce qui était tombé la nuit dernière et l'état marécageux de cette forêt.

Lorsqu'elle s'écarta du groupe, Ajok lui dit de ne pas trop s'éloigner. Elle se demandait s'il s'inquiétait pour sa sécurité ou s'il désirait simplement la garder à l'œil pour la remettre aux autorités dés qu'elles se pointeraient...

Elle fit une brève toilette, sans quitter des yeux ses blasters, restés à portée de main, mais ses nerfs eurent le dessus sur sa raison et elle se rhabilla très vite, après avoir entendu un craquement de branches.

À peine plus propre que lorsqu'elle était partie, elle décida de revenir tout doucement, en trainant des pieds. Elle réfléchissait encore à partir, tenter sa chance toute seule. Loin des blessés à aider. Loin des clones... et loin de la justice qui se retournerait contre elle bientôt.

La nuit tomba alors qu'elle marchait encore, réfléchissant à tout ça.

Mais elle se dirigeait vers le campement tout de même, comme si ses jambes avaient déjà pris leur décision alors que sa raison l'ignorait encore.

Elle regagna le campement et tomba nez à nez avec Ajok, coiffé de son casque, visiblement soulagé qu'elle soit revenue "Quand même !" souffla-t-il alors qu'elle lui passait à côté.

Il était de quart pour la première partie de la nuit. Il faisait des rondes autour des parties vulnérables du campement, arme au poing, tandis que les autres hommes étaient déjà allongés par terre, épuisés de cette journée.

Lorsqu'elle s'approcha, elle tomba sur Quinnan, adossé à un arbre, en retrait. Il murmurait des choses en regardant les étoiles.

« Ni su'cuyi, gar kyr'adyc, ni partayli, gar darasuum Jolhan.

Ni su'cuyi, gar kyr'adyc, ni partayli, gar darasuum Utiss »

Il s'arrêta pour voir ce qu'elle attendait debout près de lui. Elle s'assit à ses côtés. « Ça va ? » Elle connaissait la réponse, il suffisait de regarder ses yeux humides pour comprendre.

« Tous les jours j'honore mes deux frères tombés. C'est un serment de souvenir, ça veut dire "Je suis toujours vivant, mais tu es mort. Je me souviens de toi, ainsi tu es éternel." Aujourd'hui j'ai deux noms à rajouter à la liste, mes frères d'escouade qui ont péris lors du crash. »

Le cœur d'Hélèna se serra. Tant de gens autour de lui étaient morts, alors qu'il avait à peine 13 années civiles. Et il pensait à eux tous les jours. Les clones étaient nés pour mourir, mais pourtant ils étaient très attachés à la vie et à ceux qu'ils considéraient comme leur famille...

« Je peux leur rendre hommage avec toi ? »

« Ce serait un honneur » dit-il après un moment de silence en la regardant étonné. « Répète après moi "Ni su'cuyi, gar kyr'adyc, ni partayli, gar darasuum Ossy." »

Elle s'exécuta.

« "Ni su'cuyi, gar kyr'adyc, ni partayli, gar darasuum Deux." »

Elle répéta le second hommage.

Tous identiques, et pourtant si différents...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant