Chapitre 9

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Nora

C'est le coeur étrangement serré que je referme mon dernier sac. Il y a quelques semaines, l'unique perspective de partir pour Londres m'aurait transportée de joie ! J'aurai trépigné d'excitation toute la matinée en imaginant mon départ, mis la maison sans dessus dessous et agacée mes parents une dernière fois... mais c'était avant. Avant de le rencontrer...

Je lui ai promis que ce départ ne changerai rien pour moi et je le pensais. Une partie de moi est avec lui et je ne peux aller contre ça.

Je suis amoureuse de lui. Oui. Je suis tombée amoureuse de cet homme qui ne cesse de m'étonner à mesure que j'en apprends plus sur lui. C'est arrivé si vite, que je ne me rappelle pas du moment précis où j'ai su que je ne désirai que lui. Chaque atomes, chaque fibres de mon corps le réclame. Ce sera lui. Me souffle ma conscience. Ce sera lui et personne d'autre. De toute façon, il ne peut plus y avoir d'autres hommes, maintenant que j'ai entrevu ce que c'est que d'être dans ses bras. La seule chose qui fait que je ne m'effondre pas en larmes, c'est la perspective qu'il va m'accompagner sur le lieu de rendez-vous que j'ai pris avec les garçons. Nous pourrons au moins passer quelques minutes de plus ensemble.

J'appréhende la vie en colocation mais ayant été en contact avec Steven, James et les autres presque toute ma vie, je ne m'en fait pas. Ils sont comme des frères pour moi. Enfin, à l'exception de Steven ! Lui et moi c'est tellement loin, que j'ai même du mal à me souvenir de notre histoire tant elle parait banale en comparaison aux quelques jours passés avec Jake. Une amourette d'adolescence, voilà tout...

Je jette un dernier coup d'oeil à ma chambre. Celle qui a vu naitre tous mes désirs et espoirs puis ferme la porte derrière moi, un pincement au coeur. Alors que je descends dans la cuisine pour prendre ce qui sera mon dernier petit-déjeuner en famille, mes parents se retourne vers moi comme un seul homme et je lis sur leurs visages de la tristesse contenue. Ils ne m'ont pas dissuadés de partir mais je sais que cela les inquiètes et qu'ils auraient voulu que je reste auprès d'eux. Ma mère se lève et fait semblant de nettoyer quelques chose devant l'évier, mais je sais que c'est pour mieux cacher sa confusion.

— Alors ? Tu es prête ? Me dit mon père lorsque je m'assieds devant lui.

— Non, je ne le suis pas. Je pensais que je le serai mais on ne se prépare jamais à quitter ce que l'on aime. Dis-je en lui souriant.

— Tu peux rester ici Nora tu sais. On aime t'avoir avec nous. Dit ma mère ne se retournant. J'espère que tu ne penses pas qu'on veut ton départ...

— Je ne penserai jamais ça ! Peut-être que je reviendrai, mais je veux essayer de vivre ailleurs. Quand je suis partie à Cambridge, je n'ai pas eu l'impression que vous étiez aussi troublés ? Remarquais-je.

— C'est parce-que tu n'étais pas loin et tu revenais tous les week-ends ! Là, on a l'impression que tu va t'installer là-bas définitivement. Tes visites se feront plus rares. Arrivé à un moment, tu ne te déplaceras que pour Noël et les anniversaires... Dis mon père, laconique.

— Et encore ! Rajoute ma mère.

— Vous vous faites des idées, si vous pensez que ça va se passer comme ça.

— Ça se passera forcément comme ça ! Tu vas rencontrer de nouvelles personnes, te faire de nouveaux amis et peut-être même que tu auras honte nous à force de fréquenter des intellectuels barbants. Renchérit ma mère.

— Jamais ! Je n'aurai jamais honte de vous ! Vous êtes les êtres que j'aime le plus au monde et ici à Bedford, il y a ma maison. C'est chez moi. Alors si vous voulez que je revienne souvent, vous avez intérêt à changer d'attitude ! Accrocher un sourire sur vos visages par exemple. Je ne pars pas à la guerre, il n'y a rien d'immuable dans ce que je fais. Je suis votre fille et vous êtes mes parents. Je reviendrai toujours à vous.

The Women of the family - Tome 3 : NoraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant