4- Les tarés Mandos

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Le soleil n'était pas encore levé que le commandant Ebonn réveilla tout le monde d'un coup de pied dans les jambes avant d'emballer ses affaires.

Lorsqu'Hélèna, passablement agacée, ouvrit les yeux, elle vit les hommes se redresser comme un seul homme. Elle constata qu'elle semblait la seule à avoir des courbatures à cause du sol irrégulier et dur de la grotte.

« Bon les gars, quelle était votre spécialité au sein de votre ex-bataillon ? Moi je me chargeais des explosifs et Ajok de l'artillerie lourde, mais il faut qu'on reconfigure notre escouade, s'il a besoin d'une cane pour marcher, il ne pourra pas faire joujou avec son canon. »

Comme formatés, sans hésiter, les deux autres répondirent simultanément.

« Spécialisé en explosifs également, chef » répondit Elby

« Cartes et renseignement, chef » dit Quinnan

« J'ouvrirai la marche avec mon DC, toi petite, tu pourras l'aider à marcher s'il a besoin ? » demanda t'il a Hélèna qui se demandait si elle devait être plus offusqué du « petite » ou du doute qu'il avait sur ses muscles... D'un autre côté la veille elle l'avait soulevé avec Elby et elle en avait encore mal au dos, et son épaule était à peine remise... Pour ce genre de blessure, il fallait immobiliser le bras des jours normalement ! Puis en regardant Quinnan se relever doucement en se tenant les côtes, elle se dit qu'il ne semblait pas si mal en point et qu'il n'aurait besoin que d'un maigre soutien. Elle hocha la tête.

« Quinnan, garde ton DC et donne ton pisto de poing à Ajok, qui suivra et Elby fermera la marche avec le canon lourd, tu sais te servir de ce truc Elby ? »

« Bien sûr, c'est également une de mes spécialités » ria-t-il, l'air plus que ravi en prenant l'arme des mains d'Ajok, visiblement peu enclin à lui confier son jouet préféré.

Quand ils furent prêts, Elby grimpa sur la paroi rocheuse humide avec une habilité surprenante et hissa ses compagnons.

Hélèna, qui se retrouva à gauche de Quinnan lui demanda de changer pour ne pas tirer sur son épaule récemment démise.

« Tu es sure de l'avoir correctement remise ? Ce n'est pas facile à faire soi-même, et si tu souffres encore c'est que tu ne l'a peut-être pas bien fait... Fait voir »

Elle enleva sa veste en cuir et remonta la manche de son pull gris troué pour lui montrer son épaule. La vue d'un énorme bleu qui faisait le tour du bras la fit grimacer. Alors que les autres les doublaient, il plia son bras, lui arrachant un grognement.

« Non, tu l'as bien remise visiblement, félicitation, une vrai guerrière, juste un peu trop douillette... », Se moqua-t-il avant de rejoindre à grands pas sa place au sein de la formation.

Elle ne s'était jamais sentie « douillette », et estimait même avoir fait preuve d'une résistance hors norme pour s'être remis l'épaule seule avant de partir de ce vaisseau. Et en le portant encore ! Quelle ingratitude ! En le rejoignant en trottinant, elle lui lança :

« Et toi, tu n'es pas censé avoir des côtes pétées ? Ça ne te gènes pas pour courir on dirait... »

Quinnan et les deux hommes derrière elle rirent.

« Ça tire un peu quoi, mais pas de quoi en faire une histoire » lui lança-t-il avec un clin d'œil.

Les autres derrière riaient encore, elle avait l'impression d'être en balade en forêt avec une bande de gamins chahuteurs qui se moquait d'elle, et ça l'énerva fortement.

« Tu n'as pas de côtes cassées, j'ai déjà vu ce genre de blessure, on reste des semaines au lit, c'est plus grave qu'une épaule démise, et j'ai l'air de souffrir plus que toi... » Lui lança-t-elle avec dédain.

Tous identiques, et pourtant si différents...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant