The Women of the family - Tome 3 : Nora

Chapitre 7

Nora

Assise sur la table de la cuisine, je termine mon dernier poème. Il m'est venu à la suite de l'après-midi passé avec Jake. C'est étrange mais au moment où nos regards se sont croisés lui et moi, je me suis rendu compte que j'écrivais sur des choses que je n'avais pas réellement vécu. Tel que la passion, le désir, l'envie. Plus j'en apprends sur lui, plus mes certitudes à son sujet s'évaporent. Il est tellement plus que ce qu'il laisse paraitre. Peut-être, pense-t-il qu'à cause de sa position il se doit de donner l'exemple, qu'il doit être parfait ? Alors qu'il est déjà parfait pour moi...

GREEN

Au moment où tu as posé les yeux sur moi, j'ai été perdue.

Tu as su voir qui j'étais sans même me connaitre.

Vert est la teinte que j'aime le plus depuis ce jour.

Vert car c'est ainsi que sont ses yeux.

Vert est la couleur de ma vie depuis que je la voit à travers lui.

Bien que ces mots reflètent parfaitement ce que je ressens, j'ai l'impression qu'il manque encore quelque chose, que ce n'est pas complet. Malheureusement, je ne pourrais avancer davantage, car ma mère rentre dans la pièce et je comprends qu'elle ne me laissera pas réfléchir en paix.

— Alors ? Encore en train d'écrire des poésies ? Tu pourrais m'en lire une de temps en temps.

— Je ne savais pas que ça t'intéressait.

— Sache ma chère fille, que je m'intéresse à tous ce que tu fais. D'ailleurs, comment s'est passé ta soirée avec le beau pasteur ? Dit-elle en s'asseyant t'en face de moi.

— Nous y voilà, tu n'es pas là pour la poésie mais pour glaner des informations... Tu perds ton temps maman, je ne te dirais rien.

— Tu pourrais l'inviter à dîner un de ses soirs ? Après tout, si vous vous fréquenter c'est ce qu'il convient de faire ?

— Il n'en ai pas question et nous ne nous fréquentons pas. On discute juste ensemble de temps en temps.

— Discuter de temps en temps ? C'est ainsi qu'on nomme ça de nos jours ? Tu sais qu'ici les gens ont des yeux pour voir et ta petite escapade avec le révérend Wallace à éveiller une certaine curiosité.

— Tant pis pour ceux qui aiment passer leurs temps à s'occuper de la vie des autres, mais je ne t'aiderai pas à assouvir ta soif de

ragots ! Il ne se passe rien avec Jake, si ce n'est une amitié innocente.

— Oui c'est ça... innocente. Dit-t-elle avec un petit sourire agaçant.

— Bon, j'y vais.

— Tu vas où ? Demande-t-elle avec curiosité.

— Quelque part ! Dis-je en sortant de la cuisine.

Assise sur l'un des bancs de l'université de Cambridge, Julie et moi discutons depuis quelques minutes. Je l'y ai accompagnée car elle a décidée de reprendre ses études d'histoire. Lorsqu'elle est partie suivre James à Londres, elle a tout abandonnée pour lui. De ce que j'ai compris, ils se sont séparés d'un commun accord.

— Tu es sûr que c'est ce que tu veux ? Reprendre ses études après un long moment de pause, ce n'est pas facile, tu sais.

— Je sais. Je n'aurai jamais dû faire ça, partir pour un garçon ! J'aurai dû faire comme toi, vivre pour moi-même et pas pour une amourette.

— Une amourette ? Tu étais folle de James !

— C'est ce que je croyais... mais la vie commune ça change tout ! Surtout que dans cette collocation ! J'étais plus souvent prise pour la bonne, plutôt qu'un membre à part entière.