Nora
C'est le début d'après-midi et Jake n'est toujours pas rentré. Julie devait venir nous rejoindre pour le déjeuner mais elle aussi nous a fait faux-bon. Je ne comprends pas ces défections en cascade. Surtout que je comptais sur cette occasion pour rattraper le coup avec ma future belle-famille.
— On dirait que la ponctualité ne soit pas le premier des commandements dans la paroisse de Bedford. Ironise Jane.
— Il doit sûrement avoir une bonne raison. Lui répond Anna. Will n'est pas du genre à être en retard. Il a dû être retenu par quelque chose. De toute façon nous avons tout notre temps, nous sommes venu ici pour passer du temps avec notre fils... et Nora. Ajoute-t-elle en me faisant un petit sourire.
Je lui sourit poliment avant de me diriger dans la cuisine. Je décroche le téléphone et essaye d'appeler le presbytère mais je n'ai pas le temps d'aller jusqu'au bout de ma démarche car la porte d'entrée s'ouvre et Jake entre dans le salon.
— Enfin ! On n'y croyait plus ! S'esclaffe Christopher.
— Où étais-tu ? On t'attend depuis une heure. Ajoute Anna.
Jake ne dit rien, il semble me chercher du regard et lorsqu'il me voit dans la cuisine, il fonce sur moi puis ferme la porte derrière lui.
— Nora... Dit-il en me prenant dans ses bras.
— Qu'est-ce-qu'il y a ? T'es parents sont...
— On s'en fout de mes parents ! Il faut que je te parle. Dit-il sérieusement.
Il semble déboussolé et inquiet à la fois. Je suis surprise par ce revirement, car depuis dimanche, il semblait s'être libéré.
— Je n'étais pas au presbytère ce matin. J'avais rendez-vous au diocèse avec Will.
— Avec Will ? L'archi-diacre a donc prit une décision?
— Oui... et j'ai démissionné. Je ne suis plus vicaire à partir d'aujourd'hui.
— Quoi ?!
Je n'ai pas le temps de le questionner sur ce qu'il vient de m'apprendre qu'Anna et Christopher entrent dans la cuisine.
— Bon Jake, on veut bien être conciliant mais arriver en retard à ton propre déjeuner et à peine nous saluer avant de t'enfermer dans la cuisine avec ta femme, il y a de quoi être agacé ! Remarque Christopher.
— Je suis désolé papa, tu as raison. Il me jette une regard troublé avant de s'adresser à nouveau à ses parents comme-ci de rien n'était. Nous allons passer à table, Nora ?
— Oui tout est prêt, on va pouvoir déjeuner. Dis-je sur le même ton monocorde.
Nous essayons tant bien que mal de lancer diverses discussions mais le coeur n'y est pas. L'ambiance reste désespérément chargée et Jake n'essaye même pas de cacher sa fébrilité. Sa grand-mère l'observe du coin de la table et je comprends qu'elle sait que quelque chose ne va pas. D'une façon étrange, cette femme au caractère bien trempé, est capable de faire preuve de beaucoup de bienveillance à toute épreuve. Lors de ce fameux déjeuner, elle a réussi à mettre les choses en perspectives.
— Vous allez nous dire ce qu'il se passe ou nous devons encore nous attendre à une autre révélation tonitruante ? Demande Jane en lâchant violemment ses couverts.
— Maman ! Mais qu'est-ce-qu'il te prend ? Réagit Christopher.
— Oh ! Ne fais pas comme-ci tu n'avais rien vu ! Ils se sont enfermés dans la cuisine avant de nous jouer la comédie du bonheur ! Tu sais que je ne suis pas née de la dernière pluie mon cher Jake, alors ? Qu'est-ce-que tu as encore fait ? Demande-t-elle à Jake.
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The Women of the family - Tome 3 : Nora
Lãng mạnÀ l'été 1973, Nora Thalis, jeune diplômée de l'Université de Cambridge, retourne chez elle, à Bedford. Femme libre et impétueuse, elle n'a qu'un but depuis ses douze ans: devenir une poète publié, mais pour cela, elle doit aller à Londres. Afin de...