Chapitre 1

473 29 2
                                    

Nora

Je regarde depuis plus de vingt minutes le petit couple de personnes âgés entrés plutôt, essayer de choisir un poste de télévision. Nous avons la chance ou la malchance d'être le seul magasin de toute la ville à en vendre.

À Bedford, il n'y a pas beaucoup de distraction, si ce n'est : le Pub du coin ou le cinéma. L'achat d'une télévision est en général un grand bouleversement. Jusqu'à 14h, le magasin est presque désert, mais dès que la sonnerie du lycée d'en face retentit, nous sommes instantanément envahit par une horde de gens avides de voir les nouveaux objets à la mode ! Du tourne-disque, en passant par les vinyles mais aussi les appareils électroménagers... il n'y a rien que nous ne vendions pas ! Je savais qu'en revenant travailler dans le magasin de mes parents, je me ferai facilement de l'argent pour mon départ. La vie à Londres étant assez cher, je ne peux pas m'y installer sans argent de côté car je pars pour ne plus revenir. Bedford est déjà mon passé et Londres est en passe d'être mon futur.

Finalement, c'est le modèle le moins cher que le vieux couple choisi. Mon père s'occupe poliment d'eux, remplissant même les papiers nécessaire à leur place. Il ne peut pas s'en empêcher, la bienveillance étant sa seconde nature. Ma mère lève les yeux au ciel, lorsqu'elle l'entend leur promettre de livrer le téléviseur chez eux pour qu'ils n'ai pas à se déplacer. Une fois les clients partis, je sais déjà qu'il va passer un sale quart-d'heure.

— Tu ne peux vraiment pas t'en empêcher pas vrai ? Dit ma mère d'un ton réprobateur.

— De quoi ?

— Il habitent à l'autre bout de la ville ! Tu ne vas pas vraiment les livrer ? Surtout que je ne t'ai pas entendu leur parler du supplément.

— Écoute Ann... Ce sont des gens d'un certain âge et je ne veux pas qu'ils arrivent quelque chose, parce-qu'ils auraient voulu se débrouiller tous seuls. Quant au supplément, c'est pour les livraisons en dehors de la ville. Ils vivent à la limite.

— Et je suppose que tu vas aussi t'occuper de l'installation?

— Même les clients les plus hardis ont du mal à s'en sortir, alors eux... je n'ose même pas l'imaginer !

— Mitchell... Qu'est-ce-que je vais bien faire de toi ?!

— Tu vas continuer à m'aimer, comme tu le fais depuis 23 ans, je suppose. Répond-t-il naturellement.

Il l'embrasse sur la joue et retourne à ses affaires, comme-ci de rien n'était. Quant à ma mère, elle n'est déjà plus en colère et elle reprend sa comptabilité. Et ils font ça toute la journée, depuis vingt ans.... Mes parents. Mes héros.

Le lendemain

Un fin rayon de soleil s'échappe du rideau épais de la fenêtre de ma chambre. Il vient caresser mon visage, s'infiltrant entre mes paupières. C'est dimanche et je n'ai pas envie de sortir de mon lit ! Alors que je mets la couette sur ma tête pour me cacher de cette intrusion, ma mère entre en trombe dans la pièce, tirant sur le rideau, faisant entrer définitivement le jour dans ma chambre.

— Maman... mais qu'est-ce-que tu fais ! Dis-je, exaspérée. 

— Lève toi ! On va à l'église ! Me répond-t-elle, autoritaire. 

— Quoi ? Tu rêves ! Répondis-je, m'enfonçant encore plus profondément dans mon matelas.

— Il y a un nouveau vicaire à la paroisse et j'ai dit à madame Griffin que je le recevrai en son absence.

Madame Griffin gère depuis toujours le presbytère où loge les vicaires de la paroisse. Elle est chargée de les recevoir, de les loger et de leur préparer à manger. Elle est parti à Winchester il y a deux jours et ma mère, qui n'a rien trouvé de mieux que d'hérité de cette responsabilité !

The Women of the family - Tome 3 : NoraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant