Nora
Nus sous les draps, encore allongés dans notre lit, nous nous regardons Jake et moi. Bien qu'il soit encore tôt, nous n'avons pas envie de briser la chaleur de notre réveille. Doucement, Jake prend ma main et entremêle ses doigts aux miens. Les rayons du Soleil intensifient l'éclat de nos deux alliances et je prends conscience qu'à présent je suis son épouse et que lui, il est mon mari.
— Il ne faut pas avoir peur. Me dit-il calmement.
— Avoir peur ? Mais de quoi ?
— De devenir ma femme. Tu dois te dire que tu perds ton indépendance, ton originalité en m'épousant mais sache que je te veux exactement comme tu es. Notre mariage ne sera pas une cage dorée dans laquelle tu te perdras. Tu es une poète, une artiste et c'est ainsi que je te vois... et te veux.
Je suis heureuse de l'entendre me dire ces choses car je n'avais pas réellement pensé au changement de statut que me conférais mon nouveau rôle de femme de pasteur. À vrai dire, je n'avais jamais imaginé me marier aussi vite et aussi jeune mais avec Jake toutes mes certitudes se sont évanouies. Je sais que notre couple ne parait pas évident, en tout cas lorsque les habitant de Bedford le sauront, c'est certainement ce qu'ils penseront, mais je m'en fiche ! En fait, non, je ne m'en fiche pas ! Je ne veux pas lui faire honte, ni le mettre dans l'embarras, je ne veux lui inspiré que de l'amour et de l'admiration.
— Je n'ai pas peur. Dis-je dans un sursaut. Je suis même impatiente. J'ai hâte de vivre avec toi. De partager les petites choses du quotidien. En réalité, c'est une première fois pour toi et pour moi. Hormis le séminaire et le presbytère, où tu n'as été entouré que d'homologue masculin, tu n'as jamais vécu avec une femme. Finalement, j'ai un peu peur... Dis-je amusée.
— J'ai vécu avec mes cousines de Los Angeles et crois-moi, je n'en reviens toujours pas d'avoir survécu à ces deux années ! Elles étaient en pleine adolescence et l'éducation désinvolte que leur a inculqué mon oncle n'a rien fait pour les adoucir.
— Décidément, j'ai hâte de rencontrer ces cousines américaines ! La façon dont vous n'avez cesser de les dépeindre ta famille et toi, titille ma curiosité. Je suis sûr qu'on s'entendrait !
— Oh mon Dieu ! Il va falloir que j'annonce à ma famille que nous sommes marier toi et moi. Je ne suis pas pressé de faire face à leur réaction. Dit-il en prenant conscience du défis.
— Si ça peut te consoler, j'appréhende moi aussi d'en parler à mes parents. Depuis mon retour de Londres, je les ai mis plus ou moins à l'écart de ma vie, et puis il n'y pas seulement le mariage, il y a aussi ma grossesse... Nous allons devoir mettre les choses au clair rapidement car arrivé à un moment, je ne pourrai plus me cacher.
— C'est vrai, nous n'avons plus d'excuses. Ce bébé précipite les choses mais il faut voir cela comme quelque chose de bénéfique. Plus vite nous nous serons mis en règle avec notre conscience, plus vite nous pourrons préparé l'arrivée de notre enfant sereinement. Je veux pouvoir profiter de chaque seconde de ta grossesse, sans avoir à me soucier de rien d'autre !
— On a encore quelques semaines devant nous avant que mon ventre ne s'arrondisse.
— Justement, c'est peut être le moment d'annoncer les choses de la façon qui nous parait le mieux.
Je l'observe et comprends que quelque chose vient de germer dans son esprit.
— Tu viens d'avoir une idée toi. Remarquais-je intriguée.
Il me sourit et se penche vers moi pour m'embraser sur le front, avant de se glisser hors du lit.
— Habilles-toi ! On va commencer aujourd'hui. Dit-il en se dirigeant vers la commode où se trouve une partie de ses affaires.
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The Women of the family - Tome 3 : Nora
RomanceÀ l'été 1973, Nora Thalis, jeune diplômée de l'Université de Cambridge, retourne chez elle, à Bedford. Femme libre et impétueuse, elle n'a qu'un but depuis ses douze ans: devenir une poète publié, mais pour cela, elle doit aller à Londres. Afin de...